Sous-titre : les aventures de Tintin. Dans un savant huis clos à Moulinsart, les péripéties se succèdent sans se ressembler, avec comme point d’orgue le vol d’un émeraude. Tandis que tous viennent à être suspectés, les petits quiproquos et secrets de chacun assurent le spectacle. Sûrement un des titres les plus intimistes d’Hergé qui parvient à balader le lecteur de A à Z, totale réussite.
Il était une fois…
Quadruple panique au château de Moulinsart ! (je ne parle pas des Tziganes qui établissent un campement hein). Déjà, la grasse Castafiore annonce qu’elle vient squatter quelques jours. Il n’en fallait pas plus pour que le Capitaine tente de filer ventre à terre et se casse la jambe à cause d’une marche cassée. Et d’être le spectateur impuissant des incompréhensions de la presse et d’une émission télévisuelle tournée dans le château même. Si vous rajoutez quelques vols de bijoux et l’arrivée tonitruante des Dupondt, le compte est bon.
Critique des Bijoux de la Castafiore
Tout le monde a son avis sur ce 21eme album, aussi le félin va grossier le trait du sien. Surtout qu’il s’agit d’une de mes aventures préférées, du genre à relire de temps à autre avec le même émerveillement que s’il s’agissait de la première fois (phrase-catch à l’attention de la tigresse, au cas où elle me lirait par erreur).
Commençons par les illustrations, qu’Hergé semble avoir particulièrement travaillées. Il y a en effet quelque chose de plus rassurant dans ce grand château avec des couleurs douillettes, le temps est au beau fixe et les soirées apaisantes (le tableau des Tziganes lors de leur veillée nocturne est un ravissement). De même, l’auteur insiste sur des détails qui renforcent l’immersion dans l’univers serré de l’aventure, avec quelques nouveautés dessinatoires telles que les planches avec le rendu, en vue subjective, d’images zébrées des personnages voyant flou – ou l’omniprésence de la musique.
Quant à l’histoire, il est remarquable qu’Hergé ait pu produire, en moins de cinquante pages, quelque chose d’aussi complet et sujet à d’autant de rebondissements. Rien que le premier incident avec les bijoux de la diva (certes rapidement réglé), annonce une péripétie plus grande qui, contrairement aux autres albums, arrive assez tardivement. Ce qui nous laisse le cul entre deux chaises, celles de la gravité (le vol a bel et bien eu lieu) et du running gag, à l’image du marbrier injoignable ou la liste des gens se cassant la gueule sur la noble marche (seconde héroïne à mon sens).
En conclusion, Les Bijoux de la Castafiore est une petite pépite à de nombreux aspects. Plus calme, détaché et souvent drôle, cet album permet en sus d’en savoir davantage sur certains personnages qui, sauf erreur de ma part, alignent pour la première fois plus de deux phrases d’affilée : le bon Wagner avec sa bouille d’aide-comptable ; Irma en éternelle chialeuse ; ou encore la Castafiore, héroïne de ce mini-drame et avec qui je n’aimerais guère prendre le thé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Ce qui surprend et provoque un correct plaisir sont les intrigues multiples qui s’entremêlent dans une joyeuse bouillabaisse qui n’a rien à envier aux péripéties d’un opéra-bouffe. Non seulement certaines naissent et disparaissent en très peu de temps (le joueur de piano par exemple), alors que d’autres sous-jacentes n’attendent qu’un élément déclencheur, notamment ce con de Tournesol qui confirme malgré lui une fausse histoire d’amour Haddock/Castafiore. Pour une fois, aucun objectif déterminé n’apparaît pour Tintin, lequel s’efface courtoisement face aux intervenants le temps d’une aventure qui n’en est plus vraiment une.
Les préjugés me paraissent être également au centre de l’intrigue dans la mesure où ceux développés par les personnages seront parfois partagés par le lecteur un peu crédule. Je ne dis pas que j’ai crié au voleur de poules lorsque les gens du voyage ont débarqué dans la place, toutefois [attention SPOIL] placer une pie voleuse dans le décor alors que mille autres mobiles existaient est un joli pied de nez de l’artiste. Fin du fin, ces idées préconçues sont détruites par les faux-semblants de certains (sacré Wagner), quand d’autres individus les font monter en mayonnaise jusqu’à l’apparition de savoureux quiproquos qui amènent les potins. Il convient de noter d’ailleurs la responsabilité de Jean-Loup de la Batellerie et Walter Rizotto, les deux photographes de Paris-Flash à l’origine du buzz du faux couple, qui renvoie à l’inanité des médias têtes de file du voyeurisme et de l’obtention du scoop à tout prix – quitte à s’introduire clandestinement chez autrui. Pas de mort, pas de victime, pas de méchant, mais personne n’en sort réellement grandi.
…à rapprocher de :
– D’autres aventures de Tintin sont à signaler sur le blog, par exemple Les Cigares du pharaon ; L’île noire ; Le Sceptre d’Ottokar, Le Lotus bleu ; Les Sept Boules de cristal ; Le Temple du Soleil ; Tintin au pays de l’or noir. Dans l’ordre s’il vous plaît.
– La Castafiore leader d’un groupe de punk rock quasi lesbien, c’est dans Tintin en Thaïlande (en lien, avec un pdf de la BD honnie).
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Je me méfie toujours des nouveautés mais il parait prometteur, ce petit Hergé. Le personnage de Tintin est bien trouvé aussi, peut-etre un tantinet trop anarchiste pour mon gout. Je lui prédis beaucoup de succes a cette BD, bachi-bouzouk de tonnerre de Brest!
Je crois que cet auteur n’en est pas à son premier épisode avec ce héros, je vais voir de quoi il retourne avec d’autres titres. J’espère que ceux-ci peuvent se lire indépendamment parce que c’est assez dur à trouver, je ne m’avancerai pas en vous disant qu’est assez confidentiel comme BD.
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