J’ai bien peur que vous vous apprêtiez à lire le billet le plus personnel, hum, intime même, de votre félin préféré. Tigre se livre comme jamais il n’a osé, et compte bien vous entretenir d’une grave maladie dont il est atteint : le fétichisme du nombre 12. Le fameux dodéca, le précieux nombre dont je suis amoureux. Pour info, ce billet comporte 1 212 mots. Si.
Éloge du Douze
Certains roucoulent de plaisir en visionnant des choses peu catholiques sur la vaste toile numérique ; d’autres n’en peuvent plus de voir leur équipe préférée aligner l’adversaire sur un terrain quelconque ; pour ma part, mon membre turgescent atteint son apogée dès que je suis en présence d’un douze. C’est comme ça, et je m’en accommode plutôt bien.
Autant que je m’en souvienne, cette révélation a pris corps lorsque grand-mère puma m’avait amené à la foire du trône. Je ne parle pas de l’état de ma litière un lendemain de cuite. J’avais sept ans. Je refusais de prendre la voiturette du circuit en forme de huit tant que celle portant le numéro 12 n’était pas libre. Je l’avais attendue un bon quart d’heure. Autant vous dire que je n’avais pas eu le droit, par la suite, à la barbe à papa.
Le reste de mon existence ne fut qu’une liste d’exquises confirmations de la portée magique qu’il fallait que j’attribuasse à ce nombre. En vrac, ça donnait à peu près ça :
Je suis né en 84 ; l’addition de mon numéro d’étudiant était un multiple de 12, tout comme celle de mes numéros de sécu ; mes deux prénoms forment douze lettres ; Mylène Farmer est née un 12 (ma copine a beau dire, je ne suis toujours pas gay) ; c’est le nombre d’étoiles au drapeau européen (Tigre est fédéraliste intégriste, ne l’oublions pas) ; y’aurait soixante-douze vierges qui m’attendent si je me fais sauter devant le stand Dargaud/Bragelonne/Gallimard à la prochaine édition du salon du livre [faites votre choix, sachant que je continuerai à les afficher tant que ceux-ci ne répondront pas à mes exorbitantes demandes de partenariat].
C’est simple, je trouve toujours le calcul idoine pour retomber sur mes pattounes.
Les risques de la dodécaphilie
Etre amoureux d’un nombre est loin d’être une sinécure, j’en souffre intensément. Surtout les autres.
Déjà, mon rythme de vie est calé sur cette unité. Au ciné, place n°12. Pas d’exception. Pareil dans le train, je me fous par défaut sur ce siège et propose l’échange dès que le propriétaire du billet se pointe. Cela marche une fois sur deux. Pire, je règle mon réveil en fonction d’un multiple de douze. Aussi, si je ne me lève pas à 7h48, il faut que j’attende 8h12. Allez expliquer ça à votre patron. C’est comme les cannelés, macarons ou autres saloperies chèrement vendues. Soit j’en dévore douze, soit aucune. Six, à la rigueur, et souvent l’envie de bisser est très forte.
Ensuite, cela me fait parfois passer pour un débile. Ou un être profondément dérangé. Je m’explique : j’ai pour habitude de compter en base douze. Je ne parle que par douzaines, grosses, etc. Mon petit plaisir est de rendre folle toute boulangère en lui commandant une demi-douzaine de demies baguettes bien cuites. Ou une grosse de chocolat (144 grammes). Si la vendeuse du stand 34B marché de Noël de la Défense me lit, je n’insinuais pas que t’avais un derche aussi large que la Grande Arche, seulement que je voulais 144 grammes de guimauve. Et que ça ne sert à rien de prévenir la sécurité, car je suis connu dans le quartier.
Blague à part, si l’Humanité était un peu moins conne, ça ferait longtemps qu’on compterait en base duodécimale. Division par 2, 3, 4, 6, check ! Alors qu’en base 10, merde le 5 sert à rien. C’est comme le 7, des chiffres soi-disant magiques qui font juste chier quand on souhaite correctement s’en servir. Faut mieux additionner ces petits cons, le résultat est parfait. Je ne vais pas vous meubler les vertus mathématiques du 12, sachez juste que dès que je serai Président de l’UE, ma première décision sera de modifier l’ADN humain pour qu’on ait, à terme, six doigts. La base 12 viendra d’elle-même. Votez Tigre.
Enfin, cette passion me contraint à commettre certains actes qui seraient inscrits dans le Code pénal. Genre. Bon, il est vrai que pas mal d’habitants des villes dans lesquelles je sévis se plaignent de ne plus recevoir leurs courriers. Je n’ai aucune idée des qualités intuitives de la police de notre pays, j’espère seulement que les flics ont remarqué que ces personnes habitent toutes au numéro 12. Si vous êtes restaurateur et que vous avez « perdu » l’encart affichant le numéro de la table douze, envoyez la note à mon adresse de contact du blog. Idem pour les collectivités territoriales à qui il manque des plaques de noms de rues où apparaît ce numéro.
Et ce ne sont que des exemples. Plus j’écris ce billet, plus j’hésite à le publier tellement mes rites semblent être les motifs que sœur-panthère attend pour m’envoyer en HP, ou me mettre sous curatelle, juste le temps de faire main basse sur ma bibliothèque.
Le blog et le douze, l’alliance des puissants
Pourquoi se mettre à poil devant vous sans la moindre vergogne ? Simplement afin que vous compreniez comment mon esprit, donc QLTL, fonctionne. Je suis le premier blogueur en ce bas monde qui a connement articulé son site autour d’un numéro. Un exploit, vous n’imaginez pas combien de fois 12 revient. Je vous donne quelques illustrations, sachant que jamais vous ne pourrez toutes les trouver :
Les « bons plans » littéraires que je donne sur un thème précis sont au nombre de douze : les glorieux Dodécatoras, communément appelé le Top 12.
Les images illustrant les billets (dont le format est petit, j’en conviens) ont un nombre de pixels multiple de douze. Pour les couvertures de livre, c’est du format 132×216 par exemple.
La page d’accueil ne comporte que les douze derniers billets. Pas un de plus.
De même, l’extrait des billets sur cette même page comporte 72 (ou 60) mots.
Les clairvoyantes explications sur certains sujets sont livrées en trois ou quatre parties.
Lorsque je planifie la publication d’un billet, celle-ci aura lieu à 12h12 par défaut. Vous êtes au courant pour la mise à jour quotidienne.
Lorsque ce blog aura douze ans, il disparaîtra sans prévenir. Tel un Jésus numérique, QLTL renaîtra de ses cendres, trois jours après, sous la forme d’un site irradiant de puissance et contaminant les esprits de chacun pour les amener à honorer la nouvelle Religion du Douze. Plus prosaïquement, je pensais à un virus informatique qui transformerait chaque mot en « 12 », et les « 12 » en smileys. Juin 2024, vous voilà prévenus.
Conclusion12
Le premier qui parle de superstition, je le bouffe. Cela n’a RIEN à voir : cette ignorance crade et moyenâgeuse concerne essentiellement des manies dites négatives. Faut pas passer sous une échelle, croiser un chat noir, tourner le dos à Sarkozy, répondre DTC à ton prof de géo qui te demande où est le Surinam, etc…
Ce n’est pas non plus une fixation morbide à la Jim Carrey. Dans l’esprit du Tigre, la dodécaphilie n’est qu’amour et recherche du somptueux nombre avant d’entreprendre quoi que ce soit. Un peu comme les Chinois avec le 8, mais en pire.
Le Douze, c’est la vie.
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Je n’ose imaginer ton état à 12h12 le 12/12/12, heure de l’apéro.
Pastis 51? Pas multiple.
Pernod 45: non plus.
Alors restent:
12 Bouteilles de cuvée du pape Pie XII à 12 degrés?
12 packs de 1664?.
Et au final une gueule de bois de 12 jours.
Je vais relire tes billets de l’époque…et je reviens.
Ce fameux jour, j’avais posé un jour de congé. J’avais fait un baraton la veille et m’étais arrêté au douzième (dans le douzième arrondissement d’ailleurs) bar, et mis mon réveil à 12h12. Je l’ai raté, j’étais en rage.
Ben voilà…
…12 réveils tu n’y as pas pensé?
Rhoooo, y en a c’est des vrais clés de 12!
Et c’est 12 jours que tu aurais dû poser.
J’ai donné l’adresse de ton site à une cousine de Barcelone qui est correctrice et traductrice pour Grijalbo. Elle était ravie de savoir qu’il n’y avait pas que des sites littéraires ennuyeux, ronflants, pompeux et poussiéreux peuplés de vieux messieurs.
C’est gentil ça Ri ! Ma tigresse me charge de te dire que pourtant : 1/ je lui pompe l’air avec ce blog 2/ je ronfle trop et 3/ la poussière s’invite trop souvent dans ma tanière.
Dire que j’ai failli écrire: vieux messieurs vicieux…
Dame tigresse (gloire à elle!), qui comme toute les félines de race est délicate et soigneuse, aurait sans doute eu une amusante réflexion. Mais cela « ne nous regarde pas! »
Au fait, l’article sur Lévy de juillet 2013 et le divertissant jeu des 12 titres est très ludique mais cruel. Moi j’ai dit cruel? Mouaaaaarf!
Bravo pour tout Tigre, longue vie à ce blog, prospérité et succès.
Que de bons mots, merci encore. La cruellitude est avant tout affectueuse, et la prospérité arrivera très bientôt (dès que Pivot m’invite à la télé, mais il n’a pas l’air pressé).
Pour Levy, son anniversaire est en octobre, et à chaque fois que je poste ce billet sur sa fanpage, celui-ci disparaît en moins de trois minutes…
Heureuse de savoir que je ne suis pas la seule cinglée des chiffres ! Je commençait à m’inquiéter… Maria 5.
Où l’on apprend que le tigre est un tigrounet et que c’est un sacré pardouzard.
Attention, j’ai pu naître en 1884, un 12, comme Modigliani… En plus, 1884 = 12 * 157 (qui est un nombre premier sexy). Merci pour ton énième jeu de mots, je ne te cache pas que mes zygomatiques les attendent avec une certaine nervosité.