VO : アフターダーク (ouais c’est un copier-coller, et alors ?). Dans un Japon nocturne et fantasmagorique évoluent des êtres souvent seuls, toujours paumés. Virevoltant d’un narrateur à un autre, Murakami nous régale en les liant avec la constance et la dureté qui est la sienne. Lorsque le fantastique se mêle à la poésie dans un univers mystérieux et malgré tout enchanteur, difficile de ne pas adorer.
Il était une fois…
Mari, désireuse de fuir sa famille, se fait la malle et se retrouve dans un resto un peu glauque en bordure d’autoroute. Elle y rencontrera des personnages haut en couleur, que ce soit un musicos fana de trombone ou une gérante d’un love hotel. Parallèlement, sa sœur Eri qui pionce est sujette à des manifestations assez paranormales.
Critique du Passage de la nuit
Lire un roman de Murakami procure en général un puissant kiff, et encore une fois le félin ne fut clairement pas déçu. Il y a quelque chose de profondément magique à se laisser entraîner dans un roman qui, malgré ses 200 pages toutes mouillées, donne l’impression (une fois terminé) d’être sorti d’une marquante aventure.
De minuit à six heures du matin (chapitres séparés par l’horaire), le lecteur suivra quelques personnages dont les destins se rencontreront brièvement. La vie nocturne japonaise réserve bien des surprises, et grâce à Haruki (béni soit son petit nom) le félin a été transporté dans un univers sombre (une pute chinoise qui en prend plein la gueule par exemple) mais ô combien envoûtant. Sur la demie douzaine de protagonistes, que ce soit l’étudiant musicien ou le salary man désaxé, en passant par les triades, on touche à l’essence même du noir penchant de la civilisation de l’Archipel
Tout n’est pas glauque et désespérant ceci dit, en effet le style de l’écrivain est suffisamment détaché et donne l’impression de vivre un rêve éveillé. La longue partie avec la petite en proie à ce qui ressemble un peu au Horla (avec les couleurs et l’atmosphère d’un Enter The Void) illustre parfaitement ce sentiment de ne pas vraiment être dans la réalité telle que nous la connaissons. Et c’est tant mieux.
Tout ceci pour vous dire qu’il serait salement dommage de passer à côté de cette parenthèse douce amère. Alors certes c’est loin d’être la meilleure production de l’inénarrable auteur japonais, toutefois Le Passage de la nuit reste un correct condensé de ce dont est capable Murak’. A bon entendeur.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le sujet principal, outre une violence omniprésente (les gangs chinois y mettent du leur il est vrai) et la tristesse qui entoure les héros, semble bien être l’aliénation sociale qu’ils subissent. Déjà, les scènes se passent de nuit, à des heures où en principe l’Homme est tranquillement dans son pieu. L’intimidante Tokyo, comme déshumanisée, est le trop gros réceptacle de vies brisées qui se sentent à la fois étouffées (par les conventions ou l’ordre par exemple) et écrasées par l’immensité d’une métropole qui avale leurs âmes. Cette aliénation, avec l’histoire d’Eri, prend une tournure définitivement fantastique – et permet d’accepter plus aisément la transgression entre rêve et réalité.
Le lecteur rationnel qui aime bien avoir une fin propre et nette risque de se retrouver déçu. Car il convient de faire bosser son cerveau droit (ou le gauche, merde je ne sais plus trop). Et oui, Murakami, ce petit sacripant, a rédigé différentes histoires qui en laisseront plus d’un sur sa fin. Pour ma part, si j’ai parfois regretté que rien n’est expliqué ni résolu, j’ai pu me laisser facilement transporté par des écrits où l’imagination est reine. Pour une fois qu’un écrivain nous invite à nous creuser les méninges, pourquoi se priver ? Tout coule de source – à part peut-être la partie avec Eri, j’ai bien peur de n’avoir pas su saisir la poésie du moment.
…à rapprocher de :
– De Murakami, Tigre s’est globalement régalé : Après le tremblement de terre (vouuiii) ; Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil (bandant) ; L’éléphant s’évapore (quelques bons textes) ; la trilogie 1Q84 (fin décevante) ; La course au mouton sauvage (mon préféré) ; Autoportraitde l’auteur en coureur de fond (génial), Les amants du Spoutnik (s’accrocher vaut le coup)…
– Le monde entre rêves et réalité me fait furieusement penser au bon Neil Gaiman, notamment quelques Sandman – disons Préludes et Nocturnes.
Enfin, si vous n’avez pas de librairie à proximité, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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