VO : A Corpse in the Koryo. Primo-lecture de James Church, auteur atypique ; Le Tigre découvre un polar qui se passe en Corée du Nord. Et il faut dire que le résultat est saisissant. Bien que les personnages soient peu travaillés et l’intrigue exagérément complexe, c’est tout un pays au sein duquel le lecteur évoluera. Même si c’est parfois traité superficiellement.
Il était une fois…
L’inspecteur O a reçu une mission toute simple. Faire le plancton en haut d’une colline en pleine campagne, attendre le passage d’une voiture et la prendre en photo. Forcément ça ne se passe pas comme prévu. Déjà l’appareil ne semble pas marcher, ensuite la berline noire roulait à vive allure et sans plaques d’immatriculation. Ça pourrait passer, sauf que l’inspecteur est nord-coréen. Et dans ce pays, lorsque les membres de l’état-major lui somment de leur dire ce qui a bien pu se passer, c’est qu’il y a un gros piège qui n’attend qu’à se refermer.
Critique d’Un mort à l’hôtel Koryo
Je préfère le dire de suite, Le Tigre féru de géopolitique a été ravi de ce roman policier qui se passe dans la dernière dictature stalinienne de ce bas monde. C’est pourquoi ça ne peut pas forcément plaire à tout le monde.
Les mauvais points d’abord : l’intrigue est, surtout au tout début, très délicate à saisir avec tous ces services coréens (police, armée, services de renseignements, …) qui se tirent entre les pattes. Quand au personnage principal, s’il est plutôt crédible et attachant, ses compatriotes qui passent dans le roman sont en revanche difficilement représentables dans l’esprit, même fécond, du lecteur.
L’histoire d’O (ne me dites pas que vous ne vous attendiez pas à une telle saillie douteuse de la part du Tigre) n’en reste pas moins étonnante : à partir d’une mission basique, les péripéties vont s’enchaîner et le héros va malgré lui mettre le doigt dans un engrenage qui dépasse son « simple » statut d’enquêteur. Au risque de rendre l’histoire invraisemblable par moment. La fin, magique, vaut largement ces presque 400 pages.
Le style, enfin est (pour un polar) plutôt fluide et l’auteur (notamment quand le héros va dans les villages montagnards éloignés) sait faire montre de poésie dans la description de ce pays.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La Corée d’honneur à l’eau Nord. Excusez la foireuse contrepèterie. Tout ça pour dire que des romans sur ce territoire qui ne sont ni des documentaires ni des essais ne courent pas les rues. Le lecteur est presque dans le pays, au moins dans les arcanes du pouvoir vus par un inspecteur tout ce qu’il y a de plus normal. Comment en arriver, pour un occidental, de penser à produire une telle œuvre ?
Cela m’amène à glisser un petit mot sur James Church. Avec un nom d’emprunt, James aurait été un Américain travaillant pour le gouvernement dans des contrées proches (sinon en plein dedans) de la Corée du Nord. Une riche expérience qui autorise à imaginer un tel polar. Roman où on sent d’ailleurs que, malgré la terrible situation de cette Corée, l’auteur a été saisi par la beauté de ses paysages.
On pourra aussi comprendre (voire pardonner) pourquoi Church excelle quand il romance les luttes entre factions politiques, les petits et grands arrangements politiques dans une dictature, tout en semblant avoir plus de mal à rendre compte de la vie réelle de ses habitants dans leur quotidien.
…à rapprocher de :
– James Church a sorti un autre roman, dont Le Tigre achètera tôt ou tard la version poche. Le monde est ainsi fait de petites missions.
– Le héros, policier, dans un pays totalitaire, il y aussi le bon Günther dans les romans de Philip Kerr. La Trilogie berlinoise ou La mort, entre autres.
– Sur la Corée du Nord, il y a Pyongyang, grandiose BD de Guy Delisle. Instructif et drôle (si cela peut se concevoir pour un tel pays).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Ping : Ducret & Hecht – Les derniers jours des dictateurs | Quand Le Tigre Lit
Bonjour,
il y a aussi un très bon livre sur Cuba-Trosky-son assassin : « L’homme qui aimait les chiens », qui nous plonge dans ces univers.
Merci pour le rapprochement, c’est noté.
Ping : David Gunn – Le faucheur | Quand Le Tigre Lit
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