VO : The Killing of the Tinkers. Suite du très bon Delirium Tremens, Le Tigre a noté de multiples progrès dans cet opus : plus de matière, personnages approfondis, guide culturel littéraire et de l’Irlande, on sent la maturité grandissante de l’auteur. Quant à l’intrigue, qui n’est pas vraiment le centre du roman, celle-ci rend le tout encore plus humain. Encore une friandise.
Il était une fois…
Jack Taylor, ancien flic reconverti en détective privé, revient au bercail après quelque temps passé à Londres. Encore plus mal en point qu’auparavant, c’est au bord du gouffre que des gens du voyage (les Tinkers) lui demandent son aide. Logé et nourri en échange de ses recherches, Jack va s’enfoncer dans l’Irlande underground.
Critique de Toxic Blues
Ken Bruen fait de mieux en mieux, réjouissons nous. Comme d’habitude l’enquête n’est pas si importante, ce sont les références culturelles et le style de l’auteur qui font tout. Car c’est un livre à lire d’une seule main, l’autre tenant un stylo pour noter les bouquins dont Taylor nous parle (et pas que des polars). Le titre en Anglais, hélas traduit par des sagouins vers la langue de Molière.
Sur le scénario en lui-même, la mémoire sélective du Tigre lui fait des tours. Ce dont je me souviens est un Taylor plus bas que jamais, avec une évolution intéressante, notamment lorsqu’il en prise avec les femmes. Ses proches, en outre, sont parfois sujets à des crises monumentales. A noter une seconde petite enquête, pas forcément nécessaire à cette œuvre mais nous arrachant plus d’un sourire.
Les chapitres sont un peu plus longs que le précédent titre, le tout permettant plus de profondeur. Pour conclure, indéniable progression chez Bruen qu’il ne faut pas rater.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le Tigre a beaucoup appris sur l’Irlande, loin de ce que pourrait offrir un lonely planet. L’œuvre se passe en pleine effervescence économique. Ces années folles caractérisent la montée du « Tigre celtique ». Enrichissement de partout, nouvelles opportunités, le lecteur est plongé dans une ambiance plus qu’optimiste. On y croit, on est en plein dedans.
Hélas le reste de l’ambiance n’incite pas, autour du héros, à l’optimisme. Outre certains personnages bien atteints, c’est notamment l’incompétence affolante de la police locale qui fait peur dans ce roman. Flics bedonnants, à l’intelligence rare (à prendre au premier sens hein), aussi corrompus que dans le précédent polar de Bruen, on n’est pas loin du cliché de film de série B si ce n’était pas aussi bien décrit.
L’ambiance générale est également plombée par le protagoniste principal qui n’est pas à la fête. Avant c’était tout simplement un alcoolique. De retour de Londres, le Jack est aussi cocaïnomane. Son (ses plutôt) enquête(s) ont lieu entre quelques bières et rails de coke, je vous laisse imaginer l’état du personnage. Intéressant sur les descriptions de l’effet du produit, qui ne donne définitivement pas envie, et fort intelligent de la part de l’auteur puisqu’on est plus que tenté de savoir comment le héros va gérer après cet épisode.
…à rapprocher de :
– Les autres enquêtes de Jack Taylor, bien sûr. Chronologiquement ça donne : Delirium Tremens, Toxic Blues, Le Martyre des Magdalènes, Le Dramaturge, La Main droite du diable.
– Sur l’évolution sociologique de l’Irlande, vous pouvez ne pas lire Tromper la mort de Maryse Rivière.
– La façon dont les problèmes et solutions vont au-devant de Taylor est très San-Antonio, tout comme les monologues du personnage.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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