« Qu’est-ce qui lui prend donc de parler d’arrangements floraux ? ». Imaginez le tableau. Des fleurs à perte de vue avec des noms en latin vite oubliés ; des descriptions dans un académique Singlish ; des senteurs inégalées qui viendront chatouiller vos délicats naseaux ; les couleurs chatoyantes prêtes à réveiller vos mirettes, etc. Oui. Vous m’avez compris : c’est l’endroit parfait pour conclure avec une Asiatique.
Let’s go to the Singapore Botanic Gardens
Il vient un moment où il faut arrêter de raconter des conneries et coucher sur papier (certes numériquement) les beaux spécimens qui peuplent la Cité-État de l’ASEAN. Sauf que je me connais, dans moins de 100 mots Le Tigre va sortir une énième bêtise plus grosse que lui. C’est pourquoi, malgré ma relative ignorance concernant la flore locale, ce billet sera parsemé de mignonnes images destinées à adoucir un texte que je suppute cynique.[on verra ce que donne le décalage image/texte]
Ce billet traitera de la grosse cinquantaine d’hectares où il m’arrivait de traîner mes guêtres. Malgré mes longs mois passés dans ce pays, je n’ai découvert que tardivement l’existence – et le fucking potentiel – du jardin botanique singapourien. Et dire que je suis même tombé dessus par erreur. Bordel à queue, je suis sûr que j’ai raté d’autres lieux incontourna…wait…mais alors…y’avait peut-être un quartier chaud dans cette ville…oh le con.
Si vous êtes un habitué des bus locaux dont je n’ai toujours pas compris les itinéraires, les abords du parc sont parsemés d’arrêts. Sinon, faites comme tout le monde (à part le taxi hein) : arrêtez vous à la station Commonwealth (sur la ligne verte) ou Orchard (ligne rouge), puis z’êtes bons pour dix minutes au moins de marche. Pour ma part, je passais par Orchard puisque je logeais à quelques minutes de la station Novena, sur la même ligne. En effet, j’étais à un jet de pierre ponce du Tan Tock Seng Hospital, ce qui était carrément pratique pour indiquer au chauffeur de taxi, entre deux rots alcoolisés post-karaoké, ma destination. Je vous évoquerai, dans un autre billet, les aventures félines avec les riants chauffeurs de l’île.
Voilà, j’ai bien failli m’égarer à nouveau. Revenons à nos tulipes.
Je dis tulipes parce qu’en dépit des nombreuses images sous ce billet, je serais bien incapable de me souvenir du tiers du centième du nom de ces plantuches. A part celle-ci, si vous regardez bien on dirait qu’un tigre y est posé en plein milieu. Du coup, je l’ai renommée en mon, for intérieur, tigris jaunisse. J’aurais pu en tomber amoureux, hélas la fleure ne sentait rien.
Pour tout vous avouer, en fait de beaux « spécimens », je ne parlais pas vraiment des géraniums. Je faisais plutôt référence à certaines résidentes de Singapour. Et, grâce à cet amas de plantes posées au petit bonheur la chance, Le Tigre a pu concrétiser plus d’une affaire romantique avec ces dames.
La drague par Le Tigre
Amener la nana levée en boîte de nuit (ou rencontrée sur Skype, au choix) au jardin (bota)nique relève d’un double constat.
Premièrement, il s’agit d’une question de réputation. L’attitude tigresque à Saint-James Power Station (pour ne citer que cet endroit) était déplorable. La faute aux filles qui me refilent les consos gratuites (cinq à mon époque) dont elle ne savait que faire. Eu égard les hygiénistes critères orientaux, on peut dire que je sortais de la boîte dans un sale état. Une fois sur deux, Miss Chang ne voulait pas m’accompagner dans le taxi. Il me fallait rétablir ma réputation auprès d’elle – et, accessoirement, celle du continent Européen et de la France dont je me fais une certaine idée.
Deuxièmement, les jeunes habitants de ce pays se comportent comme vous et moi. Ce jardin est l’équivalent de l’Arc de Triomphe ou de la Tour Eiffel pour les Parisiens : vous y êtes allés une fois à l’âge de sept ans, et puis basta. Il n’est d’ailleurs pas impossible que cette invitation éveille, chez certain(e)s, une sorte de bien-être relatif à l’heureuse période de l’enfance.
Cela étant dit, sache, cher Lecteur, que pour toi l’érotomane félin va te refiler séance tenante sa stratégie de drague. Accroche-toi, ça vaut de l’or : préparer le terrain. Tout simplement. Préalablement au rendez-vous, je venais discrétos au Jardin et recopiais sur un calepin tous les noms normalisés (pas les vernaculaires tels que « nénuphar » ou autre « rose ») des organes végétaux. Et je les apprenais par cœur. Mon carnet de notes était alors rempli de noms latins et de cours en mandarin (pour la conversation) que je m’efforçais de réciter tel un singe savant.
Et puis je proposais à ma chope d’un soir (qui me rejoignait sur Orchard Road) de se balader. « Oh, un jardin, on visite ? Je ne connais pas [hu hu] ». En moins de trente minutes, éblouie par l’étendue de mon savoir, il n’était pas exclu que Miss S’pore (vous avez saisi le jeu de mots ??) se jetât sur moi avant même qu’on soit sorti de l’espace vert. Convenez que c’est plus agréable que le sombre couloir qui mène aux chiottes des femmes au troisième étage de la discothèque – celui avec l’ambiance new-wave/electro-pop.
Mais ce n’est pas tout ! Le jardin a tout d’un wing-man. Et celui-ci assure du feu de dieu.
La nature aide la romance
Ce qu’on trouve au jardin botanique de Singapour a aidé plus d’une fois le félin dans sa noble quête de l’Asian Pussy. Je m’apprête encore à vous livrer mes techniques les plus efficaces. J’en dénombre trois qui ont causé plus d’un amidonage de string. Faut la jouer un peu finement pour ne pas effrayer la cible. Voici, par ordre croissant de classitude, ce qu’il faut gazouiller. Imaginez-moi juste balbutier ces quelques phrases en chinois (je passais vite à l’anglais) avec d’autres prénoms moins ridicules :
1/ Mignonne Cindy, allons voir si la rose, hem, ce qu’il y a par ici. Tiens, une plante carnivore. Si, regarde donc de plus prêt [là je touche son dos frémissant]. Vois comme les insectes sont pris au piège. Oh, mon dieu, que la nature est cruelle. Ne trouves-tu pas ? Écoute, cette plante me fait penser à toi. Oui. Je suis tel ce misérable moucheron irrésistiblement attiré par tes attraits. Tu es ma plante carnivore : tu vas me bouffer la b…euh, je sais que je vais le regretter par la suite. Tu vas briser mon cœur et me laisser pour mort.
à ce moment, je marchais quelques mètres vers la limite de l’enclos où vous pouvez apercevoir le grillage. Venant de nulle part, le summum de la répartie :
Voilà pourquoi, chère Cindy, ces fleurs sont placées derrière des enclos. Celles-ci sont trop dangereuses pour la faune environnante. C’est pour cela que les hommes qui ont peur des femmes les obligent à se cacher derrière un grillage. Mais je ne suis pas un Taliban, je suis prêt à perdre ma pureté et à prendre le risque de rester à tes côtés. Me promets-tu de ne pas me faire de mal ?
Règle numéro uno : inverser les rôles. De chasseur félin je suis passé en une proie tremblante prête à prendre la poudre d’escampette. On passe à la deuxième technique.
2/ Josy, ma chéry, que vois-tu ici ? Oui…c’est rouge. Mais cela ne te rappelle rien nous concernant ? Oui…le sang, tu as encore raison mon petit pétale sucré. Étudie plus attentivement les replis de la fleur. N’as-tu pas l’impression qu’elle s’offre et permet, à celui qui saura oser, de cueillir son fruit ? Ces graines, couleur de chair, n’appellent-elles pas à la dégustation pour en tirer la cypri..hem, l’enchanteur suc vital ? Regarde, il y a en a cinq. Exactement le nombre d’orgasmes que je te promets ce soir.
Bon, je n’ai pas osé me survendre avec la dernière phrase. Mais visez-moi ces plantes. Les sâââloooopes, elles le font exprès ce n’est pas possible. Même le gros Bouddha, selon la légende, aurait tenté de mettre son zizi dedans. Il a eu quelques soucis, disons qu’il y avait plus de ricine que de cyprine là où sa queue a trempé. Il a du la perdre d’ailleurs, ses seins ont poussé depuis. Concernant Josy, elle était un peu neu-neu et n’avait guère saisi la clitoridienne allusion. Pas grave, je passais à la vitesse supérieure.
Oh, comme c’est amusant. Remarque cette mignonne émergence à la surface de l’eau. Non putain, pas les grosses fleurs roses espèce de pouf…pardon Josy, je parlais de cette légère turgescence qui affleure au dessus des flots. Contemple avec moi. Apprécie. Succombe. Aime. C’est l’affleurement de l’amour, du sens de l’existence même. Car il s’agit de l’érection d’un nouveau monde plein de promesses d’où de petits têtards plein de vie jailliront tel le sang du dragon terrassé par l’épée flamboyante de l’Archange Lee Kong Chian. Ça me rappelle quand je prends mon bain. Aimes-tu les films de gladiateurs ?
J’ai bien peur d’avoir perdu Josy en route. Elle n’en valait pas la peine de toute façon, ses genoux khâgneux et son teint hâlé trahissaient une paysanne extraction consistant, sur cinq siècles de génération, à cultiver du riz. La dernière technique est celle du B.B., à savoir l’astuce du « bourdon butineur' » C’est du très très gros bonus si vous tomber dessus. Mieux que faire un strike sans lancer la boule.
Sophita, mon enfant, entend avec moi ce bourdonnement. D’où peut-il provenir ? [si elle répond « de ton cœur », ça se présente bien]. Menons notre enquête. Ne serait-ce pas…si…par là…oui…un majestueux bourdon. Admire comme il tente, désespérément, de s’approcher de la belle. Penses-tu qu’il y parviendra ? Non, ne dis rien, tentons de le découvrir par nous même.
A ce stade de la conversation, la nana doit être sévèrement rompue à mes sensuelles allusions. Normalement, le bourdon devrait, pendant une dizaine de secondes, visiter le vagin métaphoré de ma chère Sophita. Elle intégrera, inconsciemment, ce qu’il va advenir après le déjeuner romantique que je lui prépare. Ce sera alors le moment de découvrir si sa voix suave et grave n’est pas du à une erreur d’appréciation de genre de ma part.
Oh, le coquin, il n’y va pas par quatre chemins. Quelle audace, mais quelle finesse également. Étudie comme il prend son temps et tâtonne le terrain. Il ne veut pas brusquer les choses et s’emploie à faire connaissance avec sa compagne du moment. Car il subodore que, s’il veut revenir à l’odorante source, il conviendra de lui laisser un impérissable souvenir. Tout n’est que complicité et amour. Il est moi. Je suis lui.
Je reconnais qu’à ce stade mon vocabulaire perd de sa superbe. Ça fait deux heures que je la travaille et la fatigue nerveuse se fait sentir. Merde, tu vas te décider à pénétrer la fleur à fond espèce de petit connard de bourdon de mes deux ? J’aimerais aérer popaul ce soir, alors fait un effort et enfonce ta grande gueule jusqu’à la garde.
Oui, nous y sommes ma pétillante Sophita. La fleur a accepté la délicate intrusion de son nouveau petit ami. Car elle sait, au fond d’elle même, qu’elle ne pourra s’épanouir que de cette manière. Sais-tu qu’Einstein disait que, si les abeilles disparaissaient, l’espèce humaine ne tiendrait pas plus de dix ans ? [là, prions pour que Sophita ne sorte pas son smartphone pour vérifier et se rendre compte de mon insondable bêtise] Faisons comme eux. Butinons dans l’allégresse et l’insouciance.
Pour terminer, discrète vérification de la date de péremption des capotes.
Conclusion du PowerTigerLover
Je sais que vous avez remarqué, tout de suite, où je voulais en venir. C’est d’une confondante évidence : le modus operandi du Tigre s’inspire de la lettre de motivation pour chercher un emploi. En premier lieu je parle de la cible et l’associe à une fleur. Puis je tente d’évoquer les organes génitaux, notamment mon vît dont je minimise la violence. Enfin, j’établis mon projet en amenant le « nous » dans la conversation, à savoir une partie de mon corps dans la sienne. Pourquoi ainsi inverser la lettre de motiv’ ? Parce que le but n’est pas de se faire prendre par l’entreprise, mais bien la prendre dans tous les sens de la rose des vents.
Le problème, quand on parvient à rouler un patin à sa nouvelle amie, est qu’on finit par repartir sur une grosse béquille. La conséquence est que je prends des photos de traviole tellement je tortille du popotin pour ne pas montrer l’hommage chapiteauté qui se trame en son honneur.
Si vous avez des commentaires sur ma manière de pécho de l’Asiate, n’hésitez pas à les garder pour vous. Car pour ce genre de billets j’attends des remarques d’un érotisme digne des années 70. De la référence coquine, quelques remarques délicieusement surannées, et pas de gonzo du type asian-babe-fucked-in-da-wood.
Je terminerai sur une mise en garde d’une particulière importance. Souvenez-vous bien de l’aspect et de la couleur cette fleur. Enregistré ? Sûr ? Parfait. Ne parlez JAMAIS de cet être végétal à votre copine, c’est un abominable tue-l’amour. Voici une variété d’orchidée propre au continent asiatique et extrêmement dangereuse pour la libido : son nom scientifique est Dentrobium Margaret Thatcher. Prononcer le blaze de cette dégueulasse plantuche ferait, selon certains médecins, plus d’effet qu’un hectolitre de bromure en intraveineuse.
Ah, j’ai failli oublier. Vous ne connaissez pas la meilleure ? Ce joli parc abrite un trésor [je ne parle pas des mecs que j’ai dû précipitamment enterrer parce qu’ils reluquaient un peu trop ma petite amie de la journée].
Non, il s’agit du Jardin national des Orchidées qui se trouve dans le Jardin botanique. Un jardin dans un jardin, le pied. Cela mérite un autre billet, non ? Bientôt sur QLTL. – je vous assure, celui-ci sera moins idiot. Y’aura même de la géosociologie. Si si.