VO : Ichi-kyū-hachi-yon. Le Tigre valide l’emballement autour de cette œuvre. Pour peu qu’on accepte d’accompagner l’auteur dans ses endroits fantastiques, on peut passer un bon moment (même si la fin est poussive). Pour des raisons pratiques je résume en un seul poste l’intégralité de la trilogie, puisque à part les synopsis mes commentaires sont les mêmes.
Il était une fois…
Résumé de 1Q84 Livre 1
Alternance binaire dans les chapitres entre deux personnages, dont les liens sont révélés au fur et à mesure. Aomamé d’une part, tueuse de qualité qui mène une vie à la fois saine et décalée, éliminant les virils nuisibles du Japon. Tengo, professeur d’Anglais romancier à ses heures perdues, avec une vie bien rangée aux côtés de sa maîtresse hebdomadaire. Ces deux personnes vont être plongées dans quelque chose de grand, qui les dépasse, où se mêlent sexe, religion, folie, violence,…
Résumé de 1Q84 Livre 2
Une suite tout aussi prenante que le 1er tome, un régal. L’aventure se poursuit, Aoname doit tuer le leader de la secte aux mœurs particulières, Tengo gérer la jeune romancière et renouer (enfin tenter) avec son père, tandis qu’on en apprend un peu plus, mais de manière toujours insuffisante, sur le pourquoi et le comment de 1Q84. La mission d’Aoname concernant le leader est très bien rendue, avec quelques révélations qui plus tard vont s’étayer goutte à goutte. Même nombre de pages, mais écrit en plus gros caractères, ça se lit donc plutôt vite.
Résumé de 1Q84 Livre 3
Dernier opus donc, avec l’introduction d’un nouveau narrateur, détective privé engagé par les Précurseurs pour retrouver Aonamé. Le père de Tengo, finalement décédé, hante les redevables à la taxe en tant que récepteur des impôts. N’attendez pas de moi que je spoile, de toute façon il n’y a rien qui est totalement divulgué à la fin.
Critique de 1Q84 Trilogie
Cela fait déjà quelques années que j’enchaîne les livres de Murakami (Ruy ou Haruki). Dès que j’ai vu le 1er tome de cette trilogie sortir, je me suis juré d’attendre d’avoir les trois dans une seule main avant de tout lire, à raison d’un tome tous les cinq jours. Mission accomplie.
Je ne comprends pas pourquoi Murakami n’a pas le prix nobel (nous sommes en 2012). Ou alors la traduction est sublime, ce qui mérite d’être rapporté. 1Q84, c’est 1984 qui part en sucette, Q pour Question, questions légitimes lorsqu’il y a deux lunes dans le ciel, un leader d’une secte qui fait n’importe quoi, une fille dyslexique qui ex nihilo raconte une histoire qui va devenir un best seller, des souvenirs de part et d’autre confus où la réalité et le quatrième mur de l’écrivain se brisent tranquillement.
Car l’auteur parvient à me faire douter du but de ce livre, dont le 1er tome ne contient aucune longueur, où tout est amené intelligemment et hop ! on est prisonnier de son monde, son délire. Les questions toujours laissées en suspens obligent à lire la suite, sans qu’on puisse imaginer une seule fois un quelconque rapport avec 1984 d’Orwell tellement Haruki est plus déjanté.
Le deuxième tome continue sur une très bonne lancée, néanmoins sur la fin on commence à fatiguer un peu malgré les rebondissements et les passages réellement poétiques (la ville des chats par exemple) du livre 2.
Hélas lors de la lecture du troisième livre je n’avais qu’une envie, que ça se termine. A 100 pages du dernier chapitre, Murakami prend son temps, rien ne presse dans son style alors qu’il est censé clôturer sa saga. Seulement sur les derniers chapitres, on sentirait presque la même volonté de l’auteur de finir ce roman que nous d’en finir, et le terme laisse un arrière goût d’inachevé.
En fin de compte avoir lu plus de 1300 pages de cet auteur n’est pas une perte de temps, même s’il faut parfois préférer certains one shots plus accessibles, surtout si on commence à lire ses ouvrages.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Fidèle à son style et ses thèmes de prédilection, c’est de la bonne fantasy que nous livre Murakami. Rien à voir avec de pauvres récits avec des elfes et autres conneries, ici le monde se dérobe discrètement mais durablement. De la fantasy à partir du monde réel, un peu à la Neil Gaiman, rien de mieux pour accrocher le lecteur.
Ce monde fantastique est léger (pas énormément de changements en fait), sans bouleversement géopolitique majeur, seulement les protagonistes (et le lecteur) pris au piège.
Le sexe, plus ou moins présent, Le Tigre était à deux doigts de rajouter le tag « érotisme » à cette saga, mais ça aurait éclipsé les autres contenus, plus prégnants. Murakami se débrouille pas trop mal pour expliquer la chose, et ne s’y attarde pas plus bien que ça occupe parfois une place centrale dans l’intrigue.
Le Japon a toujours été en proie à des sectes les plus terribles, cf. Aoum. La puissance de ces organisations, leurs actes pas toujours répréhensibles, leur culte du secret et de la personnalité, on découvre ces aspects avec une intimité toute déconcertante.
…à rapprocher de :
– Les autres ouvrages de Murakami, notamment La course au mouton sauvage (plus court et sympa) ou Les amants du Spoutnik. Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, moins fantastique, tout aussi bon.
Quant aux nouvelles, on me signale Après le tremblement de terre et L’éléphant s’évapore. Les deux recueils sont corrects, le second peut-être plus complet.
– Le Japon, un assassin professionnel, la solitude,…wait…mais oui ! Dans un mode plus « thriller », c’est la fameuse saga de Barry Eisler qui commence par La chute de John Rain.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette trilogie via Amazon : premier, deuxième et troisième livres (en format poche, contrairement au Tigre qui n’a pu attendre).
Ping : Haruki Murakami – Le Passage de la nuit | Quand Le Tigre Lit
Ah, ce troisième tome qui m’est presque tombé des mains! Ça fait bien plaisir de voir une critique qui recoupe exactement mon ressenti, à savoir qu’il état tellement parti dans son délire que pour bien finir, il aurait fallu y consacrer quelques volumes de plus. Ce qui en soit est bien dommage, car la poésie qui se dégage de l’ensemble m’appelle à le relire, d’autant que c’est le genre de livre où on se laisse enfermer avec plaisir. Mais la fin, non, la fin… Je regarde le tome un, puis le trois et non, non merci, je n’ai pas envie d’être déçue encore une fois (sachant que l’option ne pas finir n’est pas d’actualité, vu la pile de questions que transporte la trilogie). Donc tant pis. Et vraiment décevant, surtout comparé au barouf qu’à fait le livre dans les librairie: on le voyait partout!.
En effet, cette trilogie est à la littérature ce que Brigitte Bardot est au star système : jamais les derniers moments ne devraient gâcher un début si prometteur.
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Ma prochaine lecture, confortée par cette critique, merci le Tigre !
Je crois que vous êtes booké pour quelques semaines alors…
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