VO : idem. Essai novateur et somme toute décalé, bienvenue au pays des tueurs en série. 15 histoires courtes sur des meurtriers de masse, quelques surprises mais surtout une acerbe critique de la société du spectacle qui se délecte de ces individus peu recommandables. Sympathique, sans plus.
De quoi parle 15 tueurs en série, et comment ?
Harold J., né dans les forties et une vingtaine de romans et d’essais au compteur, s’est intéressé à quelques tueurs en série. Docufictions, c’est un terme outre-atlantique pour désigner un mélange de documentaire et de fiction. Un peu à l’instar des docudramas, ce que certaines chaînes de la TNT (pour ne pas les nommer) proposent le soir en revisitant un fait divers avec des images de reconstitution de qualité fort discutable.
Dans cet essai, l’auteur propose une quinzaine d’exemples de cas extrêmes de protagonistes ayant allègrement zigouillé tout ce qui leur passait sous le nez. Parmi eux, les classiques (Manson, Unabomber) et d’autres plus surprenants. A ce titre, dédier à chapitre au Nobel de la paix Henri Kissinger, c’est certes très drôle mais too much à mon goût. Derrière tous ces exemples, c’est la propension « voyeuriste » et la surmédiatisation de ces cas qui est mise en cause.
En effet, Mister Jaffe ne s’embarrasse pas de tournures de phrases elliptiques, tout est « balancé » crument et sans réelle finesse. Le lecteur, ainsi, pourra être mal à l’aise face à une débauche de violence qu’il, paradoxalement, a envie de lire encore et toujours. Le gros plus de cette Dodufiction, c’est le style changeant de l’auteur : tour à tour narrateur omniscient, à la place du meurtrier, journaliste,… chaque chapitre apporte son exercice de style unique. 10 à 15 pages par chapitre, écrit assez gros, ça se lit plutôt vite.
Bref, la critique venant à la fin, de cet essai Le Tigre n’a gardé que peu de souvenirs, sinon la déception d’un quatrième de couverture qui promettait beaucoup, et 200 pages qui se laissent passivement lire. Dommage.
Ce que Le Tigre a retenu
La fascination de la violence. Le Tigre se demandait, « pourquoi donc garder le titre en anglais ? ». Et bien, parce que ça claque plus. Tueur en série, c’est plus vendeur que meurtrier récidiviste, ou de masse. De tels individus exceptionnels, hors normes et au comportement que le commun des mortels n’oserait imaginer, mince c’est E.T. à portée de main ! Cette agressivité extrême, qui est l’incarnation de la négation de l’autre en tant qu’individu, c’est à la limite un sujet dont les Américains sont fiers. Regardez, il n’y a que nous qui produisons de tels personnages, ça et notre tradition historique de violence, voilà les clefs pour nous comprendre, c’est un peu ce que tente de faire dire l’auteur.
Par conséquent, Harold dénonce la célébrité indue du tueur en série. Répondant à une demande forte de la part de l’audimat, les médias se portent plus volontiers sur le personnage (le héros, presque, à la façon dont on déroule son CV !) que les victimes, dont on se fout royalement. Objets de la folie d’un homme, ces pauvres personnes présentent au mauvais endroit et moment perdent de leur humanité. Comme s’il fallait encore plus souligner l’aspect « inhumain » des exactions perpétrées sur ces dernières (très journalistique, cette phrase).
Les psychopathes. L’auteur tente de se mettre à la place de certains « illustres » représentants de cette race à part, l’exercice est ambitieux et parfois cocasse. Je ne vais pas vous expliquer le fonctionnement d’un socio ou psychopathe, il y a des bouquins bien meilleurs dans ce domaine (et dans ce blog, joie !).
…à rapprocher de :
– The psychopath test, de Jon Ronson, est un peu plus « scientifique » mais tout aussi marrant dans certains chapitres.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.
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