VO : idem. Une Argentine onirique en proie à une incompréhensible démesure, des héroïnes auxquelles s’identifier est difficile, Le Tigre s’est un peu trop vite ennuyé. Les ficelles sont grosses, et la multiplication des protagonistes sur le dernier tiers est très malvenue. En fait, ça ne m’a pas parlé. Du tout.
Il était une fois…
Dora, Susan, Milka (je ne plaisante pas), Beatriz sont quatre potes à la retraite habitant à Berazachussetts et dont les maris sont décédés depuis quelque temps (dont un qui apparaît en spectre). Un beau jour, elles tombent sur une femme obèse, nue et dans le coaltar. Avec ses allures de dead punk, Trash (son nom, oui oui) ne ressemble à pas grand chose. En plus, c’est une zombie qui bouffe les gens. Nos amies, qui l’ignorent, vont passer de chouettes moments.
Critique de Berazachussetts
Ce n’est pas que c’est nul, loin de là sinon Blacha n’aurait sûrement pas gagné ses petits prix en Amérique du Sud. Comme vous connaissez mon attachement aux prix littéraires en général, c’est surtout en ayant découvert un autre titre de ce romancier que je me suis cru permis d’attaquer son œuvre.
C’est à la 100ème page que je me suis dit que ce n’est pas terrible en fin de compte, et vers 150ème que j’ai irrémédiablement perdu pied. Si au début les pérégrinations des cinq nanas tiennent la route et offrent quelques sourires, à partir du moment où Dora sort avec Saavedra (c’est un nom de mec, faut s’y faire) ça part trop vite en sucette. Notamment à cause de trop de protagonistes qui débarquent ici et là (en remplacement du groupe de 4 copines qui implose) dans un maelstrom de grand n’importe quoi presque assumé.
Le style ne m’a pas vraiment impressionné, disons que les mots-valises de l’auteur, ça va bien deux secondes : les lieux, évènements historiques, tout fait référence à la culture américaine (du Sud et du Nord), comme l’explique la traductrice, Hélène Serrano en préface. Je ne reproche d’ailleurs pas à cette dernière d’avoir « pourri » le roman, celui-ci étant déjà bien atteint en VO à mon avis.
Au final, un roman laborieux pour Le Tigre. L’absence de chapitres fut une désagréable surprise tout au long de la lecture. C’est terrible comme impression, de ne pas avancer. Je ne vous conseille donc pas ce titre, sauf…si vous souhaitez le dévorer en espagouin. Faites moi part alors de votre impression.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Cette grosse zombie, ça fait un peu bonne série Z qui envoie du très lourd. Elle se jette sur les gens, leur arrache la tête en moins de deux, bref c’est la fête du village. Cela ressemble même à une sorte de vengeance vis-à-vis des riches de la ville qui font ce qu’ils veulent. Eux aussi, à leurs façons, sont des monstres. Il n’y a qu’à voir les ignobles sessions de viols/chasses que s’offrent certains tout en filmant leurs exploits, ou même l’insolente opulence dont ils font montre devant la plèbe.
L’anarchie qui ne profite qu’aux plus riches, la critique de l’ultralibéralisme qui tend à cannibalisation (au sens figuré), des constantes chez Leandro Blacha ?
Au final, j’ai bien fait d’aller jusqu’à la fin du titre : ça devient certes plus délirant (Perequita, la petite infirme en particulier), mais l’auteur paraît, paradoxalement, apporter une fin qui reste à peu près logique. Enfin c’est selon : [SPOIL] les zombies proviennent d’un cimetière et, à la suite d’un accident nucléaire, certains se sont réveillés et vont taper l’incruste chez les vivants. Mais des problèmes (si j’ai bien compris) de nappes phréatiques, plus une inondation de la catégorie « Déluge » (d’où un certain Noé), transforment le tout en apocalypse de bon aloi. [FIN SPOIL]
…à rapprocher de :
– Du même auteur, Côté cour est infiniment meilleur. Vraiment.
– Avec des zombies, et made in France, il y a le très nerveux Le temps du twist. Pas mal, seulement j’imagine qu’un Argentin aura autant de mal à le lire que moi Berazachussetts.
– Le rapprochement zombie-qui-bouffe-la-chair et élite-qui-exploite-ses-semblables me rappelle certains passages du Livre des vampires (de Sirgent), où il explique les mythes moyenâgeux des seigneurs buveurs de sang.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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