Le Tigre a encore perdu un pari. J’avais dit être capable d’écrire en trois minutes un roman de même facture qu’un Musso, hélas j’ai échoué : un mot compliqué s’était glissé à la soixantième page. Mon gage ? Raconter une blague de très très mauvais goût en rapport avec L’histoire de Pi. Voici ma pénitence. Si vous avez d’autres blagounettes, je reste preneur.
Le lion, le tigre et la panthère
A la suite du naufrage d’un navire déménageant un zoo de l’Inde vers le Canada, tous les animaux ont coulé. Tous ? Non, une poignée d’entre eux est parvenue à rejoindre une île déserte à la nage. Barboter dans la flotte sur de longues distances étant un exploit que seuls les félidés peuvent réaliser, les naufragés ne sont que trois individus de cette espèce.
Léo (magnifique lion capturé près de Kinshasa), Titi (somptueux tigre de Sumatra) et Bagheera (aguicheuse panthère de Primorie) sont donc sur une petite île en attendant les secours. Ils ont de la chance, y’a plein de lapins sur place, aussi ils n’ont pas (encore) besoin de s’entre-tuer. Manger étant acquis, il appert au bout de quelques semaines que Léo et Titi ont toutefois un autre genre de besoin à satisfaire.
Le lion parle de ce souci en premier au tigre, à l’abri des oreilles de la panthère :
– Écoute Titi, j’ai beau réfléchir, je ne vois pas comment on va gérer nos vies sexuelles. On est deux beaux mâles, et il n’y a qu’une femelle à portée. Bagheera est tout à fait mon style, cependant je sais que tu lorgnes dessus également.
– Je pensais exactement la même chose. Autant rester gentlemen et mettre en place un système de rotation : les semaines paires, tu t’occupes de la panthère. Les semaines impaires, c’est à moi de me vider les glaouis. Ça te convient ?
– Bingo. Prem’s au fait.
Hélas, mille fois hélas, nos deux amis mettent un peu trop de cœur à l’ouvrage. Si bien qu’au bout d’un mois à peine la panthère ne tient plus le rythme et décède. L’accident bête. Titi et Léo sont au désespoir, ils redeviennent progressivement nerveux. Trois semaines après la mort de Bagghera, le tigre ne tient plus et interpelle son pote :
– Je suis à bout, faut absolument trouver quelque chose. J’ai bien une idée, et même si ce n’est pas vraiment mon orientation sexuelle je suis prêt à faire une exception.
– Je suis d’accord. J’ai bien cogité de mon côté, et la solution me paraît évidente. On n’a qu’à faire un peu comme avant : les semaines paires, tu fais la saillie, et les semaines impaires, je me fais plaisir à mon tour. Personnellement, ça ne me dérange pas, du moment que tu t’y prennes avec douceur.
– Ça marche. Prem’s.
Et la joie revient dans la petite communauté. Titi et Léo, plus légers, sont optimistes et ont retrouvé le sourire. Toutefois, au bout de quelque temps, un certain malaise se répand. Les deux félins n’ont pas été éduqués de la sorte, et malgré leur ouverture d’esprit ils sentent que ce qu’ils font est relativement sale. Le tigre fait part de son cas de conscience :
– Léo, je ne sais pas pour toi, mais de mon côté je ne suis pas sûr de vouloir continuer ce qu’on fait. Sans polémiquer, c’est quelque chose qui n’est pas vraiment naturel. Je n’ai que rarement vu ça au zoo, et j’estime qu’on s’abaisse au niveau des humains en baisant de cette manière.
– Moi aussi ça me dérange profondément. Mais que proposes-tu comme alternative ? Qu’est-ce qu’on va devenir ?
– D’abord, je propose qu’on l’enterre.
Bon , maintenant , il faut se méfier des paris de ce genre .
Colin Dexter, professeur de grec et latin , diplômé de Cambridge, puis enseignant à Oxford , avait fait le pari d’écrire un roman policier , genre pour lequel il professait un certain mépris.
Résultat , il en a écrit 13 , le premier ayant été un succès immédiat.Et il a fallu qu’il tue son héros pour passer à autre chose
Connoissons pas ce monsieur, gloire à lui. Il a quand même mis plus de 20 ans à se décider à tuer son inspecteur, je le soupçonne d’y avoir pris gout.
Salut tigre
J’aime bien ta blague , un peu longue quand même.
Serais-tu capables de la remettre sur la Rue, malgré la très Sainte Charte?
Je la mettrai lorsqu’un article s’y prêtera. Juste le lien, pour pas encombrer le très Saint Site. Pour la longueur, rien à voir quand je la fais à l’oral (je tiens 12 minutes au moins).
c’est presque plus drôle avec des félins !
PS : y’a moyen d’avoir votre roman « 3 minutes » ?
Non, dans la mesure où je l’ai déclamé en improvisation. Ce fut une fulgurance intellectuelle comme le félin en est capable, sous l’emprise du champagne.
J’ai ri. Sans doute parce que c’est très sale.
Une blague parfaite pour les repas de famille !
Attention, mon grand-père ne l’a pas comprise et l’a trouvée nulle.
Grand-papa, si tu me lis, achète toi un humour.
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