Sous-titre : Michel Vaillant, tome 36 (putain, déjà 35 avant, pas moyen que je les lise). Une pilote enlevé en pleines 24 heures du Mans, l’écurie Leader qui revient en force, deux courses (sur terre et dans les airs) qui sauront enthousiasmer le lecteur, un happy ending tout ce qu’il y a de plus convenu, bah c’est moins mauvais que ce que je craignais.
Il était une fois…
Dans les années 80, une énième édition des 24 heures du Mans a lieu. L’équipe Vaillante, forte de ses trois voitures au départ, compte bien remporter la mise d’autant plus que l’écurie Leader, représentée par Ruth (qui a pris la suite de son papa décédé), est dans une posture très agressive. Quelques heures à peine après le top départ, une des pilotes de Vaillante, Gabrielle, est portée disparue. Le grand Michel doit la retrouver au plus vite : Yves, qui était censé être remplacé par Gab’, a une furieuse envie de pisser – si ça vous donne une indication des priorités de l’écurie…
Critique Un pilote a disparu
Suis très moyen fana des aventures des trop parfaits Michel Vaillant et ses potes, et là j’ai été plutôt surpris de ne pas avoir baillé pendant la lecture de ce tome. Car ce dernier est moins verbeux et plus sec que d’habitude : entre la course du Mans et la course-poursuite en avions (oui oui, double poursuite les amis), on n’a pas trop le temps de dire ouf. Et c’est tant mieux.
L’ouvrage repose l’intrigue suivante : qui a capturé Gabrielle et surtout pourquoi ? Avec les déclarations tonitruantes de la bandante Ruth (du genre « je vais te pourrir la vie mon Michel »), le lecteur basique (dont je fais partie) se dit que Gab’ a été écartée sur ordre de la nouvelle boss de la team Leader. La solution, trop évidente, a de fait été écartée par l’auteur pour une sombre histoire de chantage sur relent d’espionnage industriel – un truc aussi fade qu’imprévisible, limite foutage de gueule.
Quant aux illustrations, le talent du père Graton en matière d’avions (avec ce que ça implique question décor et gestion de la profondeur) est appréciable, curieusement on s’y croit plus que lors des descriptions de la course automobile – qui m’en touchait une sans faire frémir l’autre. La double course contre la montre (automobile et aérienne) est plutôt vivante, avec un final tout en beauté, du genre atterrissage sur autoroute et crash de la voiture « ennemie » dans les dernières heures. Sinon, toujours duraille de faire la différence entre les protagonistes, par exemple je ne saurais dire que telle poule est Gabrielle ou Julie (une autre pilote de la série).
Enfin, et comme souvent avec Jean Graton, l’équipe Vaillante ne se hisse pas à la première place du podium, qui revient à un certain « Monsieur 24 heures ». Toutefois, tout le monde il est content dans la mesure où la kidnappée est saine et sauve et le spectacle de la course est resté entier. Michel V. est beau joueur, pas comme ces malotrus de chez Leader qui ont plié bagage avant la fin des 24 heures.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les fameuses 24 heures du Mans sont évidemment à l’honneur. Au premier abord le lecteur intransigeant pourrait penser à une honteuse publicité pour un évènement qui génère plus d’émissions carbone/méthane que 30 000 vaches mises sous régime à base de flageolets. Sauf qu’en y réfléchissant un peu plus, l’organisateur des 24h en prend gentiment pour son grade : que des brigands déguisés en journaleux (aucune vérification de la carte de presse hein ?) parviennent à kidnapper un pilote d’automobiles, tout en filant à l’anglaise sans réel problème, honnêtement y’a de quoi se poser des questions sur le sérieux de l’épreuve…surtout quand c’est le bon Michel qui, sans l’aide des autorités, ramène sa belle pouliche à l’écurie.
Le dernier sujet est plutôt une découverte assez personnelle…comme vous vous en doutez, je suis aussi spécialiste des trucs d’autos que le pape maîtrise les moyens modernes de contraception. J’ai ainsi lu cette BD comme une fiction totale certes plaisante, mais les dernières phrases d’Un pilote a disparu a jeté un sérieux trouble. Jugez plutôt :
Bravo Jacky et merci : Merci au nom de milliers de spectateurs que tu as enthousiasmés à maintes reprises. Pour eux et pour nous, tu demeureras à tout jamais « Monsieur 24 heures » !
C’est louche de sucer le derche d’un personnage de bande dessinée…à moins que…oh, merde…Jacky Ickx était un coureur automobile ayant effectivement existé, une fois ! Tout comme Alain Semoulin, Pierre Dieudonné ou les frères Martin. Mais pas d’autres protagonistes tels que Michel Vaillant (je m’en doutais) et Yves Douléac. Révélation : Michel Vaillant était toujours dans l’air du temps, et les voitures Vaillante 2 et 3 sont pilotées par des personnages qui existent dans la réalité – pas étonnant que leur comportement est irréprochable.
…à rapprocher de :
– Sur ce blog, vous pourrez également trouver L’homme de Lisbonne, bien plus décevant.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
Ping : Jean Graton – L’homme de Lisbonne | Quand Le Tigre Lit