VO : The Devil. La dernière aventure de Taylor finissait mal, et le lecteur pouvait réclamer une suite à la mesure de la saga du détective privé. C’est chose faite, avec un opus très dense et toujours aussi bien renseigné. Touchant à un sujet très sensible, l’enquête s’efface, comme toujours, face aux difficultés personnelles de l’antihéros qui souffre comme jamais.
Il était une fois…
Le détective privé Jack sort de l’asile où il errait, en proie à la culpabilité des derniers évènements du roman Le Dramaturge. Toujours sobre, c’est une Irlande plus transformée que jamais qu’il retrouve à sa sortie. Lorsque notre détective accepte sans grand enthousiasme une enquête sur un prêtre trouvé décapité dans son confessionnal, il ne sait pas qu’il est sur le point de réveiller ses vieux démons.
Critique de La Main droite du diable
Toujours excellent, ça en deviendrait presque lassant. Comme résumer les romans de Bruen à la longue d’ailleurs. Même ambiance d’Irlande dorée avant le cataclysme de la crise financière, avec le narrateur toujours plus pommé. Rien à dire sinon, toujours aussi noir, cynique, violent parfois et terriblement humain.
Humain en effet, avec des personnages tous plus réels les uns que les autres. Les parents endeuillés dont un ami a accidentellement tué la fille, une flic lesbienne aidant Jack et qui voit des vertes et des pas mûres, le souvenir d’une mère catholique fervente assez flippante, et encore d’autres.
L’histoire (à moins qu’il ne s’agisse de deux enquêtes encore) est assez basique, et n’est encore qu’un prétexte entourant le personnage du héros. Celui-ci lutte comme jamais contre ses anciennes addictions, nous livre d’utiles références littéraires et musicales, bref communique aussi bien avec le lecteur qui est ravi.
A lire donc si le lecteur a aimé les opus précédents, et c’est non sans impatience que Le Tigre attend une suite.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La culpabilité poussé à un point à la limite du soutenable. A cheval avec le précédent bouquin de Bruen, Jack Taylor est responsable du décès de la petite Serena, qu’il n’a pu surveiller correctement. Fille de ses amis, celle-ci hante Taylor au point qu’il passe quelque temps dans un asile psychiatrique. Ancien toxico qui a du mal à extérioriser, Jack Taylor aura le plus grand mal à montrer qu’il souffre comme les parents. Assez poignant comme situation, Le Tigre ose le rapprochement avec le délire du héros en période de sevrage dans Trainspotting.
La pédophilie dans l’institution catholique. 2003, nous sommes en plein dans les scandales qui bousculent l’Eire. L’œuvre est en grande partie tournée vers ces horribles actes commis par des personnes dont la population a (avait ?) la plus grande confiance. Traumatisme des victimes, enfouissement de certains souvenirs, vengeance totale contre ces prêtres, c’est fort instructif. Il fallait surtout oser aborder ce sujet délicat, et Bruen s’en tire plus qu’honorablement.
…à rapprocher de :
– Les affres de l’asile psychiatrique, avec un mort sur la conscience, c’est un peu l’histoire de Walter dans la très captivante série Fringe.
– Bruen, c’est que du plaisir. Dans l’ordre s’il vous plaît : Delirium Tremens, Toxic Blues, Le Martyre des Magdalènes, Le Dramaturge.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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