Ouvrage original et passablement déjanté, bienvenue dans Le Temps du Twist ! Ce « temps » si particulier, c’est notre jeune héros plus ou moins paumé dans une uchronie londonienne tout en musique. Voyage dans le temps, monde apocalyptique glauquissime, références musicales à gogo, Houssin se fait (et nous fait) plaisir.
Il était une fois…
Antonin Hofa vient d’avoir seize ans. Dans le monde où il évolue, un terrible virus transforme en zombi toute personne qui ne fait pas montre d’un solide taux d’alcoolémie. Alors soit on devient mort-vivant, soit on finit alcoolique. Reste le suicide, comme le père d’Antonin. Heureusement, pour son anniv’, le jeune Hofa se voit offrir par ses amis (secondés par un loup-garou, rien que ça) une somptueuse voiture (une Buick si je me souviens bien) capable de voyager dans le temps. Retour dans le temps du twist, à savoir un Londres uchronique des années 70.
Critique du Temps du Twist
Quel excès, quelle délire pour un roman français qui tente un savant mélange de SF et de cyberpunk. Pas étonnant de la part de Joël, cerveau fécond qui a notamment eu l’idée du scénario de Doberman, le film de Jan Kounen.
Le scénario est réjouissant et malgré les apparences reste relativement linéaire : introduction tout d’abord avec le jeune protagoniste principal et sa petite famille, tous obligés de se pinter régulièrement la gueule afin de ne pas tourner en zombis. Je vous laisse imaginer leur état de santé. Ensuite, arrivée dans un Londres très seventies mais sous la coupe d’une théocratie assez flippante car « computer assisted », nos héros tentant de retrouver le groupe Led Zeppellin. Enfin, tout part en quenouille pour un final qui a hélas énormément déçu Le Tigre.
Véritable petit bijou d’originalité, ce titre fait fort dans la mesure où les connaissances rock & roll qu’on peut trouver y sont très poussées et rythment parfaitement sa lecture. Quant aux références scientifiques, celles-ci ne sont pas trop fantaisistes et abordent correctement le thème du paradoxe temporel (et ce grâce à la pirouette intellectuelle des univers parallèles).
Articulé autour du mythique groupe Led Zep, Le Temps du Twist possède en outre une forte charge cynique et humoristique qui néanmoins ne m’a pas plus ravi que cela. Trop « français » sans doute, il manque peut-être de l’envergure à tout ça. Mais pourquoi se plaindre lorsque ces 300 pages se lisent en moins de deux heures ? Intéressant donc pour ceux qui ne recherchent ni de la SF crédible ni de la fantasy à la Pratchett.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La culture des années 80 en délire. Une bagnole qui remonte dans le temps, ça nous dit forcément quelque chose non ? Les clins d’œil sont nombreux et Le Tigre a du en louper un joli paquet. Florilèges pour ceux repérés : un hacker nommé 42 Crew (chiffre magique), les zombis qui boufferaient les humains, un androïde qui n’en fait qu’à sa tête,… En général, la génération sex, drug et rock & roll dans ce qu’elle a de plus caricaturale.
Le roman d’apprentissage. Comme l’indique discrètement le quatrième de couverture, les pérégrinations du petit Antonin vont lui permettre de se rapprocher à vitesse grand V de la condition d’adulte : violence en tout genre ; univers nouveau où s’adapter rapidement est primordial ; premières sérieuses virées entre potes dans une voiture bien spéciale ; une esquisse d’histoire d’amour,…bref une aventure qui prend des tournures de point de passage vers la maturité.
…à rapprocher de :
– Dans ce que la France peut faire de cyberpunk assez déjanté, il y a Maurice G. Dantec (par exemple Babylon Babies) ou Pierre Bordage (ce dernier étant un peu plus « sérieux »).
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