VO : A Month of Sundays. Premier contact du Tigre avec Updike, qui est sans conteste un auteur contemporain majeur outre atlantique. Roman pas très récent, on le sent au style, toutefois ce fut une excellente surprise : un cureton se livre et explique comment il a pu succomber aux plaisirs de la chair. Updike parvient à créer un texte intelligent et non sans humour.
Il était une fois…
Le révérend Thomas Marshfield est dans une situation plus que délicate : ayant à plusieurs reprises pêché avec quelques unes de ses paroissiennes, Thomas n’a pas d’autres choix qu’être mis au repos forcé dans une maison pour ecclésiastiques « borderline ». Obligé, chaque jour, d’écrire un journal, ce sont ces 31 chapitres que le lecteur découvrira.
Critique d’Un mois de dimanches
Pas mal du tout : fin et amusant, très bien écrit et rapide à lire. Moins de 8 pages par chapitre, le rythme est plaisant même si quelques considérations théologiques peuvent paraître parfois ennuyeuses. Mais rien qui ne puisse gâcher la lecture du journal.
Un curé, écarté de la vie active, couche sur papier ses pensées l’ayant amené à sa sa « mise à pied » temporaire. Au-delà de sa condition d’ecclésiastique, le protagoniste livre certaines considérations sur ses proches et également l’utilité de sa « cure de désintox » qu’on lui a imposée. 31 chapitres, un par jour, journal intime des plus original et sympathique.
Là où j’étais surpris, c’est le ton souvent léger et plein d’humour « pince-sans-rire » du roman qui traite un sujet que certains considéreraient comme grave. On m’avait conseillé Updike à lire, je prends un roman au hasard (un des plus anciens au demeurant), et aucune de déception, bien au contraire. A signaler que d’autres ouvrages de l’écrivain sont meilleurs, même si je suis encore loin d’avoir découvert la « panoplie » de John.
Le Tigre, lorsque grandement satisfait d’un livre, ne lit pas forcément les dernières pages quand tout a été révélé. De grâce ne le faites pas, la fin offre une ultime surprise des plus coquine, quelque chose qui clôt en beauté ce livre qui mérite grandement d’être lu.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’autocritique. Les dimanches, ce sont tous ces jours du mois où le héros écrira, tout en se reposant (golf & co). Cette œuvre, disons du moins les raisons qui ont poussé le prêtre à écrire ces chapitres, ont une portée avant tout thérapeutique. L’écriture comme remède, voilà un sujet largement traité non ? Et c’est tout à fait réjouissant de lire ce que pense Thomas de sa mise à pied, comment il a pu en arriver là. Le personnage se juge sans complaisance, voire crument et présente les paramètres qui l’ont entraîné à une telle déchéance. Updike n’y va pas par quatre chemins et montre tout, y compris la luxure…
La faiblesse de la chair, en effet. Les raisons de l’éloignement de l’homme d’église sont simples : celui-ci a forniqué à tout-va avec certaines ouailles, le démon de midi du quarantenaire ayant fait des ravages. Le lecteur va être mis en relation avec un homme entre deux âges, en position de supériorité morale et profitant allègrement de celle-ci. Il n’y a pas que du bon dans la sexualité débridée du personnage bien sûr, l’exercice étant parfois périlleux et menant à une double-vie qu’il sera difficile de justifier. Et forniquer pour avoir juste son quart d’heure de jouissance (Le Tigre pompe Warhol), à quoi bon au final ?
Le conformisme. Ballotté entre ses obligations religieuses de célibat et sa libido renversante, Thomas Marshfield a temporairement choisi la luxure. Non seulement il se livre à son autocritique, mais en plus le protagoniste principal analyse ses proches, et le constant n’est décidément pas tendre : enfermés dans les carcans de leur statut social, ses collaborateurs, maîtresses, femmes, parents,…lui paraissent lâches et dépourvus de toute spontanéité. La liberté d’agir, au risque d’être mis à l’écart comme cela arrive au héros, fait face à la convenance, ennuyeuse mais tranquille. Quelle voie choisir alors ?
…à rapprocher de :
– Un roman sous la forme d’un journal intime, je pense « de go » à Diary, de Chuck Palahniuk.
– La religion dans tous ses états, avec de délicats interdits qui seront, pour le plus grand plaisir du lecteur, transgressés, Le Tigre vous renvoie vers La lamentation du prépuce, de Shalom Auslander.
– Roman assez dur d’Updike, plus récent et très différent, lisons ensemble Brésil. Juste pour apprécier l’étendue de son talent.
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