VO : idem. Dans des temps reculés dans le Nord de l’Europe, une femme aux étranges pouvoirs sera sauvée d’une mort certaine. Mêlant fantasy et pornographie chic, doté de somptueux corps s’offrant aux coups de butoirs de guerriers sur-membrés, voici une belle surprise littéraire – car le scénario est plutôt bien léché.
Il était une fois…
10ème siècle après J.C. Les Vikings foutent leur habituel bordel en tuant et pillant les contrées environnantes. Le puissant Eirik Bloodoks, notamment, est connu pour ses sanglants raids. Et lorsqu’il s’introduit dans un monastère écossais dans les Highlands, il ne pensait pas y trouver la belle Brianna, attachée à poil dans une cellule prête à être tuée. Eirik se la tape (la gamine est consentante hein), et décide de l’emporter dans son Drakkar. Sauf que la frétillanteécossaise est pleine de surprises.
[Si vous êtes mineur, merci de NE PAS CLIQUER sur les images. Merci]
Critique du premier tome de Norse
James LeMay est un auteur résolument moderne. Rien que la façon dont il écrit, à savoir des épisodes sortis d’abord sur le vaste internet avant publication sur papier, mérite des applaudissements. Lesquels sont encore plus nourris lorsqu’on apprend que le mecton fait participer, en ligne, ses lecteurs à qui il demande les choses à améliorer…voire la tournure que prendra l’histoire.
Modernité également sur les illustrations, qui ont un quelque chose de terriblement attractif. Trait fin, ligne claire, couleurs franches, c’est propre et net. Tout comme les visages et allures des protagonistes, beaux en diable. Et ce n’est rien par rapport aux subtilités des différents replis des chairs intimes de nos personnages, donnant aux cases un réalisme vertigineux. A croire que LeMay a passé des heures à contempler la foufoune de sa copine pour mieux rendre compte des petites imperfections d’un clito ou d’une lèvre gorgée de plaisir – voilà que je m’égare.
Quant à l’histoire, la couverture est relativement trompeuse puisque l’apparition de ces méchantes bêtes, dans ce premier tome, reste anecdotique – mais marquante puisque ça prend la forme d’une double péné à tendance zoophile, avec décapitation et transpercement de glotte à la clé. Ces brefs passages prennent place dans une sorte de monde des rêves avec Walkyries et tutti quanti, alors que l’histoire principale est plus basique : Brianna est détenue dans un monastère écossais (un peu par sa faute, elle venait y chauffer un ex devenu moine), puis libérée par une horde de Vikings. Dont le chef, redouté dans les mers du Nord, s’entiche assez facilement.
Ramenée dans le bateau du puissant seigneur de guerre, Brianna relèvera nettement la température de l’endroit, entre plan à trois avec une guerrière noire (surprenant mais bon…la fantasy typée Xème siècle m’est assez inconnue…) et manifestations divines face à un mythique monstre. Oui, James LM pique un peu partout ses idées, et le félin avoue que c’est plus que passable. Lecture rapide et aisée, trame point compliquée, que demander de plus ? Une suite ? Bientôt.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La modernité n’est pas que dans le dessin, mais également dans la place des femmes dans l’ouvrage. Dans mon esprit étriqué, BD franchement porno = femme qui prend peu l’initiative et subit avec un relent de plaisir coupable dans la douleur (qui a parlé de Manara ? Pas moi). Sauf ici, puisque nos donzelles demandent à être sautées et excitent en premier lieu le rutilant mâle qui semble, parfois, ne rendre que service. Outre leur statut de fabuleuses guerrières, elles sont les seules à posséder des pouvoirs presque psychiques auxquels les hommes ne comprennent goutte. C’est également grâce à une de ses capacités fantastiques que l’héroïne suggère à une subordonnée d’Eirik de se joindre à leur 5 à 7 – cette dernière, au lieu de se jeter sur son boss comme la vérole sur le bas clergé, marque quand même dix secondes d’hésitation en se demandant si ça serait sage.
Puisque je vous dit que cette BD de cul est féministe.
A tout hasard, le félin évoquera la composante mystique qui habite ce récit. Il n’y a pas que des sexes de toute sorte dans Norse, mais d’inquiétantes créatures aussi bien dans les rêves que dans notre univers tangible. Certains passages éthérés parviennent à mélanger cauchemar et sexualité, en particulier lorsque Brianna rencontre la fille d’Eiirik (qui au passage lui lèche furieusement la cramouille) avant que ça ne se transforme en viol par des loup-garous.
Plus prosaïquement, il est question de l’antagonisme entre le christianisme, représenté par les moines torturant et niant la féminité, et le paganisme nordique qui apparaît tout de suite plus sympathique. L’auteur offre une pierre supplémentaire à la réhabilitation des soi-disant « barbares » vikings dont la morale et les actions sont en accord, sans hypocrisie aucune. Par exemple, Eirik qui dit tout de go qu’une femme l’attend au bercail – je ne vois guère un chevalier en croisade balancer ça à la première paysanne qu’il tronchera en passant la méditerranée. Comme pour démontrer (si besoin était) la suprématie de leurs croyances, l’intervention du dieu du tonnerre (un certain Thor) en dernière page. Avec cette brillante phrase prononcée par le Viking : « Et toi Brianna, en quoi crois-tu ce soir ? » – nul prosélytisme, juste la suggestion d’une douce remise en question.
…à rapprocher de :
Je vous avoue que question fantasy pornographique, à part les aventures de Druuna (par Paolo Eleuteri Serpieri), je ne vois pas trop de quoi vous parler.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette bande dessinée érotique en ligne ici.