VO : Batman Earth-One, vol.1. Oubliez l’histoire « classique » du petit Wayne et du pedigree de son environnement, Geoff Johns a décidé de prendre les même et recommencer. Nos protagonistes bien connus ne sont pas vraiment les mêmes, et les péripéties annoncent une saga somptueuse. Putain, c’est pas Asterix ou Tintin qui auraient droit à un tel dépoussiérage.
Il était une fois…
Bruce Wayne n’est pas encore un héros, et son alter-ego Batman est presque un touriste. Dans l’univers de Terre-1, quelques subtiles modifications font que notre homme chauve-souris doit se battre contre le maire, est poursuivi par une police corrompue et a pour principal allié Alfred, ancien militaire qui n’a plus grand chose à voir avec un majordome. L’aspect « détective policier » est bien loin, en piste.
Critique du premier tome de Batman : Terre-Un
Tigre n’a pas tout saisi le bordel tournant autour de la Crisis on Infinite Earths, si ce n’est que DC Comics a décidé, il y a quelque temps déjà, d’arrêter les frais question univers multiples pour ce concentrer sur un seul. Ce comics, publié en 2012 dans le cadre du thème « Renaissance DC », reprend l’idée originelle de Terre-1 en imaginant ce que pourrait être le début du Bat dedans.
Du coup, l’histoire est diverge de manière assez fine par rapport à ce qu’on connaît de la jeunesse et des premiers pas de Bruce Wayne. Si le jeune héritier va tenter de retrouver l’assassin de ses parents, il devra faire face à une pègre menée par le maire de Gotham City (dont la police dépend) et un tueur sous stéroïde qui martyrise les gosses, Happy Birthday, sorte de mastoc surstéroïdé qui ressemble à s’y méprendre à Salomon Grundy.
Le scénario de Geoff Johns et Jonathan Sibal est bien ficelé et, dans ce premier tome (sur trois, chouette), Batman va poser les jalons de ce qui deviendra une légende. Sans compter la dernière planche qui annonce une suite tout à fait excitante avec qui on devine être Enigma en personne. Quant aux illustrations de Gary Frank (dessins) et Brad Anderson (couleurs), c’est résolument moderne avec un trait précis et que je me plais à penser assisté par ordinateur.
Si les planches font plaisir aux yeux avec des protagonistes superbement rendus (quelle précision !) et un réalisme éprouvé niveau muscles ou visages, Tigre a regretté l’absence de grands tableaux architecturaux (à part une double planche ou deux). Au final, une bouffée d’air qui montre que les possibilités vis-à-vis d’un super-héros sont infinies, et sortir du carcan de nos habitudes est aussi jouissif qu’interpelant.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le reboot d’un personnage. Non seulement les auteurs ont décidé d’imaginer un nouveau début pour Wayne, mais ils en ont profité pour placer les intervenants (gentils comme méchants) un peu n’importe comment : Alfred P. est un ex-militaire, père de substitution, qui va apprendre à Bruce à se battre ; le Pingouin est le maire ; le bon Gordon est un ripou de première bourre et seul un flic/acteur de L.A. semble propre ; les parents sont tués dans la même allée mais à cause d’un film ; Dent est quelqu’un de différent. Mais le lien est réel avec l’histoire d’origine, il est aisé de remarquer qui est où et ce qui a changé. Par exemple, Lucius Fox, reste black (ils auraient pu choisir un Asiatique fort en électronique tant qu’à faire)…
La naissance d’une légende. Batman ne s’est pas fait en un jour, loin de là. On voit notre héros se faire sévèrement malmener et se rater dans les grandes largeurs au début. Sa volonté de ne pas user les armes est mise à mal par Alfred et, comme dans l’histoire d’origine, ceux qui découvrent sa réelle identité ne décèdent pas par sa faute. Sauf que la chauve-souris n’est pas la seule à être faible dans une ville corrompue : le père Gordon est une petite donneuse de première qui est coincé entre la pègre et son petit monde douillet où sa famille (dont la belle Barbara, qui se rêve en héroïne masquée) ne risque rien. Bizarre de le voir engueuler un flic qui s’indigne du fait qu’il soit marron.
…à rapprocher de :
– Parallèlement, DC Comics surfe sur la vague en s’occupant de Superman Terre-Un, de Strackzinsky & Davis. Celui-là, je ne le louperai pas.
– Les premiers pas de Batman, c’est surtout l’énorme Année Un de Frank Miller et de David Mazzucchelli. Un classique. Gordon fat quelques faux pas également.
– Il ne faut pas oublier que Terre-Un est celle de la Ligue de Justice d’Amérique, en grande difficulté dans JLA : Crise d’identité, de Meltzer et Morales.
– Sur une histoire du Batou profondément divergente, imaginez la chauve-souris au XIXème siècle avec Augustyn. Voire le Batman à travers les âges grâce aux offices du bon Morrison dans Batman : Le retour de Bruce Wayne.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics via Amazon ici.
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