VO : The Legion of Space. Quand on vend au Tigre un « très grand ouvrage » fondateur du space opéra (ce n’est donc pas Asimov ?), on ne peut prendre le risque de passer à côté d’une telle œuvre. Hélas c’est franchement mauvais (ça a terriblement mal vieilli). Au point de lâcher au milieu du premier tome de la trilogie. Ne jetons pas la pierre (plutôt la carrière entière) à Williamson, Le Tigre lui trouve quelques circonstances atténuantes.
Il était une fois…
Pour une fois, cela n’arrivant que rarement, Le Tigre ose un copier-coller du 4ème de couverture, pour vous vendre du rêve :
« Est-ce le crépuscule de l’humanité ? En ce triste XXXe siècle, l’homme n’a jamais été aussi près de sa propre destruction. Venues de l’espace profond, les Méduses et leur civilisation belliqueuse s’apprêtent à anéantir l’espèce humaine. Et rien ne semble pouvoir arrêter la puissance de leur technologie, sauf… Sauf Akka, une arme terrifiante dont une seule personne, la belle Aladoree, détient le secret. C’est elle que doit protéger John Star, jeune officier de la légion de l’espace. Aussi, lorsque Aladoree est kidnappée sur la planète des Méduses, lui faut-il tenter l’expédition la plus risquée qu’ait jamais entreprise un soldat. Une poignée de combattants contre tout un monde. Ils incarnent l’honneur de la légion ; et l’ultime espoir de la race des hommes… »
Critique de La légion de l’espace
Le Tigre ne recule devant rien et surtout ne laisse aucun livre sur le bord du chemin. Sauf certains où toute la meilleure volonté du monde même n’y peut rien. Ici je n’ai même pas voulu continuer, et pour me rassurer j’ai même lu en diagonale le dernier opus qui était de la même veine.
Insupportable à lire. Plus qu’ennuyeux, désagréable de suivre l’histoire qui, en plus d’être invraisemblable comme ce n’est pas permis, est digne d’une mauvaise série B. Les personnages et les intrigues sont à la limite du niais. Bref, un navet du cosmos.
Finissons sur une note optimiste. J’étais à deux doigts de faire mon premier autodafé lorsque je me suis aperçu que ce livre a été pour la première publié au début des années 30. Ce qui signifie qu’à la même époque William Faulkner écrivait quelques uns de ses meilleurs romans, qu’hélas Le Tigre a très moyennement aimés.
Il faut avant tout blâmer Gallimard, qui a décidé de rééditer cet auteur sous l’illustre (à mon sens en tout cas) collection « Folio SF ». Le connaisseur se représente une trilogie pas trop vieille et oubliée, toutefois il n’en sera rien.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Une vrai gageure, trouver des thèmes à ce truc. Essayons.
La légion de l’espace, ça ressemble surtout ici à des marines bien américains. Surentraînés, forcément sympathiques avec leurs petits travers, le genre de mecs qu’on bazarde pas très finement en terrain hostile et qui évidemment s’en sortent quoiqu’il arrive. Les personnages sont d’autant plus insupportables qu’ils sont caricaturaux : le héros, sans vraiment de défauts ; l’ami « faire-valoir », équivalent de Sam dans le Seigneur des anneaux, qui ne pense qu’à bâfrer, se plaindre et se révèle au final plein de ressources, la belle à sauver / sauter aussi, etc.
La SF n’est pas une affaire d’heureuses circonstances, mais d’époque à laquelle on en écrit. La Légion de l’espace, en son temps, devait sans doute représenter le summum de ce qui se faisait dans un genre encore sous exploité. Mais au XXIème siècle, la mayonnaise ne prend plus. Seuls quelques grands auteurs comme Bester ou Asimov voient leurs œuvres procurer à peu près le même plaisir cinquante ans après. Qu’en sera-t-il de Reynolds, Hamilton ou Simmons en l’an 2060 ?
Parce que certains génies de la SF étaient sans doute d’exceptionnels visionnaires, ils ont été capables de représenter un avenir cohérent avec des problématiques encore d’actualité (exemple de I, Robot). D’autres arrivent à exposer un message universel suffisamment fort pour faire oublier les incohérences scientifiques. Dans le cas de Williamson Le Tigre est passé à côté.
…à rapprocher de :
N’importe quel roman de fantasy…
– Blague à part, d’improbables bagarres dans le futur, c’est un peu Les Aux’ de David G. Est-ce que ça vieillira aussi mal ?
– Un autre cycle que je n’ai pu finir en SF, c’est van Vogt et son Monde des Ā.
– Le premier roman d’Heinlein, Sixième colonne, fut également difficile à terminer (écrit en 1941).
Enfin, si votre librairie est fermée et que vous tenez à découvrir cet auteur, vous pouvez trouver sa trilogie en ligne ici.
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