Sous-titre : Correspondance de Hunter S. Thompson. VO : The fear and loathing letters: The proud highway et Fear and Loathing in America. Avec près de 200 lettres de l’auteur envoyées à un peu tout le monde (de ses proches au Président des États-Unis), c’est tout le génie du journaliste gonzo, acerbe et drôle, qui s’exprime ici. Un must.
De quoi parle Gonzo Highway, et comment ?
De 1955 à 1976, H.S.T. a envoyé des dizaines et des dizaines de lettres de à l’attention de nombreuses personnes : ses employeurs du moment et autres rédac’ en chef, ses amis, ses créanciers, des politiciens plus ou moins connus, ses médecins,…Le journaliste, écrivain à ses heures, a eu l’excellente idée de consigner tous ces envois et ce pavé est le résultat de près de 30 ans de correspondances savoureuses.
Il faut évidemment garder à l’esprit que monsieur Thompson est à l’origine de ce qu’on nomme le journalisme « gonzo », avec une prise de recul très faible sur son sujet et une subjectivité parfaitement assumée. Du coup, son style « Nouveau Journalisme » s’accorde parfaitement avec le sujet de ces échanges épistolaires (fallait que Le Tigre place ce terme) qui traitent aussi bien de problèmes d’argent que de réflexions sur l’actualité.
Il en ressort des textes parfois délirants, mais qui souvent témoignent d’une fantastique acuité de cette période trouble des EUA, entre la guerre de Corée et l’arrivée de Reagan. Avec quelques perles d’humour. Par exemple, Le Tigre se remémore une missive à l’attention de Truman Capote où l’essayiste se paye franchement sa gueule (et celle de sa gouvernante) avec un début de lettre à se taper sur les cuisses.
Écriture acérée et qui va droit au but, curieusement le tout se dévore. En effet, sur plus de 600 pages le risque était de se faire royalement chier ou de se perdre face à tant de lettres. Il n’en est quasiment rien dans la mesure où ne pas terminer telle ou telle missive n’empêche aucunement de récupérer le fil plus tard. C’est le genre de livres qu’on ne peut définitivement remiser au fond de sa bibliothèque tant la tentation de lire ici et là quelques extraits est grande.
En conclusion, un ouvrage atypique avec d’édifiants exemples de ce que peut écrire un homme désespérément libre et au parcours digne d’un Bernard Tapie (si la comparaison éveille en vous un certain écho). Tellement libre qu’il a décidé de sa propre mort, en se suicidant en 2005 chez lui.
Ce que Le Tigre a retenu
L’excès et le rire. J’ai découvert cet auteur en lisant aux States Fear and Loathing in America, seconde partie du recueil. Malgré la barrière de la langue (quelques passages ne sont pas de tout repos et me donnaient l’impression de passer à côté de quelque chose) j’avais été bluffé par ce titre. Aussi lorsque je me suis procuré l’intégralité des textes (en français) ce fut un vrai régal. Rien à voir avec le vocabulaire retenu et sobre d’un quelconque pigiste, ici H.S.T. écrit avec des expressions et descriptions qui arracheront plus d’un ricanement au lecteur normalement constitué. Sans que cela atténue ou dévalorise le fond de l’œuvre.
L’Amérique des années 50 à l’ère Reagan. L’essayiste tape sur tous les excès de son pays, et c’est plus que réjouissant : hypocrisie des sixties, révolutions culturelles, gangs de motards, manœuvres politiciennes qui le mettent en rage (il paraît bien le seul), pudibonderie des décideurs (journalistes, intellectuels ou messieurs du gouvernement), chaque domaine en prend pour son grade. Hunter semble extrêmement bien placé pour décrire tous ces travers, en étant à la fois en dehors du système (indépendance totale du personnage) et dedans, comme l’illustre sa candidature au poste de shérif d’Aspen (et le bordel que cela a foutu).
…à rapprocher de :
– D’Hunter S. Thompson, vous pouvez faire un tour du côté de Rhum express ou Las Vegas parano.
– Sur le journalisme déjanté mais plus contemporain, il y a Le festival de la couille du bon Chuck Palahniuk. Pas de politique, que des cas sociaux.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver en ligne ici.
Ping : Hunter S. Thompson – Las Vegas Parano | Quand Le Tigre Lit
Ping : Hunter S. Thompson – Rhum express | Quand Le Tigre Lit
Ping : Ellis & Robertson – Transmetropolitan | Quand Le Tigre Lit
Le journalisme gonzo de Hunter S. Thompson, c’est drôle, truculent. J’aime beaucoup. J’ai lu Las Vegas Parano bien sûr, mais aussi Le festival de la couille (l’édition Folio dont la couverture m’a valu quelques regards de travers dans les transports en commun). Je ne connais pas Gonzo Highway, si j’en ai l’occasion, je le lirais bien !
Gonzo Highway n’est pas vraiment du journalisme attention. Merci de ta remarque, en plus celle-ci me donne envie de faire une nouvelle rubrique. Je commencerai par « les livres qui valent quelques regards de travers dans le métro ». J’en ai un joli paquet sous la main…
Je serai bien curieux de voir les couvertures figurant à cette nouvelle rubrique. Peut-être un album dans Pinterest ? Je trouverais ça drôle !
Je suis en pleine recherche pour la couverture unique qui peuplera cette catégorie (à l’instar des Sutras). La répétition, c’est la confiance. J’ai ma petite idée, hélas rien qui ne mérite de figurer sur Pinterest.
Ping : Chuck Palahniuk – Le festival de la couille | Quand le tigre lit