Pourquoi se contenter d’utiliser cinq cents litres d’eau pour une heure d’égoïste plaisir alors qu’on peut en plus dévorer un roman en même temps ? Quel type de bouquins choisir, et surtout comment faire pour ne pas transformer l’objet littéraire en une éponge prête à recueillir vos larmes rageuses ? Voici comment bien prendre son bain en lisant (ou lire en prenant un bain), parce que Le Tigre le vaut bien.
Pourquoi lire dans son bain ?
Le Tigre adore démarrer ses billets par une question que même le plus bas de plafond des journalistes n’oserait poser. Plus la réponse est susceptible d’être aussi spontanée qu’une déclaration d’un joueur de foot après une branlée bien méritée, plus le félin a envie de surprendre. Alors, pourquoi potasser un peu de lecture tout en faisant des bulles malodorantes ?
D’abord, il s’agit ni plus ni moins de gagner du temps. La vie, telle un train lancé à grande vitesse (et qui est parti à l’heure), ne laisse guère le temps de repérer les aiguillages du destin, et encore moins de prendre quelques dizaines de minutes d’affilée pour se faire un bon roman. Tout n’est qu’optimisation face à la donnée temporelle que l’homme moderne tâche de rendre toujours plus incompressible. C’est pourquoi associer à une activité passive (se laver, manger, regarder la télé) la lecture est une marotte tigresque.
Anecdote féline : je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais pendant mes années de prépa je faisais preuve d’une inventivité, question gain de temps, qui forçait le respect de mes professeurs et mettait une pression d’enfer sur mes concamarades – que je salue bien bas au passage. Notamment des feuillets de cours que je scellais sous plastique et placardais dans ma douche. 10 minutes de douche = 5 minutes de lavage + 5 minutes de brossage de dents = 10 minutes à retenir d’absconses formules mathématiques, la liste des premiers ministres japonais depuis 1955 ou encore quelques surprenants idiomatiques teutons.
Ensuite, l’association du bain et de la lecture représente, à mon humble avis, un must de savoir-vivre tant en Occident que dans le pétillant Orient. James Bond, qui est au bon goût ce que Nadine de R. est au bottin mondain, passe environ 3,2% de ses aventures dans un bain avec un open-bar de martinis à sa disposition – de quoi assommer ses conquêtes, car 007 répugne à verser du GHB dans leurs verres.
Plus sérieusement, le combo bain moussant / verre de champ’ / beau livre est la trilogie divine qui règne sur les réseaux sociaux lorsqu’une pétas…blogueuse twiit ou instakilogramme en mode « je-suise-un-esthète-et-me-la-raconte-grave ». Et elle a raison la grognasse, car ça ne va pas durer pour elle.
Enfin, il me semble qu’il faut en profiter un maximum. Utiliser des dizaines de litrons de flotte potable pour quelques minutes d’intense félicité est un luxe indécent, c’est comme arroser sa pelouse entourant sa bicoque sise à Saint-Trop’. Dites vous que, même si vous vous shampouinez après un marathon et pissez deux plombes dans votre eau de bain, celle-ci sera plus potable que ce à quoi ont droit des milliards d’individus en ce moment – rajouter un petit pet foireux ne changera rien à ces tristes chiffres.
Du coup, à l’horizon 2060, quand vous raconterez à vos enfants les bains monstrueux dont vous profitiez, quand vous leur rappellerez le prix du mètre cube, il y a fort à parier qu’ils vous pensent déjà gâteux. C’est un peu comme fumer clope sur clope dans l’avion ou baiser le premier soir sans capote, il s’agit de belles habitudes issues d’un autre âge.
La lecture dans la baignoire, c’est chiant
Je ne vous cache pas que je ne suis guère fana de prendre des bains avec un ouvrage entre les pognes. Ça ne m’a attiré que des emmerdes, maintenant je ne m’octroie que des douches. Trois fois par semaine. Les autres jours, toilette de chat rapidement expédiée.
Primo, le bouquin prend cher. A moins que vous ne régliez la température en-dessous de 30 degré (et auquel cas je ne vois pas l’intérêt de patauger dans la baignoire), les vapeurs d’eau risquent d’endommager sévèrement l’objet de votre attention. Un chapitre lu = trois pages gondolées. Or, rattraper un ouvrage qui a pris l’eau est une gageure (en lien) que je ne souhaite pas à mon pire ennemi.
Deuxio, je ne parle pas de vos petits doigts mouillés qui vont saloper les bords du bouquin. Essayez donc de garder vos mains parfaitement sèches, je ne vous laisse pas deux minutes avant de vouloir vous gratter le nez ou l’entrejambe. Ne me mentez pas : on a tous, après un innocent relâchement des sphincters (en mode gaz hein), eu quelques bulles coincées dans les poils des cul/couilles [rayez la mention inutile]. La petite bulle d’air qui gratouille en se frayant un chemin, trop lentement, vers la sortie. C’est une vraie torture que d’attendre que celle-ci parte, elle s’accroche à la moindre aspérité de notre corps et provoque un impérieux besoin de la chasser manu militari.
Tertio, le confort est presque nul. Soit on ne brise le dos à force de contorsions en vue Soit vous vous laissez glisser tenir en équilibre à moitié allongé le confort limité. Coude relevé, mal calé dans la baignoire, voilà à quoi ressemble une soi-disant séance de chillout dans sa minable baignoire.
Toutefois, si j’étais un peu plus diligent, je pourrais sûrement trouver des artifices pour kiffer un tant soit peu les deux mètres carrés (oui, ça en fait de la place perdue) dont vous ne vous servez complètement qu’une fois par mois.
Comment bien profiter d’un bouquin dans le bain
La première solution, évidente, serait de vider l’eau du bain avant d’entrer dedans…non, je déconne : Tigre pense plutôt à posséder une liseuse étanche. Figurez-vous que j’ai parcouru les magasins de France et de Navarre pour voir ce qu’on me proposait dans ce genre. Et, en 2014 (allons jusqu’à 2015), le résultat est loin d’être fameux. D’une part, en lisant la notice des produits vendus, souvent il était déconseillé de les mettre directement dans l’eau. Ouais, comme une montre qui affiche « 5M », ce qui signifie « pas plus loin que 5 mètres du bord de la plage ». Quelques gouttes ici et là, ça passe. Un jet d’eau, avec parcimonie. Une plongée dans trente centimètres de flotte, et le fabriquant ne répond plus de rien. Pas plus d’une demie-heure dans votre douche (alors que dire d’un bain), honnêtement qui voudrait prendre un tel risque ?
D’autre part, les liseuses sur le marché coûtent le peau du derche, c’est un vrai scandale. A ce prix là, je préfère niquer une dizaine de romans avec le sourire.
Quant à la seconde option consistant à lire des livres en plastique, je vous avoue être plus que sceptique. A part des conneries pour gosses ou la notice d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, vous en connaissez des bouquins entièrement en plastoc ? Ne me répondez pas qu’il suffit de plastifier son objet littéraire préféré comme on faisait avec nos manuels à l’école (mais en s’occupant de TOUTES les pages), j’ai essayé : il est impossible de couvrir convenablement l’intégralité de l’œuvre. L’eau parviendra à s’immiscer dans la moindre faute de raccord de votre ouvrage.
A la rigueur, et pour les plus ingénus, il existe une possibilité d’employer une personne qui lit à votre place. Néanmoins, cette opportunité n’appartient qu’à ceux dont le logis est doté d’une baignoire suffisamment grande. Quant à la configuration à adopter, l’image ci-dessus me semble particulièrement adaptée dans la mesure où votre interlocuteur, outre ses talents de lecteur, pourra prodiguer un bienvenu foot-job qui saurait ravir la gent masculine.
Concluseau (hu hu)
Rester droit dans ses bottes dans un garde-à-vous peu confortable, une liseuse pas forcément waterproof, embaucher un lecteur qui vous déconcentre en vous chatouillant la couille droite (autant, à mon sens, avoir un livre audio), posséder quelques bouquins bas de plafond réalisés en plastique, etc. Les possibilités de lire sans fusiller son livre favori sont bien réduites hélas.
A titre personnel, et je pense que vous l’aurez saisi, lire dans le bain est loin d’être ma marotte. Après des années d’essais infructueux en pétant de trouille d’abimer son précieux bouquin, Le Tigre a découvert les ordinateurs portables. De là, mater un bon film a souverainement remplacé la lecture. Ou alors, simplement écouter de la musique peut être envisagé, et c’est là la différence avec un livre audio : mettre sa tête sous l’eau vous privera d’au moins un paragraphe, et à coup sûr vous perdez le fil de la narration.
Ouais…tout ceci est trop compliqué à mettre en œuvre, contentez vous de vous laver.
Ok. À nouveau, plein accord avec toi. Oh, juste je te propose de compléter avec la précision suivante : le foot job, délicat et habile, peut ravir également les personnes du sexe faible.
Le foot job ? Le sexe faible, c’est bien le mâle ?
C’est un des (rares) inconvénients de la liseuse. Depuis que j’en ai une, je ne lis plus dans le bain… En effet, en cas d’accident, ce ne sont plus simplement 2 ou 3 pages gondolées, mais toute votre bibliothèque qui disparaît. Ça fait réfléchir…
D’ailleurs, je ne prends plus de bains. 🙂
Un seul accessoire indispensable pour jouer, dans son bain, avec tout autre objet que de toilette ou certains sex-toys: une serviette (sèche) à portée de main!
Sans elle adieu livre, pétard ou point de croix…
Mais ce sutra néglige le salon de lecture ultra, le sanctuaire des meilleurs bouquins: les chiottes!
Ahhh, plaisir ultime que la lecture sur trône! Sacre des ouvrages élus qui accèdent aux Lieux!
Un sutra dédié, bientôt?