Sur-titre : Michel Vaillant. Vols de données, parties de cache-cache dans des hôtels portugais, courses plus dangereuses pour les spectateurs que pour les pilotes, tout ça n’est pas fameux. Les illustrations, au moins, tiennent très bien la route – sans jeu de mots. A peine si les quelques traits d’humour ont rattrapé ce pitoyable tome.
Il était une fois…
Julie et Steve s’apprêtent à participer au très renommé rallye du Portugal, à savoir 2.400 kilomètres pour une arrivée finale à Estoril. Steve, pilote émérite, est le petit ami de la belle blonde, et la course dans le Sud de l’Europe. pourra mettre leur couple à rude épreuve. En parallèle, du côté des industries Vaillante, c’est la panique totale : des documents ultra-secrets ont été volés…
Critique de L’homme de Lisbonne
Le Tigre lit de tout, ne l’oublions pas. Pour tout avouer, les aventures de Michou Vaillant ne sont pas tout à fait mon genre. Des courses automobiles, de la belle mécanique, franchement je m’en bats les steaks. Admettons que les bagnoles et le décors sont admirablement rendus (on dirait des dessins sortis des usines, Jean Graton ayant été assisté), néanmoins les personnages sont aussi vivants et réalistes que des poupées barbies sous métabloquants. Tout ce petit monde se ressemble tellement que j’ai honnêtement cru que Steve, bah c’était Michel Vaillant – la différence ? Y’en a un qui est brun.
Quant au scénario, celui-ci se divise en deux histoires qui n’ont que le lieu d’action en commun. D’un côté, Steve et sa poule débarquent à Lisbonne avant le rallye dont tous les détails (dont je me fous totalement) sont donnés au lecteur exigeant. Aaaah, le Portugal…la visite guidée de l’auteur est gnan gnan comme il faut, même pas un mec qui vend du chichon à proximité du funiculaire. Concomitamment, un employé de Vaillante a balancé des plans à un concurrent, deal auquel participe « l’homme de Lisbonne ». Michel Vaillant va alors activer ses réseaux et court-circuiter la transaction pour éviter le pire.
Au final, le groupe Vaillant n’arrive pas sur le podium à cause d’un accident à la con. Mais leurs plans n’ont pas été vendus, alors pourquoi se plaindre ? Pour avoir lu pas mal de tomes mettant en scène ces protagonistes, j’osais espérer que pour le quarante-cinquième tome (oui : 45ème) l’auteur arrête les gentilles conneries en musclant le style de la série – même s’il n’est pas à l’origine de la série. Il n’en est rien, c’est toujours aussi lisse et gavant. Pas ma génération du tout.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme je ne compte pas me faire chier plus que cela, voici un aspect par histoire :
Les rallies et la sécurité, d’abord. A peine le premier kilomètre parcouru, nos deux amis décèlent ce qui va clocher : les spectateurs, ivres de joie, n’ont aucune conscience du danger. Cela pèse terriblement sur les conducteurs qui, souvent, doivent freiner comme des fous furieux pour éviter l’accident. Pas moyen de passer la cinquième l’esprit tranquille, mais dans quel monde vit-on ? Certes le félin supputait que les Portos adorent tout ce qui touche à la mécanique, mais de là à faire les toreros devant des monstres de plusieurs centaines de kilos, faut être légèrement débiles sur les bords.
Le vol de secrets industriels, enfin. Gros coup de cul : une feuille (la dernière) d’un projet en développement est trouvé dans une photocopieuse, ce qui indique bien évidemment qu’un espion rôde dans le système. A cet instant, le déroulement des faits prend la tournure d’une barbouzerie légère et enlevée où l’entreprise Vaillante, par la voie de son directeur, met en œuvre des opérations de contre-espionnage dignes du MI-6, postiches comprises – au lieu d’appeler les autorités. Amusant : Michel V. fait preuve d’une (ferme) bonté presque paternaliste dans l’affaire, notamment lorsqu’il renvoi l’indélicat au bon jugement des syndicats pour la suite des décisions à prendre.
…à rapprocher de :
– Mieux vaut, pour l’instant, lire Un pilote a disparu. Moins de prise de tête, ça passe bien plus vite.
– Des protagonistes interchangeables, des voitures qui font vroum-vroum, la saga des Fast & Furious n’a rien à envier à Michel Vaillant.
– La suite annonce que Julie prendrait place dans une Formule 1. De la SF, ça devient n’importe quoi. Et pourquoi pas devenir présidente des industries Vaillant avant de gagner les Présidentielles ? – si vous ne connaissez pas Le Tigre, sachez qu’il lui arrive de plaisanter.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Jean Graton – Un pilote a disparu | Quand Le Tigre Lit