VO : UFO ga Kushiro ni oriru [enfin c’est la traduction de la première nouvelle, car il n’en est pas portant de doux nom de Après le tremblement de terre]. J’ai lu ce recueil avant qu’Haruki M. ne devienne la valeur sûre qu’il est aujourd’hui (billet écrit mi 2013), et ça m’a donné envie de continuer. Poésie, fantastique, tout cela est finement dosé.
Il était une fois…
Après le tremblement de terre est un recueil de nouvelles placées, comme le nom du roman l’indique, sous le sceau du tremblement de terre japonais du milieu des années 90. Sur les six textes, il est notamment question d’une femme qui découvre qu’elle n’a plus besoin de son mari, ou (pour le plus bizarre) une grenouille de taille indécente se met à taper la discute avec un « salary man » pour l’avertir du tremblement de terre à venir.
Critique d’Après le tremblement de terre
Une demi-douzaine de court textes, et quelques excellentes choses dans le lot. Pour ma part, j’ai adoré la nouvelle avec le fameux Crapaudin, je l’ai vécue comme un moment réellement sublime, sans être too much dans la fantaisie. Quant à La galette de miel, c’est une vibrante (entendez, somptueuse) allégorie sur l’amour et l’amitié qui touchera n’importe quel personne ayant un cœur. Globalement, trois représentent de très bonnes surprises, le ratio me paraît correct.
Ce qui m’a paru être le fil d’Ariane de ce recueil n’est, pour une fois, pas le fantastique qui s’immisce dans le scénario comme un pickpocket dans vos poches. Certes la fantaisie des situations confère à cet ouvrage une dimension réellement poétique qui fera que le lecteur sera vite dans l’univers de l’auteur japonais, mais c’est plutôt le rapport intime des protagonistes vis-à-vis de la catastrophe naturelle qui est mise en avant. Réactions avant ou après, mais jamais pendant (le tremblement de terre est comme spectral).
Le paradoxe de cet ouvrage est, pour conclure, le suivant : c’est un savoureux appetizer du talent de l’auteur, en sus il ne faut pas hésiter à passer à la nouvelle suivante si celle que vous lisez ne passe point. Toutefois l’immersion, même suffisante (et grâce à une traduction de bonne facture), n’est pas optimale avec un tel format. En effet, la simplicité du style de l’auteur se prête davantage aux grandes aventures de 200 pages minimum.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le fantastique et la réalité. Ce serait presque la marque de fabrique de cet écrivain si Neil Gaiman ne le faisait pas de temps à autre. Très majoritairement, une histoire « made by HM » démarre de manière banale, presque triviale (ça peut potentiellement déplaire). Et progressivement un bordel plus ou moins non crédible se met en place, et cohabite en bonne intelligence avec la réalité. Le résultat est tout onirique, presque des contes pour enfants.
Le tremblement de terre de Kobé. Haruki a écrit ce roman près de trois années après ce terrible coup sur la tête d’un peuple qui était en sus en pleine récession économique. Intelligemment, il n’évoque qu’en filigrane cet évènement en s’intéressant avant tout à ses héros. Car les répliques du tremblement de terre ont aussi lieu dans l’esprit des protagonistes, réactions diverses mais qui opèrent un « recentrage » souvent salvateur. Et ceux-ci paraissent un peu moins perdus autant dans l’immensité du pays qu’au sein de leur psyché (enfin la plupart).
…à rapprocher de :
– De Murakami, nous connaissons tous (ou presque) sa trilogie 1Q84, qui démarre sur les chapeaux de roue avant de s’écraser brutalement dans un très décevant dernier tome. Sinon, il reste La course au mouton sauvage (un de mes préférés), Les amants du Spoutnik, Le Passage de la nuit (parfait pour démarrer avec cet auteur). Entre autres…
Quant aux nouvelles, on me signale Après le tremblement de terre et L’éléphant s’évapore. Les deux recueils sont corrects, le second peut-être plus complet.
– Certaines histoires me rappellent les contes un peu barrés du père Gaiman, comme je le disais. Notamment Neverwhere, sur le mélange réalité/fantastique.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce titre en ligne ici.
Ping : Haruki Murakami – Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil | Quand Le Tigre Lit
Ping : Haruki Murakami – Le Passage de la nuit | Quand Le Tigre Lit
Ping : Haruki Murakami – L’éléphant s’évapore | Quand Le Tigre Lit
Ping : Haruki Murakami – Les amants du Spoutnik | Quand Le Tigre Lit
Tiens, un Murakami que je n’ai pas lu, je note ! En plus j’aime bien les nouvelles…
Sinon est-ce que le Tigre a lu « La fin des temps », du même auteur ? Un de mes préférés, y a même des licornes 🙂
Pas lu, et je ne pense même pas que ce soit dans ma bibliothèque ! Rappelle moi ce titre avant Noel, je saurais quoi faire ^^
Ping : Haruki Murakami – 1Q84 Trilogie | Quand Le Tigre Lit