Le titre est certes aguicheur, cependant ne me jugez pas trop vite. Car s’adonner à de basses pratiques soi-disant intimes n’a pas du tout la portée sexuelle vu du côté des félins. Ceci relève de la bonne santé de son chat. Mais, pour un sujet aussi sensible où Le Tigre pourrait être injustement accusé de mille maux, je préfère laisser parler l’intéressée.
Éloge de la feuille de rose (par le chat)
Je me présente rapidement : Marelle, douce animale de compagnie du propriétaire des lieux numériques. Le Maître m’a proposé de rédiger sur son site miteux mes doléances, paraîtrait que j’écris mieux que lui. Je crois surtout qu’il m’a fait prendre le clavier au cas où la S.P.A. viendrait lui chercher des noises.
Je dois avoir environ 7 cycles (le Maître ne fête pas mon anniversaire) et, jusqu’ici, je n’ai pas à me plaindre. Enfin presque. Car depuis quelques années quelque chose en effet me turlupine : disons que personne ne s’occupe de mon anus dans la maisonnée.
Pourtant, j’ai encore le souvenir vivace de mes premiers mois en tant qu’être conscient et câlin. Et, autant que je me rappelle, mon derrière faisait l’objet de toutes les attentions de la part de ma maman bien aimée. Quatre fois par jour en moyenne, mère réclamait ma présence et m’offrait une séance de pure et innocente délectation : elle commençait par lécher ma soyeuse fourrure, examinant chaque recoin de mon dos à l’affut des aspérités et corps étrangers qu’immanquablement je ramassais lors de mes rieuses pérégrinations dans le jardin. Oui, ça je m’en rappelle, même si mes réminiscences tendent à perdre de leur précision. En vrac : des heures à courir avec mes frères dans la verdure ; de mignonnes prises de bec avec mes sœurs dans des parterres de fleurs qui piquent ; quelques mulots que nous faisions savamment rouler sous nos pattes ; et les bols de lait ingénument placés aux quatre coins de notre aire de jeu.
Puis, réglée comme une coupe, la toilette prenait une tournure encore plus délicieuse puisque maman s’assurait de la propreté de nos parties…personnelles. Plus précisément, ma génitrice se positionnait en aval de ma frêle personne et se soumettait à une étude attentive de mes glandes anales. Non seulement mère les inspectait, mais en plus elle les léchait une dizaine de secondes en vue de détecter je ne sais quoi.
De mon côté, je considérais cet acte naturel comme une douce mignardise à l’issue de laquelle je me sentais pleinement propre, comme lorsque je rentrais à la maison après un impromptu crachin breton. Quelque part, je savais que l’examen dont je faisais l’objet avait la puissance de mille rendez-vous chez le charlatan en blouse blanche qui avait notamment tatoué mon oreille gauche.
Hélas, sans crier gare, ma maman changea. Ou disparut. Je ne la reconnus plus, son odeur et sa masse avaient disparu de mon spectre sensitif. J’avais changé de maison. Toutefois, le nouvel être qui me prit sous son aile avait tout de Mère – à part sa taille, infiniment plus intimidante. Car cet individu, mon Maître, m’a toujours aimé de la même façon avec laquelle j’étais habituée. Je recevais, négligemment, de la nourriture en quantité infinie, de l’eau en veux-tu en voilà, et un endroit chaud et douillet. En sus, d’incessantes caresses m’étaient couramment prodiguées. C’est notamment pendant ces très attendus attouchements que, par atavisme félin, je lui présentais ma croupe disponible.
Mais rien ne s’est passé depuis. Pourtant, il me semble avoir envoyé tous les signaux adéquats, que ce soit par mon comportement équivoque ou les phéromones que j’émettais. Une fois par semaine au moins, quand je sentais mon cul plus sale que d’habitude, je me présentais en début de soirée auprès du Maître. Celui-ci, invariablement, buvait un breuvage rougeâtre tout en manipulant un énième objet à base de papier en mouillant son doigt. Jalouse de l’attention portée à cet artéfact, c’est tout naturellement que je tentais de m’imposer à l’aide de savants frottements de mon postérieur sur ledit objet. Ne comprenait-il pas ce que j’attendais ?
Ensuite (parce que mon protecteur n’agissait point), et avec la subtilité dont je savais faire montre, je décidais de m’allonger face au Maître en lui présentant mon plus beau profil. A ce moment, la déception était toujours au rendez-vous : mon parent de substitution préférait toujours m’écarter d’un geste agacé quoique suave, comme si je le dérangeais au milieu d’une activité plus importante que celle de sucer mes glandes anales.
En raison de ces refus répétés, je me suis résolue à tenter de me traiter moi-même. Hélas, et à cause de mon obèse corpulence, atteindre mon fondement pour me lécher était périlleux. Plus grave, j’avais besoin d’un fumet différent pour prendre en charge mes muqueuses intimes, car appliquer ma salive dessus ne me permet pas de déceler un quelconque problème de santé. J’espérais donc que mon Maître s’occupât de cet aspect au lieu de m’envoyer chez une inconnue que je détestais – ça s’appelle apparemment un vétérinaire.
Face à ces rejets qui sont autant de camouflets, j’avais cru bon donner à ce léchage de cul en attente une démarche résolument érotique. Adoptant une allure vue dans certains films que mon Maître regardait le samedi soir, j’essayais de sortir le grand jeu en émettant un savoureux miaulement plus proche de la femelle en chaleur que de chat en attente d’un nettoyage aussi intime que légitime. Cela aurait pu fonctionner.
Néanmoins mon gardien s’est rapidement mépris sur mes nobles intentions. Soit il sortait un coton tige pour me l’enfoncer dans mes parties génitales (ce dont je n’avais pas besoin), soit sous l’emprise de l’alcool il utilisait un objet d’une barbarité affolante pour me frotter, sans distinction, le minou et le cul – à savoir une brosse à dents électrique.
Me voilà donc, profondément désemparée, à réclamer par la présente une feuille de rose, un colibri, un anulingus, une gâterie anale, bref que quelqu’un se sorte les doigts du cul pour suçoter le mien. Or, mon parent semble avoir son gros derche posé entre deux chaises. D’une part, le Maître me lance, à longueur de journée, des mots d’amour dont je sais être la seule récipiendaire. Il me donne régulièrement du « ma chérie », « mon estomac sur pattes » et d’autres surnoms auxquels ses conquêtes d’un soir n’ont jamais eu le droit.
D’autre part, dès que ça devient sérieux, Le Tigre (oui, il aime se faire appeler ainsi) se défile telle une peureuse anguille lorsque j’attends de lui la salvatrice lèche. Faudrait savoir ce qu’il veut : est-il un énième quidam ou, comme je l’espère, un convenable substitut de Mère à qui il m’a arrachée ?
A tout bien réfléchir, j’ai conscience de réclamer quelque chose de troublant et pouvant prêter à confusion. Cependant, je ne suis demandeuse que d’un léger coup de langue afin de réveiller, au moins, les barrières immunitaires de mon corps exigeant.
Conclusion du Tigre
Très franchement, je ne sais pas pourquoi j’ai laissé la plume à Marelle. Elle vient de me foutre grave la honte avec ses demandes dégueulasses. Je ne suis pas de cette trempe, qu’elle aille se faire sucer l’abricot par ses propres moyens.
Sérieusement, ses glandes anales puent la mort, c’est comme si j’assistais à un spectacle de Gad Elmaleh. J’ai beau avoir joué la montre en utilisant une éponge, seulement Marelle s’est vite rendue compte que je me foutais de son derrière comme de mon premier caca.
Quant à ceux qui se questionnent sur le numéro de ce volume, la réponse est éminemment culturelle : À la Feuille de rose, maison turque est une comédie libertine de Guy de Maupassant représentée pour la première fois en 1875. Maupassant, c’est le connard dont j’ai dû, au collège, lire un roman. Bel Ami je crois bien. La poule du héros se nommait Mme de Marelle.
La boucle est bouclée.
Ping : Encycatpedia Vol.XXXIV : embrasser son chat sur la bouche | Quand Le Tigre Lit
Tigre, ce billet m’a beaucoup plu. Mais je vois cette histoire de coton tige revenir assez souvent: je suis tombée sur votre blog une fois comme ça, oui. N’en parlons plus.
Cdt, http://m.youtube.com/watch?v=KRv9LUXgdl8
Pas de souci Lou. Je vous avoue que ce billet au sujet d’un certain coton tige, avec des mots clés et un thème abondamment licencieux, m’apporte énormément de trafic. Seulement, 90% des internautes arrivant sur l’article en question voulaient lire (regarder surtout) autre chose. Je ne vous juge pas. Bibis.
Passez le clavier à sa chatte, voilà ce qui arrive !
Je ne suis pas prêt de le lui laisser à l’avenir. Chaloperie.