VO : The End of Eternity. Dégoter un petit chef d’œuvre d’Asimov qui ne dépasse pas 500 pages est à la portée de tout le monde. En voici un bel exemple, avec un roman qui aurait pu être une nouvelle. Un one-shot où nul besoin d’être familier de l’auteur, avec des problématiques universelles bien développées et invitant le lecteur curieux à de savantes pensées métaphysiques.
Il était une fois…
L’éternité est une organisation chargée de veiller au maintien de l’Humanité. Comment ? Pouvant remonter le temps, les Éternels (agents de l’éternité dont le protagoniste est un membre) font en sorte que les hommes ne se mettent pas en danger en supprimant toute situation qui peut amener à une catastrophe à terme. Par exemple en empêchant un homme d’assister à un colloque scientifique à partir duquel il aura la pétillante idée de la bombe atomique. Un de ces Éternels, Andrew Harlan, se voit adjoindre une jolie femme dont le but caché ira à l’encontre de son organisation…
Critique de La fin de l’éternité
Reconnaissons à Asimov que ses romans vieillissent plutôt bien. Celui-ci est sobre, voire un peu longuet parfois, mais scien-ti-fi-que-ment bien développé et tout s’enchaîne sans problème particulier. Pour autant que je me souvienne l’histoire d’amour développée a un peu plus mal vieillie, ce n’est pas le fort d’Isaac qui est avant tout un visionnaire de space opéra.
Or ici de space opéra il n’est rien. Seulement une fable sur l’avenir de l’humanité, où le manque d’audace de ses représentants fait de la terre un monde à terme mort. Pour le lecteur empêtré dans le cycle de fondation dont il ne voit pas la fin, se vider l’esprit sur cet ouvrage est tout à fait salutaire.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le paradoxe du voyage dans le temps finement résolu par Asimov. Car l’Éternité repose sur une invention majeure qui est la machine à remonter le temps, fruit d’un inventeur génial au cours du siècle dernier. Mais on s’aperçoit au fil des pages que cet inventeur s’est basé sur des calculs qui n’étaient pas censés exister à son époque, forcément il a dû recevoir de l’aide…de quelqu’un qui y a intérêt. Voyez le tableau ?
La structure lourde, hiérarchisée à l’extrême de l’Éternité n’est pas sans rappeler les empires décrits par Asimov où toute initiative humaine audacieuse est réprimée dans l’œuf. A l’heure de la guerre froide, l’auteur ne pouvait s’empêcher de brocarder l’URSS ?
[Attention petit SPOIL]La morale du roman est assez simple et repose sur la science et la découverte spatiale : l’Éternité, en empêchant la colonisation de l’espace, casse le développement de l’Homme qui au final se destine à être infini, et non éternel. En effet la multitude de planètes autorisera celui-ci à faire le con ailleurs et ce de manière quasi illimitée, plutôt que de rester sagement au même endroit sans prendre de risques. [Fin SPOIL] En imaginant les suites du roman, rien ne nous empêche de penser qu’il s’agit d’un prélude à la saga fondation ayant lieu quelques siècles (millénaires plutôt) plus tard.
…à rapprocher de :
– Un autre one-shot de l’auteur est Les Dieux eux-mêmes. Ai eu plus de mal hélas.
– Sur le voyage dans le temps et ses conséquences surprenantes, sans spoil, on peut se référer à Dragon déchu de Peter F. Hamilton.
– Les paradoxes temporels, et moyens d’y remédier, c’est également La Patrouille du temps, de Poul Anderson. Ou Une porte sur l’été, de Robert Heinlein (titre plus mélancolique et moins axé SF).
– Dans le style roman court par Asimov avec petite love story toute désuète, lisons ensemble Les dieux eux-mêmes.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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