Sous-titre : Une enquête du docteur Frank Clevenger (et oui il y en a une demi-douzaine). VO : Psychopath. Keith Ablow ne déçoit quasiment pas Le Tigre, et je ne saurai trop conseiller ce titre comme première approche pour cet auteur. D’un réalisme effrayant et plus qu’intéressant, voici comment pensent les psychopathes. Superbe.
Il était une fois…
Frank Clevenger va être confronté à un fou furieux : le tueur des autoroutes. Psychiatre (comme notre héros) talentueux, le tueur adore faire céder les barrières mentales de ses futures victimes qui vont, en l’espace de quelques minutes, totalement se confier à lui. Allant d’hôpitaux en institutions spécialisées tel un nomade, le vilain est presque insaisissable, seul son alter-ego de lumière étant susceptible de le retrouver.
Critique de Psychopathe
C’est le premier titre lu d’Ablow, et franchement j’ai eu ma petite claque question thriller. L’écrivain s’y connaît plus que bien (cf. infra), et au-delà d’un scénario (assez classique en fait) la profondeur psychologique des personnages est immense. Style limpide sans termes médicaux exagérément complexes, ça se dévore aisément.
S’inscrivant dans une double narration méchant / héros de grande qualité, nous suivrons à la fois l’enquête du bon docteur et les pérégrinations du « mauvais doc ». Construction d’une nouvelle identité, arrivée et intégration dans un service où il est embauché, actes médicaux délivrés, rien n’est épargné. Le Tigre se souvient particulièrement d’une scène touchante où le tueur parvient à soigner une petite fille victime d’attouchements et ce grâce à une technique fort bien pensée.
Corolairement, on peut alors reprocher un suspense assez faible sur le déroulement de l’histoire (normal, on sait qui est le psychopathe). Toutefois, il faut noter que la vie personnelle du protagoniste principal prend un nouveau tournant, offrant ainsi au lecteur des péripéties supplémentaires très contemporaines.
A ce titre, il est sans doute préférable de lire les enquêtes du docteur Clevenger dans l’ordre. Même si l’auteur le rappelle judicieusement ici et là dans son roman, le lecteur sera plus à l’aise de savoir comment les relations de Frank avec son fils adopté et sa petite amie évoluent.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les psychopathes, comme son nom l’indique. S’il faut souligner quelque chose, c’est que l’auteur est un éminent psychiatre spécialisé dans les comportements criminels qui intervient à de nombreuses reprises dans les tribunaux américains. Et les descriptions qu’il donne avec une narration omnisciente font froid dans le dos : à titre d’exemple, le lecteur prend contact avec le méchant en voyant comment celui-ci s’y prend pour tuer. Sur une aire d’autoroutes, le mec aborde une femme au volant de sa voiture. Utilisant son corps, sa façon de parler pour distiller l’absence de menace, il parvient à créer une certaine proximité. Et là ça se gâte. Manipulateur comme pas permis, l’homme parvient à extorquer des confidences hallucinantes, sans violence, avant de commettre son forfait. Le Tigre ressentait presque de l’empathie pour cet individu.
Les problèmes de famille. Dans les précédents titres (pas de spoil ici), on apprend qu’au cours d’une de ses enquêtes le doc’ a adopté le fils d’un des meurtriers psychopathes. Au-delà de la question de l’inné vs. acquis, ce jeune homme (seize ans au moins) est un peu déboussolé et pose quelques problèmes (violences, drogues, etc.) à son père de substitution. Quant à la vie sentimentale, Frank sort avec une nana de la police dont le père est un gros bonnet du FBI. Et oui, notre ami ne verse jamais dans la simplicité.
…à rapprocher de :
– La série du Dr Clevenger, c’est L’amour à mort, Psycho Killer, Compulsion, le présent titre, Suicidaire et L’architecte.
– Neil Gaiman, dans La maison de poupée (un opus du héros Sandman), rend également compte de ce qui peut se tramer dans la tête d’un psychopathe (traumas d’enfance, collections morbides, etc.).
– Un vilain assez classe, c’est presque La Chambre des curiosités de Preston & Child.
– Un vilain assez classe, et français, c’est Bloody Killer, de Michel Gérard.
– Plein de vilains pas très classes, c’est le très recommandable Les loups à leur porte, de Jérémy Fel.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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