VO : The Rotters’ Club. Jo Coe nous régale en général, Bienvenue au Club est un exemple parfait. Style fluide et histoire dense (plus de 500 pages, quoi de plus normal), voici un portrait de l’Angleterre des années 70 à 80 comme on en lit rarement. Presque un passage littéraire obligé.
Il était une fois…
Royaume-Uni, années 70. Études à la cool à Birmingham, premières histoires d’amoureuses, musiques nouvelles qui font leurs entrées, Londres qui n’est pas si loin, etc. Mais aussi les tensions sociales, victoires de Maggie Thatcher qui dépiaute tranquillement l’Etat-Providence, l’extrême-droite et les combattants de l’IRA. En suivant quelques protagonistes bien implantés dans cet environnement, c’est tout un pan de l’histoire du Royaume-Uni que le lecteur s’offrira.
Critique de Bienvenue au club
Un beau livre : émouvant et drôle, Le Tigre a été vite séduit. Lu en français certes, mais la traduction reste d’une qualité certaine. Le club en question, ça peut être le groupe de personnes dont le lecteur suivra les pérégrinations, ou alors le club un peu déjanté créé dans leur école.
L’histoire, le scénario, ce sont au moins trois histoires : Benjamin, Philip, Doug, ce sont leur jeunesse que nous suivrons grâce à de savants flash-backs (on oublie que c’en sont au demeurant). Trois points de vue de l’Angleterre des 70’s (et un peu les années 80), trois scenarii sans concessions où tout est progressivement dévoilé. Chapitres de taille raisonnable, aération agréable du texte, style plus que plaisant (cf. infra), on oublie vite la taille du pavé.
Car Coe est malin, et dans son arrière-pays qu’est Birmingham (lieu d’enfance de l’auteur, d’où un récit aux tournures parfois bibliographiques) un portrait général sera dressé avant de s’intéresser à une poignée de protagonistes qui évolueront dans les affres de l’adolescence. Le gros plus de l’auteur, c’est d’être parvenu à ne pas nous perdre dans toutes les péripéties (au moins dix-quinze personnages récurrents) et faire en sorte qu’on n’aie pas vraiment envie de lâcher l’ouvrage.
C’est d’autant plus vrai qu’il est arrivé au Tigre de rire plus d’une fois en parcourant la prose de l’écrivain. Particulièrement, les textes parodiques d’un des gus dans le journal de l’école sont d’un corrosif fort plaisant. Se moquant des codes et inquiétudes parentales du moment, j’attendais ses interventions avec un impatience à peine feinte. Dans l’ensemble, presque un titre incontournable, c’est du tout bon en tout cas.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le livre sociétal par excellence. L’écrivain aborde un maximum de sujets caractéristiques de son époque, mais surtout parvient à les incorporer dans son oeuvre de manière parfaitement naturelle : le déclin industriel de la région du nord du pays, le pouvoir grandissant des syndicats avant que ceux-ci se fassent botter le cul par la mère Thatcher, quelques sympathiques facéties étudiantes, le conflit irlandais, les bars enfumés aux arrières-goûts de Guiness (le truc qui ressemble à du chocolat mais en plus calorique), les premières expériences sexuelles sur fond de libération des mœurs, tout y est !
Le chaud et le froid. Pour l’instant, Le Tigre ne trouve pas d’autres termes. Je m’explique : Jonathan Coe est excellent conteur, pas de doute. Il nous sert de coquasses histoires, quelques passages qui font délicieusement ricaner, et hop ! au détour d’un chapitre, quelque chose de terrible survient. Un aspect horrible de l’Angleterre de cette période, par exemple un attentat irlandais en plein Londres, dans un pub. Basculer du plaisir insouciant, pour ne pas dire naïf, à la réalité des adultes (ou l’inverse) de la sorte, c’est assez fort de la part de Coe.
…à rapprocher de :
– Le Cercle fermé, du même auteur. La bande habituelle, vingt ans plus tard…
– Dans la catégorie « bouquin sociétal britannique », il y a le très correct Eureka Street, de McLiam Wilson. J’y pense car il y a également un moment de pur terrorisme irlandais.
– Autre club, autre sujet, mais toujours l’apprentissage de la jeunesse, française aussi, c’est Le club des incorrigibles optimistes, de Jean-Michel Guenassia.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Ping : Ennis & Fernandez – The Punisher : Kitchen irish | Quand Le Tigre Lit
Et « Le cercle fermé » est encore meilleur La toute fin est grandiose !! Coe est un génie de la littérature, y a pas à dire J’attends son dernier, « Expo 58 », dont la traduction française est prévue pour février (et dont l’histoire se déroule en Belgique, pour l’anecdote)
Ping : Jean-Michel Guenassia – Le club des incorrigibles optimistes | Quand Le Tigre Lit
Ping : Robert McLiam Wilson – Eureka Street | Quand Le Tigre Lit