VO : Captains Outrageous. Petite déception par rapport à ce que cette série a pu m’offrir. Nouvelles aventures certes, mais sans les réjouissances habituelles qui égayent, d’habitude, les pérégrinations de nos amis. Lorsqu’ils posent leurs pêches au Mexique, Hap et Leonard sont au centre d’une vendetta pas très proprette qui se règle façon Scarface.
Il était une fois…
Hap Collins et Leonard Pine ont de la veine : agents de sécu dans une usine qui décapite des poulets (entre autres), ils ont sauvé une demoiselle sauvagement agressée (pas beau à voir d’ailleurs). Leur père leur offre une coquette somme. Aussi ils décident de se taper une petite croisière sur les côtes mexicaines (première mauvaise idée). Le séjour s’annonce décevant, et Leonard chie dans les bottes du groom du bateau (seconde idée merdique). Du coup, le navire les oublie à une escale. Au Mexique, nos héros attirent les emmerdes un peu trop facilement. [excusez le vocabulaire scato, l’auteur fait pire]
Critique de Tsunami mexicain
Après Tape-cul (où on avait atteint des sommets de grand n’importe quoi), on reprend les mêmes et on continue : Hap Collins (le narrateur) est plus ou moins en froid avec Brett, la belle rousse au caractère bien trempé. Et Leonard (la black gay républicain, Tigre le rappelle) qui s’est trouvé un nouveau petit ami. Les deux vivotent dans un boulot tout ce qu’il y a de plus pépère, ce n’est pas vraiment la gloire pour eux.
Sans reprendre le synopsis, faut juste savoir que ça commence sérieusement à se gâter (pour les deux compères) dès qu’ils sont attaqués sur une plage au Mexique et qu’un vieil homme, Ferdinand, vient les secourir (avec sa machette). Sauf que le vieux et sa fille Beatrice doivent de l’argent à un certain Juan, chef de la mafia locale. A partir de là, les péripéties s’enchainent sans grande logique, notamment les allers-retours entre les deux pays.
Le style est tout aussi bonnard, entre humour corrosif (les vannes sont toujours aussi bien balancées) et descriptions réalistes souvent peu ragoûtantes (les décès ou autres bastonnades d’une violence de bon aloi). Cependant Le Tigre ne s’est pas autant marré qu’avec les aventures précédentes (les premiers chapitres sont censés être funs), sans compter l’enquête et les révélations tirées par les cheveux (ça m’a gavé, même). Quant au dénouement, ça sentait presque le travail bâclé d’un écrivain souhaitant vite passer à son prochain titre.
En conclusion, un roman qui se laisse lire mais n’arrive guère au même niveau que la moyenne de la série. Paradoxalement, Joe Lansdale se rattrape sur le nombre de protagonistes qui disparaissent, une vraie hécatombe. Les titres peuvent se lire dans le désordre. S’il est fait allusion en notes de bas de page aux titres précédents (que j’ai lus), je ne voyais pas de quoi il était question, or ça ne gâchait pas la lecture.
Thèmes abordés (du moins Le Tigre)
Le Mexique underground (puisque c’est le titre du roman). L’écrivain américain plante un décor mille fois usé, à savoir un pays correctement corrompu où se faire justice soi-même tend à être la meilleure option. Car dans les petites bourgades, les flics sont à la solde du plus gros payeur, qui en principe est riche grâce à la drogue. Des hommes de main qui ressemblent à des lutteurs sous stéroïdes, des pépées sublimes intéressées par les tunes, des détectives privés très couillus, bienvenu dans un pays qui ne respecte plus grand chose.
La vengeance. C’est un thème redondant avec les deux gus, toutefois dans la présente œuvre ça tire dans tous les sens, et sur des innocents (enfin, c’est relatif vu les révélations tardives au sujet de certains). Eu égard le nombre de morts et les exactions commises sur les survivants, Hap et Leonard (ainsi que leurs proches) ont de solides raisons pour retourner au Mexique et finir leur boulot. Sauf qu’ils semblent pécher par orgueil en voulant faire les fines bouches alors qu’une exécution sommaire aurait pu suffire. Mais non, il convenait de montrer au méchant pourquoi il devait mourir.
…à rapprocher de :
– Dans la ligné des aventures des deux personnages, on retrouve L’Arbre à bouteille, Le Mambo des deux ours, Bad Chili, Tape-cul, puis le présent roman, suivi de Vanilla Ride(que j’ai particulièrement aimé).
– Personnellement, en one shot de cet auteur, il ne faut en aucun cas passer à côté de Vierge de cuir. Toutefois, Les Enfants du rasoir est plus que dispensable.
– Sur ce que l’Humanité peut faire de pire dans ce pays au sud des States, je vous conseille Satan dans le désert, de Boston Teran. Attention, c’est très violent.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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