[VO : Havoc (le félin vient d’apprendre que ça signifie « ravage »)]. Un géologue/agent secret, aidé d’une belle gosse à la solde d’un centre de réaction aux risques nucléaires et chimiques et d’un ancien de la seconde guerre mondiale, se doit de sauver la planète d’un risque millénaire incroyablement flippant. Du moins c’était l’idée de l’auteur. A la limite de l’indigeste, rien ne sert de finir pareille bouse.
Il était une fois…
En 1937, le dirigeable Hinderburg transportait un passager possédant un échantillon d’on-ne-sait quoi capable de changer la face du monde. Hélas pour Chester Bowie, on ne lui a pas laissé le temps de ramener sa précieuse cargaison – qu’il a au passage balancé dans le vide avant que le dirigeable ne se transforme en feu d’artifice… 70 ans plus tard, Philip Mercer, géologue américain doublé d’un agent secret, fait ses barbouzeries tranquillement en Afrique. Et fait la rencontre d’une bandante scientifique enquêtant sur un village où les habitants accusent un taux de cancer phénoménal. Le couple en devenir, au milieu d’une lutte millénaire, pourra-t-il sauver le monde ? [ouais, pas moins]
Critique de Opération Ravage
Vous me connaissez en vacances. J’entreprends d’ouvrir les portes des bibliothèques de la location afin de me faire une idée sur le propriétaire. Lequel est ici un fieffé lecteur : à part du Marc Levy ou des thrillers (la plupart en anglais), il n’y avait rien. Aussi ai-je jeté mon dévolu sur le roman au titre et à la couverture les plus putassiers, avec en prime un auteur inconnu porté sur les techno-thrillers affublés du même héros insipide.
Ce héros, c’est le docteur Mercer, un quarantenaire autant musclé qu’intelligent, un être suprême avec ses petites faiblesses, notamment une vie sentimentale brisée ou la propension à descendre des vodkas tel un Eltsine avant une conférence internationale. Heureusement pour notre géologue, dès les premières pages il croise la pétillante Cali Stowe, petite rousse aux jambes fines et dotée d’une poitrine menue mais sympathiquement mise en valeur. Malheureusement pour nous, l’auteur sort des poncifs sur l’apparence de la belle toutes les deux pages, sans compter leur relation platonique à dégueuler de la guimauve – à la 200ème page, à peine un baiser à la commissure des lèvres, à ce tarif je me suis dit qu’il fallait attendre le sixième tome pour une cravate de notaire.
L’histoire ? Hé hé. Accrochez-vous parce Jack Van den Pu…euh Du Brul nous a concocté un mélange particulier à la hauteur du titre de son ouvrage. Sociétés secrètes qui se battent depuis des siècles ; courses poursuites à la recherche de filons de plutonium ; mystérieux Alambic de Skenterbeg qu’Alexandre le Grand (puis d’autres conquérants) a utilisé pour vaincre ses ennemis ; mots codés qu’Harry, vétéran de la WWII et ami de Mercer trouve en moins de deux ; voyages en Russie/Afrique centrale/nord des States ; incompréhensibles fusillades qui dans un casino, qui dans une mine désaffectée (ah oui, sans doute le soleil accablant du sud, toutefois les descriptions de certaines scènes restent imbitables) ; bref ça part dans tous les sens.
Le style ? Le fauve a connu pire, disons qu’en faisant montre de bienveillance vous pourriez arriver à la fin sans séquelles apparentes. Mais cela reste vilainement poussif et souvent laborieux, si bien que lorsque j’ai compris en quoi consistait cette terrible menace (du plutonium, de l’uranium naturellement enrichi et prêt à péter), le bouquin fut prestement fermé. Dommage, et dire que l’intro sur le Hinderburg était la moins pire …comme une jeune femme prude qui vous allume pour mieux vous laissez en plan, la bite à l’air dans une chambre d’hôtel chèrement payée.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme vous l’avez noté, le sentiment tigresque est celui d’un insipide méli-mélo narratif. Déjà, les différents tableaux (les péripéties) sont amenés avec des transitions consistant à un débriefing dans la maisonnée de Philip Mercer, à partir d’indices aussi fins qu’une ficelle de string, laquelle se transforme en baobab narratif à peine plus prévisible qu’une blogueuse mode sous ecstasy. Et là, comme un cheveu sur la soupe, un des protagonistes se met en mode « wikipedia » et instruit ses comparses (et le pauvre lecteur que nous sommes) sur d’anciennes et vénérables institutions (les Janissaires, ouaiiiis), des notions de physique nucléaire mêlées d’évènements historiques allant des ésotériques quêtes nazies au terrorisme islamique, sans oublier l’indigence des médias faisant forcément le jeu de la terreur (oui, faut le lire pour y croire). Il ne serait pas étonnant que des esprits étroits férus de théories du complot se vautrent dans ce genre de littérature.
A toutes fins utiles, il y a un (autre) petit aspect qui m’a fait tilter : la manière quasi naturelle dont les protagonistes débarquent dans n’importe quel pays pour y apporter l’ordre. Certes ils interviennent moins souvent que les deux sociétés secrètes (dont je ne sais rien, n’étant pas allé assez loin dans le roman), mais il faut convenir que niveau ingérence c’est du très haut niveau. En moins de 48 heures, le gouvernement U.S. dépêche une équipe de gros bras (sous l’autorité naturelle de Mercer) en vue de récupérer tel ou tel artefact, ladite équipe affrontant des méchants déjà en place (ça sent le traitre). Lorsque le délai d’intervention est plus long, y’a même ce couillon de protagoniste qui se désole des lourdeurs administratives – oui, foutre le daroi chez les autres ne devrait pas consister en plus d’une feuille signée du Président des Etats-Unis.
…à rapprocher de :
– D’après ce que j’ai cru lire ici et là, ce brave Jack a semble-t-il amélioré son travail et aurait, dès 2015, accumulé quelques succès d’estime notamment avec Mirage.
– Sinon, ne comptez pas sur le félin pour vous donner, pour le moment, des titres se rapprochant peu ou prou du présent ouvrage. Je ne pensais pas dire cela un jour, mais le bon Dan Brown est à côté un écrivain hors pair (Anges & Démons ou Le Da Vinci Code, nom de Zeus…).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette chose en ligne ici.