Sous-titre : Les aventures de Tintin et Milou. Parce que le sourdingue Tournesol est baladé jusqu’au fin fond de ce qui reste de l’Empire Inca, le journaliste affublé du soiffard capitaine (n’oublions pas le cabot et les Dupondt qui ne servent à rien) affrontera tous les dangers. Avec une éclipse pour couronner le tout, que demande le peuple ? Assez léger question scénar’, mais quelle aventure !
Il était une fois…
L’ami savant de nos héros est en mauvaise posture, kidnappé qu’il est à cause d’un foutu bracelet en or. Emmené en Amérique du Sud à bord du Pachacamac (pour la petite histoire, il s’agit d’un endroit au Pérou où se trouve le « vrai » Temple du Soleil), puis à dos de lama jusqu’à un endroit inconnu de la civilisation occidentale, Tryphon voit du pays. Tintin & Co sont à ses basques. Montagne, rocheuses, jungle, rien ne leur sera épargné.
Critique du Temple du Soleil
On se souvient tous du coup de l’éclipse qui sauve les miches (sur le point d’être rôties) de nos trois héros et demi – Milou ne compte pas vraiment. L’histoire, déjà passablement délirante, se transforme alors en grand n’importe nawak au cours duquel Tintin fait confiance à un reste de journal fripé au lieu de s’évader comme il l’a si souvent fait – d’ailleurs Haddock trouve la parade, mais un peu tard. Lequel capitaine, quelques jours auparavant, cavalait comme un lapin dans la neige en se transformant en gigantesque boule de neige. Hum.
Revenons à l’essence de cette BD qui reste l’aventure. Le voyage est total, le dépaysement ne l’est pas moins. Car les contrées visitées par les protagonistes sont diverses et variées, entre le froid des montagnes (l’alcool sauve le capitaine, c’est bien la première fois) et la jungle luxuriante où Tintin bute la moitié de la faune locale. Cet opus est d’autant plus complet que le lecteur sera pleinement immergé dans l’environnement local qui semble avoir été bien étudié par l’auteur.
Du point de vue du rythme, il faut convenir qu’Hergé a su trouver un correct équilibre entre des tableaux somptueux et d’autres passages nettement verbeux – disons qu’il faut cligner des yeux pour tout lire. Plus on avance dans la narration, plus les couleurs se font chatoyantes, que ce soient les atours (bien rendus) des Incas ou les milles merveilles de leur univers caché – et qui le restera, du moins si Tintin ne bave pas ses aventures dans son journal (après tout, c’est son métier).
Bref, dans la jeunesse féline cet album constituait un agréable rafraichissement qui donnait envie de se mettre en backpack pour faire un tour du monde – à mon niveau, ça consistait à vider les poubelles puis chercher les menthol et le ticket de loto de Grand-mère Tigre. Et cette histoire avec le petit Zorrino, auquel on peut si facilement s’identifier ! Un gosse ingénu et débrouillard malmené par les vilains adultes, qui par la suite sauve le héros grâce à une médaille en apparence anodine. Tellement touchant.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Hergé a mis à l’honneur deux éléments et parvient à les joindre dans une harmonie plutôt suave : d’une part, big up à la civilisation inca dans toute sa splendeur, que ce soient leurs coutumes/vêtements/bâtiments ou les savants mystères qui l’entourent. D’autre part, et accompagnant cette réussite culturelle, l’environnement naturel saura transporter le lecteur vers des sommets de félicité – j’exagère à peine : tout le monde se rappelle du blondinet utilisant un aigle royal (ou une autre saloperie volante) comme d’un parachute de fortune.
Toutefois, et sans doute cela ne devait choquer outre mesure à l’époque, les Incas (du moins leurs descendants) font montre d’une impressionnante naïveté. Sachant que les Incas du XVIème siècle se doutaient des tenants et aboutissants des éclipses, il est surprenant que, quelques siècles après, ce savoir est tombé dans l’oubli. C’est d’autant plus dommage que la peuplade semble accorder une certaine importance à la parole et à la transmission de l’expérience. En témoigne le personnage de Chiquito (qu’on découvre pour la première fois en tant que larbin du Général Alcazar) qui, malgré son incroyable difficulté à se faire discret (on le voit toutes les cinq cases), montre à nos héros que les Incas est un peuple de parole, et ce en dépit de la lourde menace qui se profile – à savoir l’avide Occident.
…à rapprocher de :
– Quelques Tintin sont à signaler sur le pétillant blog, par exemple Les Cigares du pharaon ; Le Lotus bleu ; L’île noire ou Le Sceptre d’Ottokar ; Les Sept Boules de cristal (par lesquelles il convient de commercer) ; Tintin au pays de l’or noir ; Les Bijoux de la Castafiore. Dans l’ordre s’il vous plaît.
– Si vous avez envie de rire un bon coup, je vous signale qu’un certain Belge (pas Hergé hein) a transgressé la légende de Tintin avec Tintin en Thaïlande (en lien, avec un pdf de la BD honnie).
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« cet album constituait un agréable rafraichissement qui donnait envie de se mettre en backpack pour faire un tour du monde »
Je plussoie, Tintin a vu le monde, et même s’il nous en faisait souvent une représentation très stéréotypée, il m’a clairement donné envie de voyager, à part peut-être « Vol 714 pour Sydney » 😉
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