Énième ouvrage qui ne mange pas de pain, ce n’est pas une histoire dont on peut garder grand souvenir. Un gendarme doit ramener une jeune fille auprès d’un juge d’instruction. Sauf que celle-ci a avalé une clef qui est potentiellement explosive (pas littéralement hein). Sombre, désabusé, du Jean-Bernard Pouy dans toute sa splendeur.
Il était une fois
Voici ce que dit l’éditeur de ce truc :
« La clef de cette histoire est dans le ventre d’une fille. Cette fille, si jeune, est dans un train et ce train traverse la campagne, comme un tube fermé dont on ne peut s’enfuir. Teigneuse, farouche, menottée, la gosse ne lâche rien, pas un sourire ni un mot, pas une lueur d’espoir. Elle sait déjà que les deux gendarmes qui l’escortent, s’ils ne sont pas eux-mêmes chargés de l’abattre, ne pourront pas grand-chose pour la protéger. Elle sait, en dépit de son âge, qu’elle est déjà de trop et que cette clef, là, dans son ventre, il lui faudra bientôt la rendre… »
Critique de La clef des mensonges
Pour avoir lu des caisses de polars français, il y en a qui se démarquent et qu’on a même envie de relire. La clef des mensonges n’en fait hélas pas partie.
Il y a deux héros dans ce roman. D’une part, la jeune fille qui est escortée dans un train. Celle-ci a dans ses intestins une clé capable d’ouvrir une boite de Pandore faite de scandale politico-financier et, raison d’État oblige, ce serait sympa qu’elle évite de livrer son colis – quitte à la tuer. D’autre part, le dénommé Zapala, vieux gendarme qui voit son monde s’écrouler – et pas que le sien.
En moins de 200 pages, Pouy livre une fable douce-amère que je qualifierais de « naturaliste » dans la mesure où les états d’âmes des protagonistes sont finement décrits. Néanmoins, la grosse nouvelle manque de réelle Français, sombre, naturaliste, sans envergure. J’ai bien cru qu’il s’agissait d’un titre alimentaire – à tort très certainement.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le titre, plus ou moins subtilement, renvoie à la « clef des songes », seule capable de résoudre un mystère. Sauf que la clef tant recherchée dans l’intrigue aurait tendance, inversement, à créer de nouvelles difficultés. Du genre à faire sauter cinq fois la République, pour paraphraser un malfrat. Comme pour souligner l’aspect peu ragoutant de ces actes répréhensibles, ladite clé se trouve dans les boyaux d’une innocente.
« Mensonges », en outre, avec ce pour quoi semble se battre le gendarme. Car Zapala est vieillissant, conscient de la corruption de ses contemporains et n’espère de la vie qu’une paisible retraite. Toutefois, en quelques heures, son existence va prendre une dangerosité et une saveur qu’il ne pouvait soupçonner. D’exécutant docile de la main armée du gouvernement, il finira en lutte contre un système qui va trop loin – tuer une gosse, tsss. Chez Pouy, le révolutionnaire peut porter un képi.
…à rapprocher de :
– Pouy est assez présent sur QLTL. Le Tigre s’est régalé avec Spinoza encule Hegel, suivi de A sec ! En sus, Nous avons brûlé une sainte et Suzanne et les Ringards méritent également d’être acquis, pas comme Larchmütz 5632 (déçu j’avais été).
– La petite fille que les vilains cherchent à trucider, c’est aussi dans La sirène rouge, de Dantec. Son premier polar, et ça se tient – contrairement à ce qu’il a écrit par la suite.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Jean-Bernard Pouy – La chasse au tatou dans la pampa argentine | Quand Le Tigre Lit
Ping : Jean-Bernard Pouy – Larchmütz 5632 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Jean-Bernard Pouy – Suzanne et les Ringards | Quand Le Tigre Lit
Pendant tout le billet, je me suis demandé si la fille était constipée et si c’était une péripétie de l’intrigue.
« Livrer son colis », huhuhu.
C’est une péripétie, elle l’a simplement avalée et n’avait pas l’air plus constipée que ça. Sinon ça aurait justifié son meurtre, au moins pour relâcher ses sphincters…
Monsieur Tigre, pourquoi y’a-t’il (hasardeux) écrit « one response » en fin de billet sans qu’elle apparaisse ? (La réponse).
Excellente question. Je ne sais guère régler cette option, mais dès qu’un billet (de QLTL ou autre) renvoie vers cet article, le « ping » compte pour un commentaire.
Ceci dit, cela m’arrange grandement : on a l’impression qu’une pétée de fans commente mes articles.
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