Hurwitz & Aaron & Kudranski & Pearson – La Splendeur du Pingouin

Urban Comics, 144 pages.

Hurwitz & Aaron & Kudranski & Pearson - La splendeur du PingouinVO : Penguin : Pain & Prejudice TPB [sais pas ce que ces trois derniers termes signifient]. Oswald Cobblepot, aka Le Pingouin, enfin star d’un comics ! Sa jeunesse, son ascension, ses pensées les plus intimes, ses procédés, sa petite amie même, c’est du bonheur. Couleurs un peu trop sombres hélas, sans doute à l’image du personnage.

Il était une fois…

Le Pingouin n’est pas au top, c’est le moins qu’on puisse dire. Pendant qu’il ressasse ses souvenirs d’enfance (sa haine plutôt), son empire est plus ou moins en péril. Enchainant vols de plus en plus spectaculaires (arracher les boucles d’oreilles d’une starlette en sang reste assez réjouissant), il doit cependant composer avec une rencontre sensuelle plutôt inattendue. Derrière tout cela, Bruce Wayne veille au grain (cliché, désolé).

Critique de La splendeur du Pingouin

Tigre n’a pas loupé l’occasion d’en apprendre plus sur un ennemi de Batman qu’on voit assez peu au final. Comme le rappelle l’auteur (je ne sais lequel) en préface, Oswald est le gus un peu « stable » qui fait office de plaque tournante des informations de la pègre à Gotham. Certes dérangé sur les bords, mais rien à voir avec un Bane ou un Joker puisque le Chevalier noir semble tolérer l’homme au parapluie à qui il rend quelques visites de courtoisie (enfin presque…).

Sauf que dans cet ouvrage, le Ping’ ourdit de bien sombres plans. Et rien ne paraît pouvoir se mettre au travers de son chemin, pas même la belle Cassandra que Cobblepot dragouille avec une intensité que Le Tigre ne lui soupçonnait point. Au final, et pour des raisons expliquées dans la partie suivante, Cobblepot m’a surtout inspiré de la pitié, voire de l’empathie : il renvoie à la jeunesse de chacun d’entre nous qui, au moins une fois dans sa vie, a vécu son statut de paria.

Si le scénar’ tient à peu près la route, j’ai été déçu par les illustrations. Szymon Kudransk et le coloriste John Kalisz ont eu l’air de jouer avec les ombres en offrant de saisissants portraits des protagonistes. Si je parle de ces deux artistes, c’est parce les couleurs, quand celles-ci ne sont pas blafardes, déclinent la palette des noirs. Quant aux combats, le lecteur sera encore en pleine obscurité, ne décelant quasiment pas les corps en mouvement (travail d’artiste ou de feignasse ?).

En guise de conclusion, je peux vous dire que c’est un comics extrêmement sombre, à la limite de la déprime. Le Tigre aurait sans doute souhaité avoir un bouquet final un peu plus original que l’emprisonnement (avec à la clef une libération à venir). A signaler, en fin d’ouvrage quelques planches annexes notamment une partie de Joker’s Asylum. Dessins plus lisibles avec une histoire racontée par le Joker sur Oswald, encore de l’amour qui se termine en eau de boudin, ça passe plus que bien.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La première chose qui me vient en tête, c’est « mais d’où sort ce putain de titre en VF !? ». Car de splendeur, il n’y a point : la jeunesse du anti héros est tout bonnement horrible, entre un père vite décédé de pneumonie (d’où la mère qui lui fait porter un parapluie) et une daronne possessive et surprotectrice. Le gros préjugé de la mère juive, mais en pire. Pas étonnant qu’une fois morte, Pingouin se comportera avec elle comme Norman Bates de Psychose avec la sienne : le gros de ses vols sera pour lui offrir de magnifiques bijoux, comme si on décorait une œuvre de taxidermie. En ajoutant son ingrat physique (les parents écœurés dès la naissance) sujets à de constants quolibets, on a un homme profondément meurtri.

L’amour impossible. Amour contrarié avec l’ensemble de sa famille (sauf maman évidemment), qu’il finira par méthodiquement tuer. C’est d’ailleurs un de ses tours préférés, discuter avec une petite frappe (qui lui a chié dans les bottes) en lui contant, par le menu, comment ses proches sont en ce moment dans de très sales draps. Un esthète de la torture psychologique, je vous dis !

Sentiments complexes, surtout, avec la belle aveugle qu’il a levée dans un parc à Gotham. Se pose, trivialement, les questions de la beauté intérieure, du fait de toucher pour voir (imaginez que Cobblepot est moyen chaud), et autres niaiseries qui sont finement rattrapées dans le dénouement.

…à rapprocher de :

– On retrouve Jason Aaron (et Latour) dans un comics assez sombre : Southern Bastards (Tome 1 sur le blog).

De manière générale, DC Comics assure pas mal quand ils se sortent les doigts du fondement et proposent de traiter un unique ennemi, avec peu ou prou d’intervention batmanesque. Notamment :

Joker, d’Azzarello et Bermejo. Superbe, on retrouve le bon vieux Cobblepot en sombre comptable de quatrième zone. A signaler Luthor, par les mêmes auteur/illustrateur, plus décevant.

La revanche de Bane, de Dixon et Nolan. Édifiante, et visuellement plus « gaie ».

– De manière plus surprenante, on me glisse à l’oreille que Pain & Prejudice ferait référence à Orgueil et préjugés (VO : Pride and Prejudice), de Jane Austen. Si si…comme son lourd pavé, il est question d’amour et de développement psychologique d’un individu. Circonstances aggravantes, le prénom « Cassandra » qui n’est rien d’autre que le prénom de la sœur de Jane. Le Tigre en parle avec d’autant plus d’aisance que jamais je ne lirai un tel roman.

Enfin, si votre librairie est fermé, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

7 réflexions au sujet de « Hurwitz & Aaron & Kudranski & Pearson – La Splendeur du Pingouin »

  1. Ping : Azzarello & Bermejo – Luthor | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : Aaron & Ribic – Thor, Tome 1 | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Aaron & Latour – Southern Bastards, Tome 1 | Quand Le Tigre Lit

  4. Ping : Dixon & Nolan – Batman : La revanche de Bane | Quand Le Tigre Lit

  5. TPB : regardez peut-être là http://www.acronymfinder.com/TPB.html . Parce que The Pirate Bay, c’est pas forcément bon !
    Si je vous dis en outre que Jane Austen (oui … je sais …) a écrit un bouquin intitulé Pride and Prejudice, traduit en Orgueil et Préjugés, que c’est sans doute son roman le plus connu (pas encore lu), et que sa soeur aînée et fidèle correspondante s’appelait Cassandra, est-ce que ça vous aide ?
    Bonne journée !

    • Waoww…merci Zigette, je modifie la fin du billet ! Jane Austen, Le Pingouin, qui l’aurait cru ? Sinon, TPB = Trade paperback comics, à savoir plusieurs épisodes (publiés dans un magazine) regroupés dans un grand format.

  6. Ping : Azzarello & Bermejo – Joker | Quand Le Tigre Lit

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