VO : Shisha no ogori. Ôé a eu le prix Nobel, Le Tigre ne le répètera jamais assez. Folio aime rassembler ses nouvelles sur des thèmes assez proches, de qualité souvent disparate. Ici, la violence de la jeunesse. Style sombre et parfois glauque, sur fond de perversions morales en tout genre, rien d’optimiste. Hélas sur plus de 200 pages seule une nouvelle sort du lot.
Il était une fois…
Trois nouvelles, encore trois (très) petits paragraphes.
Première nouvelle, très vite zappée. D’où la catégorie « non terminé ». Désolé.
Deuxième nouvelle : une personne subit une domination écrasante et d’ordre sexuel dans un environnement glacial.
Troisième : un jeune, profondément manipulé et basculant vers la droite extrême japonaise.
Très court je l’admets, mais nul besoin de raconter toute l’histoire.
Critique du Faste des morts
Chose curieuse, et à l’inverse du roman Dites nous comment survivre à notre folie, le rythme et la qualité des nouvelles vont dans un ordre croissant. Cet ouvrage peut être acheté rien que pour la troisième, voire la seconde nouvelle.
La première nouvelle, comme je l’ai dit, aucun intérêt à mon sens. Perte de temps inutile, surtout qu’il faut s’accrocher pour comprendre ce qui se passe. Quant à la deuxième, pas évidente à saisir non plus et immensément équivoque : les descriptions érotiques mâtinées d’humiliation peuvent mettre mal à l’aise, d’autant plus que le style est très loin de ce qu’on trouverait dans une bibliothèque rose.
Toutefois, le meilleur reste pour la fin. Le dernier récit est une petite tuerie : 75 pages sur un jeune homme de 17 ans qui bascule lentement mais sûrement vers l’ultra nationalisme nippon. Sa vie de tous les jours, immensément glauque, est rendue par Ôé non sans une certaine maîtrise. Très bon, style impeccable.
Vous l’aurez compris, le dernier texte est le fil conducteur de ce bouquin. En outre, Le Tigre croit savoir que la suite n’a jamais été publiée à cause de menaces provenant de l’extrême-droite.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Pour avoir quand même jeté un œil (certes sévère) aux deux récits, un thème central se dégage facilement du Faste des morts. Il convient d’abord de relever la date de parution au Japon de son œuvre : fin des années 50, l’auteur n’avait même pas 25 ans. Une telle maturité dans les récits est remarquable, surtout sur des sujets aussi graves. Hut ab !
Le Tigre ne sait pas à quoi ressemblait la vie du jeune Ôé au cours de ses 20 ans, mais le rendu littéraire de cette époque laisse penser que ça n’était pas la joie. Mort, extrémisme, humiliation, domination tant sexuelle que par des groupuscules politiques, tout cela est fort malsain et profondément pessimiste sur l’état du monde en devenir.
…à rapprocher de :
– Dites-nous comment survivre à notre folie, même auteur. Trois nouvelles, deux qui sont plus que sympathiques.
– La dernière nouvelle, avec les travers du Japon vus par un jeune en perte de repère, le vocabulaire fait penser à un auteur plus « réactionnaire », namely Mishima et son très Le Japon moderne et l’éthique samouraï. Pour se mettre à la place de l’extrême-droite.
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