Sous-titre : Les Aventures de Tintin et Milou. Risque de conflit mondial, essence falsifiée qui fait péter les moteurs, itinéraire en cercle au milieu du désert, insupportable gosse qui mérite des claques, bad trip du côté des Dupondt, l’or noir attire bien des convoitises. Trop de péripéties, le tout manque hélas de profondeur – je ne parle pas de la vraisemblance du scénario.
Il était une fois…
Le moteur de la caisse des Dupondt, puis leur briquet, éclatent (tous deux chargés avec la même essence). Les autorités s’inquiétant furieusement, Tintin décide de se promener près des pétroliers, puis, grâce à un coup du hasard, de s’engager comme télégraphiste sur l’un deux. Se fait naturellement piéger (accusé de livrer des armes à un certain Bab El Ehr), et libérer par les hommes du barbu, puis prisonnier à nouveau, avant de croiser le vilain Müller et finir dans le palace de l’émir Ben Kalish Ezab. A qui certains font pression pour signer une nouvelle concession pétrolière. Notamment en kidnappant le fiston du cheik (ou émir, je ne sais plus trop)…
Critique de Tintin au pays de l’or noir
L’image de couverture est sans appel : le voyage dans un pays arabisant (je pencherai pour l’Arabie saoudite vu la taille du désert) ; le comique de répétition avec les deux flics à la ramasse entre déguisements approximatifs, médicaments foireux et sens de l’orientation de champion ; un ennemi intime du héros en fâcheuse posture ; tout ça sous l’œilleton d’une serrure orientale qui laisse songeur.
L’histoire démarre et se termine par des boums. D’une bagnole au milieu de la rue à l’aile ouest de Moulinsart, ça pétarade dans les grandes largeurs. Au milieu, un voyage périlleux au Moyen-Orient où nos héros ont un certain mal à s’acclimater à l’environnement local – des policiers au climat. Tout ça pour une banale lutte d’influence développée par une nation (on soupçonne vite les Teutons au vu du nom du commanditaire) désireuse de saloper le pétrole de ses potentiels ennemis. Jusqu’à enlever le petit Abdallah, personnage gâté pourri que tous ont adoré haïr, à défaut de le comprendre. [interlude : le jeune lecteur ne pourra arguer, auprès de ses parents, du comportement de ce petit con pour relativiser le sien dans la mesure où le papa attentif pourra décider, souverainement, d’adopter la réponse de Tintin, c’est-à-dire la fessée.]
Si le bilan emmerdes/apports du fils de l’émir est globalement négatif, il reste surprenant que le traumatisme de l’enlèvement d’Abdallah ne lui ai pas donné un peu plus de plomb dans la tête – fabuleuse jeunesse. A cause de ce petit con, le lecteur ignorera les raisons de l’arrivée du capitaine Haddock au bon moment, celui-ci étant empêché une énième fois en fumant un cigare de farces & attrapes. Sinon, il faut signaler la présence d’un comparse qui se révèlera très utile, à savoir le Senior Oliveira da Figueira, marchand d’exception apte à infiltrer Tintin au sein même de la baraque d’un antagoniste.
Applaudissements nourris enfin…en fait non : les couleurs sont plutôt fades et le félin déplore l’absence d’illustrations complètes de la ville moyen-orientale ou du désert (qui aurait mérité un tableau sur un quart de planche au moins). Sans compter que le texte occupe une place souvent trop imposante dans les cases, l’album est excessivement bavard pour ne pas dire grand chose. Pas le meilleur du journaliste aux cheveux d’or donc.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Encore une fois, cet album d’Hergé s’inscrit profondément dans l’environnement géopolitique au cours duquel il a commencé à être écrit. A la fin des années 30, un conflit est en effet en train de naître, et le fait qu’Hergé a terminé son truc au début des années 50 explique sûrement pourquoi le risque est cavalièrement écarté – à la radio se contentant d’expliquer « la situation internationale s’est nettement améliorée ». Il n’en demeure pas moins que le spectre de la guerre a des répercussions dans les aventures du héros qui lutte contre des vilains désireux de priver une partie belligérante d’un attribut essentiel.
Après les faux billets de L’île Noire, voici non pas l’or jaune, mais le noir, le second nerf de la guerre.
De façon nettement plus légère, Hergé se fait plaisir (sic) en dépeignant quelques Arabes lunatiques dont les comportements ont de beaux ressorts comiques – je ne parle pas du chiard. Ben Kalish, à ce titre, est le parfait représentant du cyclothymique qui alterne entre compassion extrême et accès de rage au cours desquels ses insultes et menaces font passer le capitaine Haddock pour une petite sucrée de carnaval. Néanmoins, à la différence du capitaine qui a su créer un bestiaire propre à son génie colérique, les autres intervenants utilisent des termes visuellement plus clairs (fils de chien galeux et autres petit-fils de chacal pelé par exemple).
…à rapprocher de :
– Quelques Tintin sont à signaler sur le pétillant blog, par exemple Les Cigares du pharaon ; Le Sceptre d’Ottokar, Le Lotus bleu ; L’Île Noire ; Les Sept Boules de cristal ; Le Temple du Soleil ; Les Bijoux de la Castafiore. Dans l’ordre s’il vous plaît.
– Si vous avez envie de vous bidonner avec un humour lourdingue sur Tintin, je vous rappelle l’existence de Tintin en Thaïlande (en lien, avec un pdf de la BD honnie).
Ping : Hergé – Les Cigares du pharaon | Quand Le Tigre Lit
Ah Tintin c est toute mon enfance !!! Les sept boules de cristal etait mon préféré !!!
je n ai jamais lu celui ci !!
C est sur celui la la polémique du racisme d’Herge ??
Non, je crois que « Tintin au Congo » a fait l’objet de la majorité des critiques en Belgique. Celui-ci n’est pas le meilleur, et le cycle des boules (avec Le Temple du Soleil) est en effet dans ma top list.
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