VO : One Thousand White Women: The Journals of May Dodd. Des dizaines de nanas envoyées dans les Black Hills pour tisser le lien entre le peuple rouge et les Amerloques, l’apprentissage difficile d’une nouvelle vie, les vilains Blancs qui veulent récupérer la terre blindée d’or, assez plaisant. Mais pas assez, la narratrice m’a cassé plus d’une fois les cou… euh pattes.
Il était une fois…
Vers l’année 1874, le père Grant (el presidente US de l’époque) reçoit dans ses apparts le puissant chef indien Little Wolf. Celui-ci lui propose un marché assez fandard : « je te donne 1.000 chevaux, tu me donnes autant de femmes blanches ». Marché apparemment conclu, et y’a quelques nanas volontaires. Les autres, on les tire notamment d’asiles psychiatriques. Dont May Dodd, plutôt mignonne, qui va en moins de deux devenir une des épouses du grand chef.
[contrairement à ce que propose le quatrième de couverture, il ne sera guère question des ravages de l’alcool au sein de la communauté indienne. A peine une soirée de cuite mémorable où on s’aperçoit que les peaux rouges ne tiennent vraiment pas le whisky]
Critique de Mille femmes blanches
Avant de colporter d’infamantes rumeurs sur l’Oncle Sam, ce roman est une fiction. Il y a du certes avoir un RDV entre les boss des deux civilisations se partageant le continent, mais il n’a jamais été question d’un tel échange. Ni d’un quelconque programme FBI (rien à voir avec les flics fédéraux). Et à partir d’un fait divers, reconnaissons à Jimmy Fergus une belle imagination.
L’héroïne, narratrice de surcroît, fut envoyée dans un asile pour avoir trop aimé : passionnée, elle a préféré s’acoquiner avec un gossbeau plutôt que suivre la voix que devrait normalement choisir une femme de son époque. Séparée de ses deux gosses, May a presque fait le forcing pour se joindre à l’aventure. Et quelle épopée ! Une année à la fois magnifique et terrible avec les Cherokees, fascinant peuple nomade. Ces protagonistes prendront plus vite forme dans l’esprit du lecteur que les camarades de May dont on oublie vite le nom.
Comme le titre en anglais l’indique, l’œuvre est présentée sous la forme d’un journal, séparé en quelques carnets (miraculeusement retrouvés par le second prêtre) qui font office de partie. Ça aurait pu le faire, cependant si le style ne m’a pas emballé : description correctes, vocabulaire riche (avec un mini dico en fin de bouquin) ; mais beaucoup de remarques de la May sont inutiles, sinon horripilantes. Soit l’auteur a trop versé dans le naïf et émotionnel, soit ce dernier voulait montrer que l’asile lui a grillé plus d’un neurone.
Au final, Le Tigre n’était pas loin d’en avoir marre (le passage du missionnaire protestant enculant des petits Indiens n’ayant éveillé qu’un vague froncement de sourcil) lorsque les derniers chapitres m’ont un peu réveillé : la fin est, sans spoiler, d’une brutalité extrême. A la limite ça a sauvé le roman, j’ai presque honte de le reconnaître.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Forcément, je vais vous entretenir des Indiens d’Amérique. Mais uniquement des Cherokees, car à part leurs ennemis Crows (qui sont de beaux salauds) on ne voit rien d’autre. C’est tout le problème de ce peuple, puisqu’il n’en est pas un. Langues, us et coutumes, croyances, en fait ils n’étaient pas prêts de s’unir. Bien entendu les Européens vont se régaler à les monter les uns contre les autres. La philosophie générale (plutôt bien expliquée vers la fin) est relative à l’acceptation de ce que la terre offre et comment se fondre dedans, contrairement aux comportements et constructions des Blancs qui tendent à se protéger de tout excès de dame nature.
La place des femmes dans la société. Faut savoir que ces futures épouses sont destinées à enfanter. Leurs chiards, Blancs selon les Cherokees mais élevés chez eux, seraient alors susceptibles d’intégrer cette ethnie dans les États-Unis d’Amérique. Très subsidiairement, l’héroïne lance quelques pavés dans la marre : prise de parole intempestive pendant qu’on clope le calumet, fabrication d’une tente à sudation réservée aux femmes, et tant d’autres. Un esprit libre et rafraichissant. Enfin, sans l’influence de May et ses potes (la grosse Bertha, etc.) les derniers passages aurait pu bien plus mal se terminer. Même si le sang est au final au rendez-vous.
…à rapprocher de :
– Sur la misère du peuple indien, un bon siècle après, je vous propose de lire Le sabot du diable, de Kem Nunn. Un must.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Un titre qui me faisait de l’oeil depuis longtemps. Et puis le calumet de la paix, les vastes prairies, les tipis, les bisons, la nature, la fraternisation, toussatoussa. Mais merci d’avoir précisé que ça se terminait trèsmal, je m’abstiendrai donc.
Disons que y’a des scalps, des viols et enfants abattus. Il y a même une subtile référence à Star Wars, lorsque Luke éventre sa monture pour ne pas crever de froid. Heureusement que je n’ai pas lâché le roman aux trois quarts.
Ça se termine toujours mal avec les indiens de toute façon. Même quand ils ont Kevin Costner dans leur équipe…
Je suis tombe dessus chez ma mère et a la lecture de la 4eme de couv, j’ai cru y voir une sorte de Dernier des Mohicans chez les Chiennes de Garde. J’ai pris peur…
En 6 mots, vous l’avez mieux résumé que moi. Il y a certes un peu de féminisme « soft », et quant au doggy-style (c’est bien ce dont vous parlez ?), il faut savoir que l’héroïne goute (après absorption de substances) aux joies de la levrette, ce qui était à l’époque plutôt licencieux.
Ah non non moi je n’ai jamais parle de levrette. C’est vous qui parliez de missionnaire d’ailleurs!
Alors dans le même style, il peut y avoir aussi l’ignoble Les Enfants de la Terre de l’infâme JM Auel qui nous inflige Les Chiennes de Garde dans La Guerre du Feu… Je ne sais pas s’il y a un lectorat.
Je l’ai lu il y a peu, je ne l’ai pas trouvé génial….la romance avec le capitaine est un peu grotesque…on n’apprend pas grand chose des moeurs des indiens, je m’attendais à mieux.