Sur-titre : Alix, tome 13. Il m’arrive d’exhumer de vieilles BDs, et les aventures du bandant Alix et de son petit ami Enak ont presque toujours laissé Le Tigre de glace. Ici, les héros sont invités dans la ville de Carthage où se passent des choses pas très catholiques – d’autant plus que cette religion n’existait pas à l’époque. Longuet mais instructif.
Il était une fois…
Le bel Alix, accompagné de son peu hétérosexuel Enak, sont à Carthage sur invitation des autorités locales. Toutefois, et à de nombreuses reprises, d’étranges décès ont lieu dans la cité punique (ouais, on dit comme ça). A chaque fois, une puissante lumière apparaît, souvent portée par de mystérieux individus. Que cachent les notables locaux, et quel objet magnifique peut émettre une telle radiation ?
Critique du Spectre de Carthage
Le Tigre a lu peu d’Alix, et l’univers de Martin m’est très peu connu. A l’instar d’un Blake & Mortimer, j’ai souvenir de BDs fort bien foutues mais un poil trop bavardes. Au moins, on ne pourra pas reprocher à Jacques Martin de faire patienter le lecteur. En effet, dès la première planche, l’action survient : à peine le blondinet s’est fait tirer le portrait qu’un soldat romain tombe des remparts, et nous voilà dans le bain.
Pour faire simple, l’éphèbe (il n’y a pas d’autres termes) Alix se retrouve au milieu d’un joli foutoir, entre luttes politiques et réminiscence de la grande Carthage autrefois vaincue par Rome. A force de péripéties, le lecteur sera entraîné dans une histoire qui prend, au fil des planches, une tournure fantastique : il est question d’une d’un minéral aux propriétés magiques qui est jalousement gardé par Eschôum, le gros méchant. Celui-ci se sert de la pétillante Samthô, prêtresse de Tanit (et fille de Zaïn, si ça vous intéresse), et qu’Alix aurait bien niqué si celle-ci, en voulant fuir avec notre héros, ne s’était pas connement tuée en chutant.
Bien sûr, c’est un poil plus complexe, et les comploteurs ne sont pas forcément ceux attendus.
Cet opus est assez salutaire dans la mesure où le mystère et le paranormal s’invitent naturellement dans la narration, et ce de manière crédible. Hélas, les illustrations sont très touffues et riches, j’en avais presque mal à la tête. Cela rend le déroulement des péripéties parfois difficiles à suivre, et j’avoue ne pas avoir eu la patience de bien comprendre ce qu’il se passait – le texte excessif n’aidant pas. Heureusement que l’aspect historique est bien traité et que l’histoire a une fin (alors qu’il est fait souvent référence à de précédents titres), sinon j’aurais été colère.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
J’ai honte de le dire, mais ce sont les premières pages qui m’ont le plus accroché : il s’agit d’un rappel historique des conditions de la destruction de Carthage – Carthago delenda est, en somme. Si l’histoire se passe lors de la lutte entre César et Pompée, il est expliqué qu’au milieu du 2ème siècle, lors de la troisième guerre punique (et ultime, selon les dernières informations), les Carthaginois se sont faits salement botter le fondement. Les Romains, excédés par les conflits avec cette cité, ont tout simplement décider de la détruire, pierre après pierre. Les habitants, lorsqu’ils ne furent pas tués, ont été tout bonnement réduits en esclavage. Voilà comment une guerre se terminait à l’époque : sans chichis.
Sans spoiler, la roche scintillante n’est pas de l’uranium (ça aurait pu vu les dégâts produits) mais de l’orichalque, légendaire minerai dont parle le non moins connu Platon – avec d’autres délires dans la veine de l’Atlantide. A ce stade, un parallèle peut être fait avec la science destructive, notamment le feu nucléaire dont des civilisations « rustres » ne sont pas prêtes à exploiter ce potentiel. Comme le dit Corus Maler (le gus venant de Rome chargé de l’ordre public), les Romains sont avant tout des paysans et n’ont rien à voir avec ces découvertes dont ils ne savent pas quoi faire – exemple de l’éolipyle, pourtant ancêtre de la machine à vapeur. Quelque part, la violence brute est l’apanage des civilisations bien ordonnées qui triomphent de leurs ennemis, ici une cité qui n’est pas décidée à livrer ses effroyables secrets.
Mais peut-être que j’encule trop les mouches.
…à rapprocher de :
– Dans les aventures d’Alix, Le Tigre a aussi lu Iorix le grand. Mieux, à mon très humble avis.
– Y’a pas qu’Alix dans la vie ! Faut pas oublier Lefranc, équivalent moderne de notre jeune noble. Pour l’instant, je n’ai lu que L’Opération Thor. Excellent.
– Je vais encore dire une connerie aussi grosse que moi, mais le beau-gosse affublé d’un autochtone un peu rude, c’est…mais…oui…ce blondinet de Chick Bill assisté de Petit Caniche ! Nom de Zeus, c’est un vrai complot d’homosexuels refoulés portés sur les jeunes garçons – que dis-je, des sauvages dont la moralité ne permet pas de distinguer ce qui se trame.
Ping : Martin & Chaillet – Opération Thor | Quand Le Tigre Lit
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La troisième guère punique… 🙂
Mazette, le gros touriste. Merci TB, tu es toujours là quand il faut.
Typiquement le genre de Bd que j’aime (re)lire dans des maisons de campagne le dimanche après midi, ça me rappelle mon enfance, bercée par Jaques Martin, dont pourtant, incroyable mais vrai, je n’étais pas fan … (c’est bon, je connais le chemin de la sortie), ah on m’indique dans l’oreillette qu’il ne s’agit pas du même Jaques Martin, oups !
Sinon voir Enak, Pompée, Alix, voici une vision bien gaie de la Bd!
On s’est tous dit que c’était peut-être le même Jacques. En plus, y’en a plus un de vivant pour nous rappeler la différence. Sinon, nous sommes des gentlemen, et des remarques du style « enakpompalix » n’ont pas cours sur ce blog.
Cela étant dit, il faut souligner que Samthô, la petite disposée à se prendre une cartouche par Alix, est physiquement très proche d’Enak : né aquilien, silhouette fine, couleur cuivrée, regard de labrador et noble extraction. Jacques Martin, face au cauchemar scénaristique de gérer un tel ménage à trois (trop stimulant pour lui), a pris la décision qui s’imposait : tuer la fille, inadmissible (coureuse de) rempart au bonheur de nos amis.
En résumé Alix c’est la Gaule en action dans les tréfonds de l’Empire romain …
J’ai lu plusieurs BD d’Alix et Enaq (Elniq et Alax?) et chaque fois que le bel Alix a l’occasion de se farcir de la donzelle, il est obligé de la laisser tomber pour courir sauver sa demoiselle en détresse, Enaq himself. Les autres femmes présentes sont soit des mères, soit des séductrices manipulatrices.
Bref, ces BD ont si souvent des allusions gaies qu’ont se croirait dans un pastiche. Sinon c’est dans la droite ligne d’un Spartacus de Kubrick, gaité d’un coté mais respect global de l’aspect historique et jolis dessins.