VO : The Nightrunners. Lansdale, que Le Tigre adore, publié chez Milady. Normal pour une intrigue très différente de ce à quoi (c’est français ça ?) on nous a habitué. Démon, terreur, hémoglobines, petit aperçu, certes décevant, de l’enfer. A éviter pour continuer à aimer cet auteur.
Il était une fois…
Becky et Monty sont dans une passe plus que délicate. La femme s’est récemment fait violer, et a extrêmement de mal à oublier ce qu’il s’est passé. Montgomery, rongé par le remords puisqu’il était en déplacement à ce moment. Bien que le violeur, arrêté, se soit pendu en prison, Becky ressent une présence maléfique autour de cette histoire. En effet, un démon semble avoir possédé l’auteur du viol, et a pris ses nouveaux quartiers chez l’ami de ce-dernier, qui va naturellement se mettre en chasse pour finir le travail.
Critique des Enfants du rasoir
Allez, commençons par un premier coup de gueule à l’attention de l’éditeur. Le Tigre lit, dans le quatrième de couv’, que la femme aurait été violée sous l’œil impuissant de son époux. Que nenni ! Le boulet n’était tout simplement pas là. Bon, c’est sûr que le Monty (le mari) s’en veut à mort, et toute sa philosophie pacifiste (objecteur de conscience,…) lui remonte violemment à la gueule.
Sinon, Lansdale est en principe publié chez Folio Policier. Milady, c’est peut-être parce que Les Enfants du rasoir (référence au rasoir, dans l’enfer, sur lequel les gosses s’assiéraient) a été écrit en 1987. Découverte et traduction tardive, disons que les décennies de vieillesse de l’ouvrage se remarquent.
En effet, rien de très Lansdale dans l’intrigue. Une bande de dingues (dont un est possédé) parcourt le Mississippi à fond les ballons (dans une cabriolet noire) à la recherche d’une femme à occire. En sus de la poursuite, nous aurons un aperçu sur la jeunesse des protagonistes : le jeune couple, comment ils se sont rencontrés ; Bryan et Clyde, les deux jeunes méchants dans quelques turbulentes années de lycée.
L’histoire, invraisemblable et excessive, ne m’a pas transporté. Très sombre, mais ce démon qui exploite deux jeunes en tuant tout sur sa route (le passage de la voiture émaillé de nombreux mystérieux décès), c’est too much. Pour un film de série Z dans la lignée d’un Duel de Spielberg, à la rigueur, mais au XXIème ça semble moins faire recette. Quant aux références au surhomme de Nietzsche, très peu pour moi dans le cadre d’un tel bouquin.
Le style, pataud par moment, est définitivement jeune et les péripéties sentent le réchauffé. Les meilleurs moments étant hélas selon moi les souvenirs des héros (et méchants). Heureusement, ces 300 pages jouissent d’une typographie assez grosse et de nombreux chapitres (en plus de trois grandes parties). Bon petit polar concernant le psyché des personnages (on perçoit ce que deviendra Lansdale), hélas rien qui ne donnera le frisson.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le traumatisme du viol. La pauvre Becky a subi un acte immonde, Lansdale traite le sujet plutôt bien : d’une part la manière de réapprendre à vivre, surmonter l’épreuve tout en sachant que celle-ci ne sera jamais oubliée, tenter d’avoir une vie intime un tant soit peu normale. D’autre part, en renvoi de l’aspect « fantastique » et terrifiant du roman, Becky a des visions peu heureuses sur ce qui s’est passé et ce qui adviendrait. Traumatisme donnant lieu à des cauchemars, crises de paniques et hallucinations si réelles, le viol prend ici une mesure extrêmement sombre et dramatique.
La terreur à la Stephen King. Une voiture qui avale la route tel un monstre de l’enfer, un démon qui fait n’importe quel gamin un peu malsain un dangereux schizophrène, des souvenirs de jeunesse qui fleurent la nostalgie du bon vieux temps (à base de sombres épreuves et de soutien mutuel), c’est fou comme ce roman tente de faire du King. Ou du Bachman (pour rendre hommage à l’auteur dans sa prime jeunesse). Hélas, n’est pas Stephen K. qui veut.
…à rapprocher de :
– Les autres Lansdale sont fort différents, donc je ne ferai pas de liens vers les meilleurs bouquins de l’auteur. Vous pourrez les trouver sur ce site. Ce n’est pas toujours excellent, par exemple Tsunami mexicain, en-deçà des autres.
– En BD, il y a L’esprit de Warren. Plus ennuyeux encore, avec des réincarnations en veux-tu en-voilà.
– Au final, ça fait un peu Maxime Chattam, cette histoire de vilain démon. Avec le sang en plus.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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