La curiosité du Tigre a bien failli le perdre, c’est le cœur lourd ces quelques lignes ont été écrites. Souhaitant ardemment savoir où se baladait mon chat, j’ai mis au point un système qui coûte une blinde et à la logistique afférente très lourde. Aussi, pour vous épargner ces peines, voici le résultat de cette expérience scientifique.
Comment espionner son animal ?
Il n’y a pas que la NSA qui espionne à tout-va, Tigre voulait sa part du gâteau. Avec la même honnêteté intellectuelle qui caractérise l’agence gouvernementale américaine, voici comment je me suis justifié : connaître les fréquentations habituelles d’Edgar (le nom de mon chat, en rapport avec la tarlouze à la tête du FBI) est le meilleur moyen de le protéger, voire le secourir s’il est en grande difficulté. Je fais cela pour son bien, mais comme Edgar est décidément trop con pour le comprendre, je me suis bien gardé de lui expliquer pourquoi je l’ai affublé d’un nouveau collier.
Vous vous en doutez, le procédé que j’ai choisi est excessivement élémentaire : j’ai acheté une puce GPS que j’ai collée à une médaille passée au cou du matou. Je ne compte pas faire de publicité pour le fabriquant, faut juste savoir que leurs produits sont très bien foutus. On achète le petit objet, accompagné de son logiciel de traçage. Comme je me méfie d’Edgar, j’ai opté pour la formule dite « complète » (le prix reste indécent, aussi une quête sera organisée à la fin du billet).
Muni d’une bonne connexion internet, votre ordinateur peut recevoir, à quelques minutes d’intervalle, la position (à deux mètres près, imaginez-vous !) d’Edgar. On peut choisir la fréquence, pour ma part je me suis décidé à un relevé par heure. La version cheap du produit aurait consisté à attendre de récupérer le collier et le connecter. Mauvaise idée à mon sens, ce serait comme confier cent euros à votre neveu dans un magasin de bonbecs. Vous êtes sûr de les perdre.
Voici donc les données compilées au de l’expérience qui a duré 30 jours.
Où se balade le chat ?
Je suis désolé, mais je ne publie très peu d’images sur ce blog. Déjà je n’ai pas le temps, et en plus je ne sais pas vraiment comment procéder. Annexer au présent volume la carte du GPS aurait été de bon aloi, toutefois en le faisant n’importe quel lecteur aurait su où j’habite. Et je ne compte pas voir ma tanière squattée par une foule en délire qui fouillerait mes poubelles. Pas besoin de savoir quelle marque de couches j’utilise. J’ai donc illégalement téléchargé un logiciel d’une rare puissance pour reproduire ladite carte en modifiant l’allure de ma mansarde.
Comme vous pouvez le voir, ce n’est pas sans raison que Tigre était le souffre douleur de la prof’ de dessin au collège. J’avoue, c’est sacrément moche. Si vous reconnaîtrez sans difficulté la rue du bas, les immeubles devant et les espaces verts, je vous signale que les carrés en haut à gauche sont des garages, et les petits points rouges le relevé de position d’Edgar pour chaque heure. A raison d’un mois de surveillance, le compte paraît bon.
Que remarquons nous ? Avant de répondre, j’ai bien conscience de l’empirisme de mes déclarations. Le territoire d’un chat dépend de son âge, où il vit (sa sphère de coprospérité sera plus vaste dans la Creuse qu’à Hong-Kong), son sexe, le nombre de congénères autour de lui, etc. Là, je ne parle que d’Edgar. Extrapoler à votre propre animal doit être fait avec la plus grande prudence.
Au premier abord, vous voyez que Le Tigre n’habite que les deux tiers gauche de l’immeuble. C’est un peu là qu’Edgar passe le plus clair de son inutile temps. Ceci est plus que son territoire, c’est son sanctuaire où repos rime avec boustifaille. Plus encore, il a même une petite boite en carton, dans le salon, que je m’interdis de violer (on parle de la boîte, pas du minou).
Ensuite, il y a son territoire « par défaut » dès que je consens à le faire sortir. Il file sur la gauche et va bouffer de l’herbe et pisser sur la pelouse devant nos fenêtres. C’est dans ces zones là que je suis sûr de le trouver, et aucun autre minet. Sa chasse gardée. Je note, non sans plaisir, qu’Edgar a bien compris mes leçons et ne s’aventure jamais du côté de la route. Comme quoi, l’avoir tenu en laisse pendant trois années a suffit.
En outre, une fois qu’Hoove…euh Edgar s’est bien assuré que personne ne vient chier sur son secteur exclusif, il lui arrive de porter ses pérégrinations vers le nord. Merveilleuse intuition, ce terrain (parking et espace vert en haut) coïncide avec le cadastre de mon immeuble. C’est comme si mon chaton avait compris que cela lui appartenait potentiellement, que c’était le prolongement naturel de sa très féline juridiction. C’est dans cette zone qu’Edgar a le plus à faire. Son âge avançant, ses visites s’espaçant, il est quelques chadversaires qui ont pris la confiance et se pointent dans cette zone interdite.
Enfin, Eddie se permet d’aller provoquer ses congénères sur leurs territoires, ici à l’est de mon immeuble. Il n’y reste pas bien longtemps, et souvent je le vois (depuis la fenêtre) piquer un sprint de cet endroit jusqu’à la porte de mon appartement. Voilà pour mon analyse, et vous vous demandez sûrement pourquoi je vous raconte tout cela ?
Car il y a plus important : Le Tigre a découvert quelque chose de terrible au cours de cette expérience.
Les dangers à surveiller son chat
Tout a commencé un soir de décembre, lorsque je regardais négligemment les relevés de la puce GPS. Le point de la dernière heure, comme souvent, pointait dans ma chambre. Sauf que je n’avais vu Edgar ni dans ma chambre, ni à côté. J’ai eu deux réactions : premièrement, je me suis dit que ce truc est déréglé, et que ça méritait une ristourne.
Deuxièmement, j’ai flippé et attendu le prochain relevé. Entre temps, j’ai fouillé de fond en comble mon modeste logement, et nulle trace du minifauve. Lorsque le GPS s’est mis à jour, le point rouge est apparu à un mètre derrière moi. Je me suis retourné, lentement, transpirant, et ai vu…que dalle. Un fantôme, une cape d’invisibilité, mais qu’avait bien pu faire cet idiot de félin ? J’ai même cru, un instant, qu’il était parvenu à se débarrasser du collier et l’avait subrepticement glissé dans une des poches d’un de mes manteaux.
Après une paire d’heures à me faire des nœuds au cerveau, je suis parvenu à m’endormir. Et la nuit m’a apporté une précieuse indication, en l’espèce un rêve érotique avec la nouvelle voisine du premier étage. Or, le GPS ne donne que des données planes, et ne prend pas en compte la hauteur. Vous suivez ?
Aussi je suis allé voir ladite voisine (qui est laide, mon inconscient a ses propres démons), et j’ai eu confirmation de ce que je craignais : elle était toute contente parce qu’un chat, selon ses termes, l’avait adoptée et lui « rendait visite un soir sur deux en quémandant de la nourriture et en dormant dans mon lit ».
Encore un exemple illustrant que les chats n’ont pas de maîtres. Edgar avait une double vie et passait la moitié de son temps au premier étage. Il y mangeait les mêmes doses de croquettes que chez moi, voilà pourquoi le rationnement que j’avais mis en place ne fonctionnait pas.
Conclusion voyeurissime
Si vous pensez avoir encore lu un article qui ne vous a pas fait avancer d’un poil sur le merveilleux monde des félins, c’est que vous ne les comprendrez jamais.
Pour la quête dont Tigre a parlé, finalement ce ne sera pas nécessaire. J’ai trouvé une manière plus élégante pour me payer : au lieu de vendre au rabais la puce, je la colle sur des chiens que je « trouve » dans la rue et dépose dans un champ en Seine-et-Marne. Une semaine après, une annonce est placardée sur les arbres. Puis j’interviens. C’est dingue comme les gens sont reconnaissants.
Hélas, ça n’a fonctionné que deux fois. Dernièrement, la puce m’a mené aux cuisines d’un célèbre resto thaïlandais de l’est de Paris. Lequel a voulu m’offrir une année de bouffe à l’œil pour que je ferme ma gueule. Je l’ouvrirai un jour. Et vous donnerai, entre autres, une recette à base de chat. Ça a bon goût comme viande d’ailleurs (en lien). Concernent mon amour des félins, skaïz is ze limit.
Rien à voir directement avec cet article, mais cela pourrait être une future manière de ridiculiser ce pauvre matou en le rabaissant au niveau d’un vulgaire David Guetta, le faisant devenir un matou-vu (le félin pas le gars au sourire niais): http://www.suck.uk.com/products/catscratch/
PS: ceci n’est pas une publicité, une personne saine d’esprit n’offrirait jamais ça à son matou.
Ce n’est pas une publicité, et cela reste une bonne idée !
Je propose ceci : je lui fais faire quelques scratchs, le fais faire son show à NYC, lui réserve une chambre classe, avec en prime un petit rendez-vous coquin avec Nafimatou Diallo.
Un vrai guetta-pan !
[pour la musique, je mettrai du Catnip (je crois que c’est Legowelt derrière ce projet), plus moderne que Cat Stevens]
Pas mal le Catnip, mais il y a moins chaste encore avec Dj Assault et Love the Pussy (http://youtu.be/A9twzMQUdbI) ou plus cérébral avec Kat Onoma.
Ça commence devenir un blog musical ici !
J’avais pensé mettre en ligne tous mes mp3, mais c’est trop complexe/risqué et je ne veux point te faire de l’ombre ^^. En même temps, être le quasi seul pèlerin à faire péter des trucs électro improbables est tentant, je dépose de suite « Quand Le Tigre Ecoute ».
Il ne manquera plus que Quand le Tigre regarde pour parfaire la franchise du Tigre.
Mais cela risque de devenir chronophage
Le Tigre en couche ?! Incontinence, perversion autonepiophile ou jeune papa, nos équipes enquêtent.
Pour en savoir plus la piste envisagée est un piégeage du chat (cette pauvre bête déjà victime de multiples expériences n’est plus à une avanie près) avec incorporation nasale d’une micro caméra et d’un micro micro …
Bcp de petits félins ont adopté les manières de leurs bipèdes : ils ont DEUX home-sweet-home. Manière de ne jamais avoir le ventre vide en cas de disette ou de régime imposé. Manière de ne jamais dormir dehors en cas de porte/fenêtre fermée. Manière de ne jamais être seul en cas d’absence prolongée. Manière de vivre au calme en cas d’orage domestique. Et j’en oublie ! Astucieux …
‘xactement Ziggette, ce sont de vrais auvergnats ! Et merci pour les corrections de style en mp, que ferais-je sans vous ? [à part me relire] 🙂