Après Spinoza encule Hegel, le héros est de retour pour occire son ennemi de toujours, Hegel. Dans la même veine que le précédent roman, Le Tigre a remarqué une certaine amélioration dans cet opus : l’auteur a augmenté d’un cran dans le cyberpunk et la violence. Toujours sur fond de menues considérations philosophiques, sans conteste un titre à (re)lire pour le plaisir des yeux.
Il était une fois…
Julius, exilé à Bombay, doit retourner en catastrophe à Paris puisqu’Hegel y est de nouveau. La guerrilla recommence de plus belle, avec de nouvelles arrivées dans la fine équipe du héros, le tout sur fond d’affrontements footballistiques.
Critique d’A sec !
Suite de Spinoza encule Hegel qui se terminait en fausse retraite, Pouy progresse dans son délire et livre une œuvre bien meilleure que je n’aurai pu imaginer. Fouillant un peu plus dans le noble genre du cyberpunk, l’auteur a en plus distillé quelques passages dramatiques, du moins émouvants.
Émotion grâce à la protégée de Julius, jeune femme qui en a vu des vertes et des pas mûres et semble bien décidée à soutenir le héros. En plus de sa fragilité de façade, cette protagoniste ayant de bonnes notions de pilotage élargira le spectre de destruction en mettant en scène un hélicoptère de guerre. Encore plus « boom boom » donc.
Les petits plus de A sec ! (c’est mieux qu’avec du gravier me dites vous), ce sont les les apartés sportifs et jouissifs présents au début de chaque chapitre. Sorte de dépêches pour guérilleros, ces textes sont au roman ce qu’un délectable apéritif est à un diner dans un restaurant gastronomique. Et en guise de dessert, une fin magistrale qui clôt (sans espoir de suite) la saga de Spinoza. Enfin, chapitres assez courts et nerveux, as usual chez l’auteur.
Au final, cet opus et le précédent pèsent tous les deux mouillés 300 pages, on peut remercier Pouy de ne pas s’être éternisé sur le sujet. Il aurait en effet pu faire un roman fleuve fait d’agressions et contre attaques incessantes, que nenni dans notre cas ce fut bref mais intense.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les gangs version FR. Au premier roman les bandes organisées n’avaient rien à envier à ce que l’imaginaire français prête aux gangs américains de la côte ouest. Sauf qu’ici nos blousons noirs sont aspergés de sauce « franchouillarde », à savoir l’omniprésence du football dans leurs combats. On ne parle plus de rixes, mais de matchs entre deux équipes représentant un groupe criminel. Idée séduisante, et qui permet avant tout à l’auteur d’abonder dans le vocabulaire sportif, comme pour dénoncer la violence latente ici sublimée par cette mâle discipline.
La vengeance, encore et encore. Le début de l’affrontement entre Spinoza et Hegel est peu clair, toutefois sa poursuite est on ne peut plus limpide. On se fait des crasses, quelqu’un doit venger une personne ou soi-même, ad nauseam. Vendetta inextinguible, les deux opus de Pouy ne sont que morts peu enviables (à considérer que mourir puisse l’être), destructions systématiques et lieux ravagés. A ce titre Le Tigre s’y perd un peu, tous ces endroits mis à feu et à sang, je ne retiens qu’une intensité croissante qui finit en apothéose.
Finissons sur une citation liée à cette saga, paroles de Machiavel si je ne m’abuse :
On commence une guerre quand on veut, on la finit quand on peut.
…à rapprocher de :
– Commencez obligatoirement par Spinoza encule Hegel. D’autres thèmes abordés, liés au présent opus. Avec Pouy, si Suzanne et les Ringards passe pas trop mal, hélas La clé des mensonges et Larchmütz 5632 peuvent être évités.
– L’explosive fin n’est pas sans rappeler Nous avons brûlé une sainte, du même auteur.
– Le foot comme vecteur de violence, les titres ne manquent pas.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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