Teulé s’intéresse à nouveau à l’Histoire, en l’espèce le marquis de Montespan qui s’est fait chiper son épouse par Louis XIV, homme le plus puissant de la planète. Drôle et tendre, voici l’histoire de « l’homme qui a dit non ». Servie avec un vocabulaire en verve, la cour du roi-soleil comme si on y était.
Il était une fois…
Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, n’est pas un noble comme les autres. Sous le règne de Louis XIV, lorsque le bon roi s’entiche d’une dame, le mari est censé être ravi et tous le félicitent. Ce n’est pas le cas de Louis-Henri : éperdument amoureux de Mme de Montespan, il est plutôt colère et décide de le montrer. Seul contre la royauté toute puissante, bravant les menaces, procès et autres coups bas, le marquis va faire tout ce qu’il peut pour récupérer sa belle. Ou menacer le couple royal qui a la faveur de la cour.
Critique du Montespan
On n’est pas loin du petit chef d’œuvre, du moins c’était mon sentiment lorsque je l’ai lu vers 2009. Teulé fait partie des écrivains récidivistes qui ont donné de bons moments de lecture au Tigre, avec Le Montespan j’ai encore été servi. 300 pages, un peu plus dense que d’autres titres (Darling ou Les lois de la gravité par exemple) avec des chapitres sensiblement plus longs que d’habitude.
Concernant le scénario, c’est tiré de l’histoire vraie du pauvre marquis de Montespan dont la femme (très belle bien sûr) se fait lever par le bon Louis. Ce n’est pas du goût du cocu, bien qu’en principe un tel « poste » devrait lui assurer honneurs et prébendes. Non, non, le héros part en guerre (presque littéralement) contre son rival. Bien sûr il va s’y casser les ratiches.
Le style est enjoué, oscillant entre l’hilarité et le dramatique. Le mélange des vocabulaires, entre phrasé pompeux du 17ème siècle et saillies ordurières contemporaines est plutôt bienvenu, en plus de rappeler au lecteur que c’est un roman avant d’être un essai historique. En effet, il semble que l’écrivain ait pris quelques libertés avec l’Histoire (vous pourrez vérifier sur wikipedia), cependant les nombreuses références culturelles feront plaisir au lecteur porté sur cette période. Car l’immersion y reste grandiose.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour dans tous ses états. Le Montespan est à la limite de la fleur bleue, disons qu’il vit très mal l’aspect « volage » de son épouse qui décidément se plaît bien à la cour. Le personnage a recours à des manifestations tapageuses, à l’instar de repeindre son carrosse en noir et l’affubler de cornes, comme s’il était nécessaire de rappeler son cocufiage (si ce terme existe). Lorsque ça ne suffit pas, il tente de s’attaquer directement au roi en baisant à couilles rabattues les plus immondes prostituées de Paname, espérant attraper la vérole, la refiler à Mme de Montespan qui contaminerait Loulou. Rien n’y fait, le héros reste sain comme un puceau.
La puissance de la monarchie absolue. Ce qui m’a particulièrement rendu triste est l’acharnement du pouvoir contre le pauvre hère. Lettres de cachets (emprisonnements en fait), procès infamants pour le dépouiller, menaces qui parfois sont mises à exécution (tentatives d’assassinat), tous manœuvrent contre lui pour lui faire lâcher prise. Ainsi acculé à la faillite, Montespan a un sort plus que funeste. Si les rieurs étaient de son côté au début, très vite le Gascon (il vient de cette région) devient comme pestiféré.
…à rapprocher de :
– Jean Teulé squatte correctement le présent blog : L’œil de Pâques ; Darling (coup de cœur) ; Longues Peines ; Les Lois de la gravité ; Ô Verlaine ! ; Le Magasin des suicides (bof bof) ; Mangez-le si vous voulez (terrible), Charly 9 (déception).
– L’homme gravement in love dont l’imagination semble sans bornes, c’est aussi Pascal Jardin décrit par son fils, dans Le Zubial.
– Dernière remarque, le nom Pardaillan me fait terriblement penser au Chevalier de Pardaillec des Inconnus, comme si le trio de comiques souhaitait rendre hommage à un individu attachant mais à l’aspect d’un Don Quichotte à la française.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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Jubilatoire!
Charly 9 est tout aussi saisissant de drôlerie sur un sujet ô combien tragique de l’Histoire….
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