VO : Jeder stirbt für sich allein. Seul roman connu à ce jour par Le Tigre de Herr Fallada, ce sera hélas sans doute le dernier. La résistance vue de la capitale allemande, c’est unique. Ce sujet est traité avec un détachement et une objectivité journalistiques. Hélas c’est long, trop long, bien qu’intéressant, mais rien à faire. Et en plus ça semble vieillir plutôt mal.
Il était une fois…
Berlin, rue Jablonski, 1940. Sur plus de 500 pages le lecteur va suivre les pérégrinations d’une bonne demie douzaine d’habitants d’un immeuble. Tout y est représenté, le vieux couple entrant en résistance, la famille SS impitoyable, le looser en manque chronique d’argent, l’honorable juge impuissant, la vieille femme juive esseulée, etc.
Critique de Seul dans Berlin
Touchant. C’est le mot qui vient à l’esprit infécond du Tigre. Ah si, le titre. L’original (car je suis bien entendu germanophone) signifie « chacun meurt seul ». Plus parlant, car il s’agit bien de mourir dans Berlin, et seul.
Le style a un peu vieilli, mais le rendu de Berlin pendant la guerre est tout à fait convainquant. On peut avoir un peu de mal à s’habituer à tous les personnages, néanmoins ceux-ci reviennent comme une mélodie qui va mal finir. A ce titre la fin est un peu dure, surtout pour ceux contre le régime.
Faute d’autres romans (et même de films) sur ce thème, ce petit pavé constitue le passage obligatoire pour tout lecteur intéressé par la période nazie, car celle-ci est dans cette œuvre vue de tout côté : victimes, bourreaux (qui sont interchangeables), citoyens lambdas, profiteurs,… Un condensé d’Histoire, qui sans doute devrait être au programme de lecture dans les lycées.
Hélas ce livre est entaché de certains défauts que Le Tigre ne digère guère : déjà c’est assez long, et on peut se surprendre à vouloir que le rythme s’active un peu plus sérieusement. Quant au chapitrage, celui-ci est proprement dégueulasse. Ce sont près de 600 « vraies » pages, avec peu de sauts de ligne, peu de chapitres qui aèrent l’ouvrage. Du coup ça le rend potentiellement pénible, surtout quand les personnages se perdent en atermoiements et petites actions au premier abord insignifiantes.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les réactions humaines sous un régime totalitariste. Ici Hans nous amène une palette complète : la lâcheté, la fuite, l’obstination jusqu’à la mort, la prise (ou non) de risques, la veulerie, l’insondable lâcheté,…tout y est ! Et comme dénominateur commun à toutes ces émotions, la peur, celle qui naît au plus profond des gens, qu’ils soient du bon ou du mauvais côté (selon leur estimation bien sûr).
C’est aussi une belle leçon de courage qu’on prend en pleine face. Les seules personnes entrant activement, de manière tout à fait artisanale au demeurant, dans la résistance sont des parents (et leur ex belle-fille) ayant perdu leur unique enfant à cause de la guerre. A partir de là ils n’ont rien à perdre, et on peut parler de suicide plutôt que de courage. S’ensuit la question que tout lecteur, surtout Le Tigre, se pose : qui aurais-je été dans cet immeuble ? Terrible question.
Enfin, il faut souligner la difficulté à faire un roman sous différents points de vue, avec des histoires a priori indépendantes qui souvent se rejoignent. Le style assez sobre de Fallada aide certes, il n’empêche que la construction d’un mini univers composé de tant de destins différents a été assez bien appréhendée par l’auteur. Malgré les critiques ci-dessus développées.
…à rapprocher de :
– Petite biographie d’avant-guerre avec le monstre nazi détruisant (avant de reconstruire) une amitié : L’ami retrouvé, de Fred Uhlman. 100 pages indispensables.
– Primo Levi a dit grand bien de ce roman, rendons lui la politesse. Si c’est un homme, à lire et relire.
– Dans le style germanique en mode « roman one shot » révélation, pleurons ensemble sur Moi, Christiane F.,…
– Tout les deux ans, une charmante bourgade dans le Shleswig-Holstein (pas loin du Danemarque) décerne le Prix Hans Fallada. Cela peut être une base.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Ping : Fred Uhlman – L’ami retrouvé | Quand Le Tigre Lit
Je ne plussoie pas les critiques mais les thèmes si^^
Ce livre est basé sur l’histoire réelle de Otto et Elise Hampel. La gestapo, un certain commissaire plutôt, a été bien mise à mal.
A mon sens le thème du « vivre » sa vie est abordé. Je fais référence ici à toutes les questions existentielles auxquelles se confronte Otto lorsqu’il partage sa cellule avec le musicien (?).
Qui aurais-je été dans cet immeuble ? Je me la pose souvent
Je me serais bien vu à la place du vieux juge, mais étant plus jeune je m’abstiendrai de répondre à cette question.
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