VO : Spūtoniku no koibito. Un roman touchant, voilà ce que c’est. Une triangulation amoureuse vouée à l’échec, un narrateur qui met du temps à sortir de son carcan, quelques amours interdites, Murakami sait être triste et prenant. Ne vous arrêtez pas au 100 premières pages (d’une discutable facture), le meilleur reste pour la fin.
Il était une fois…
[Bon, ça va faire un peu gay, mais le roman reste génial :] le narrateur, K, est amoureux de Sumire, mais ne parvient pas à lui avouer ses nobles sentiments. Bref, il est irrémédiablement bloqué dans la fameuse « Friend zone ». Quant à la belle Sumire, elle n’en peut plus de baver en voyant Miu, la quarantaine verdoyante et l’œil aguicheur. Miu est une femme. Elle est mariée. Le bordel, quoi. Si en plus Sumire se décide à disparaître en Grèce, ce benêt de K.semble bien décider à la retrouver. Quitte à se perdre (oh comme c’est joli de la part du Tigre).
Critique des Amants du Spoutnik
Si je me souviens bien, ce doit être le premier contact avec le sieur Murakami. Et quelle partie de plaisir ! Se dire que les romans qui suivent de l’auteur japonais sont bien meilleurs est à peine croyable.
Pourtant, c’était loin d’être gagné : en effet, le début des Amants du Spoutnik est passablement lent et relativement chiant, je me suis même demandé ce qu’il m’avait pris d’acheter un tel ouvrage. Puis la seconde partie est grandiose. Un Japonais tout ce qu’il y a de normal est amoureux d’une jeune fille, amoureuse elle-même d’une magnifique femme. On est alors en présence d’une relation triangulaire somme toute assez classique (rien à voir avec celle théorisée par Ricoeur) qui évolue de manière spectaculaire.
La particularité de ce roman est qu’il fonctionne (à l’instar de beaucoup d’autres) tel un diesel : démarrage très très décevant, même si les chapitres (plutôt courts) s’égrènent rapidement. Après le purin vient le divin, grâce à des passages réellement exceptionnels sur le dernier tiers. Suffisamment pour avoir envie de se procurer d’autres titres de Murakami.
Pour conclure, Murakami est bon, même dans un titre qui est loin de faire partie de son podium littéraire. Des amants impossibles, un ouvrage presque excellent, une sensibilité à fleur de pivoine, c’est généreux comme tout.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour contrarié tend à souvent revenir dans les œuvres de l’écrivain. Ici, les fameux Spoutniks sont les satellites qui ont leur propre trajectoire. Des objets d’acier dans l’espace qui sont esseulés comme jamais, ne se croisant que rarement (jamais en fait) et ce pour un laps de temps extrêmement restreint. Bref, des individus qui par la force de la nature ne resteront jamais longtemps ensemble, et, à l’instar de certains protagonistes, dont l’envie de se rapprocher n’est pas souhaitable, sinon risible. Si on ajoute les menus secrets de chacun (Miu notamment, qui en tient une correcte couche), l’horoscope amoureux de nos amis fait montre d’un alignement de planètes plus que foireux.
Enfin, le thème de la métamorphose se fait progressivement inviter. Dès que l’insaisissable Sumire se fait la belle, le héros se trouve plongé dans des péripéties tout à fait prenantes. C’est l’occasion pour revisiter son enfance, ses traumatismes (voire le déni qui en découle) avec intelligence et simplicité. D’une personnalité taciturne (pour ne pas dire borderline), K. se mue progressivement en un individu pleinement intégré dans son univers tandis que Sumire parvient à bien cacher son homosexualité envers une femme plus âgée. Hélas, lors du séjour en Grèce, tous ces antagonismes latents volent en éclat.
…à rapprocher de :
– Du bon Murakami, Tigre peut vous conseiller la trilogie 1Q84, presque le classique de l’auteur. La course au mouton sauvage est superbe. Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil aussi. Le Passage de la nuit est parfait pour découvrir l’écrivain.
Quant aux nouvelles, on me signale Après le tremblement de terre et L’éléphant s’évapore. Les deux recueils sont corrects, le second peut-être plus complet.
– Dans les essais, Haruki M. m’a ravi avec Autoportrait de l’auteur en coureur de fond.
– L’amour impossible, un autre auteur japonais, c’est La Danseuse d’Izu, de Kawabata.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pourrez trouver ce roman en ligne ici.
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