Sous-titre : et autres contes coquins. VO : Quella sera al collegio femminile. Magnus est un auteur italien que Tigre, hélas, ne connaissait point. Car cet auteur, outre la BD 110 pilules qui l’a popularisé, a produit de fantastiques (dans les deux sens du terme) historiettes qui régaleront l’amateur d’érotisme comme le lecteur désireux de ne pas se prendre la tête.
Il était une fois…
Il s’agit d’un recueil de quatre histoires, d’ailleurs c’est marrant que cette mini intégrale a pour nom le dernier conte qui est sacrément court. Vais vous les résumer vite fait, ça évitera au Tigre de le faire ensuite :
Dix chevaliers pour un magicien : un dragon menace une contrée paisible, et le roi décide d’offrir la main de sa fille au gus qui arrivera à terrasser la vilaine bête. Sauf que c’est plus complexe que prévu…
Minuit de mort : pendant le Moyen-Âge, le seigneur de guerre Hollebheim a commis en Germanie pas mal d’horreurs, surtout contre son ennemi Kurdo qu’il a sauvagement tué (après s’être occupé de sa femme). Au fil des siècles une étrange malédiction frappe les Hollebheim : un noble qui n’est pas sans rappeler Louis II de Bavière (sur le comportement homosexuel pleinement assumé) est tué, et au 20ème siècle ce sera le tour d’un roturier bloqué, avec sa femme, dans le château familial.
Le crâne vivant : Ersilia est sauvée des griffes d’un ours par un seigneur qui baise à couilles rabattues. Mais la grand-mère de la belle est une sorcière et prépare une vengeance contre cet homme qui a placé la jeune femme dans son lupanar personnel. Cependant, à chaque fois qu’Ersilia est sauvée, le pire lui tombe sur la gueule.
L’internat féminin : un vieux pervers sorti d’un asile prend la place d’un docteur destiné à s’occuper d’un internat de jeunes filles. Il y développera sa pleine lubricité avant d’être découvert.
Critique de L’internat féminin
Roberto Raviola, alias Magnus, est un dessinateur italien qui a sévi, en France, lors des années 80 grâce à certaines histoires publiées dans L’Écho des savanes (que Tigre lisait sous sa couette, rappelons le). En préface de ce bouquin l’éditeur nous offre une large biographie de cet artiste, et j’ai appris pas mal de choses notamment le genre Fumetti neri (les « BD noires ») avec lequel Magnus s’est fait connaître. Informations intéressantes qui, s’il le fallait encore, justifient largement la possession d’une telle œuvre peu représentée en France.
Car il ne s’agit, dans ces quatre scénarios, pas vraiment d’érotisme pur jus (cf. infra). Plutôt quelque chose que trouvé amusant (c’est-à-dire pas vulgaire pour un sou), féérique et un tantinet suranné. Frais, en quelque sorte. Le Tigre a senti que Magnus n’a de comptes à rendre à personne, et s’est fait plaisir en administrant quelques scènes osées dans des scénarios qui sont bien construits (bien que parfois surchargés).
Quant au dessin, c’est (aussi) délicieusement vieillot, à base de gros traits et d’un noir et blanc sans demi-teinte aucune. Les mimiques des personnages m’ont régalé, et j’ai cru faire quelques rapprochements avec le style de Carl Banks, qui a notamment illustré Donald et son vieil oncle Picsou (les Italiens sont bons dans ce domaine).
Fin du fin, face par exemple au satyre de l’internat (qui ressemble au vieux des 7 boules de cristal) ou des hommes chevauchant leurs compagnes (plus ou moins légitimes), Tigre a tout de suite pensé à un manga érotique de la fin du 19ème siècle : vous voyez bien, le mec au-dessus de sa courtisane avec son vit qui tente de se faire un chemin vers l’origine du monde ?
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La brutalité des hommes. Dans beaucoup de ces contes coquins, Magnus prête aux mâles dominants (et rutilants) des actes fort vilains. Cela permet de créer quelques planches assez marrantes, mais surtout imaginer toujours plus de péripéties. Notamment dans Le crâne vivant, un des contes les plus longs, qui m’a semblé ne jamais en finir. Chaque fois que l’héroïne est secourue, ça part à nouveau en sucette.
Les malédictions et le fantastique permettent encore plus des situations rocambolesques assez savoureuses, surtout en matière sexuelle : la femme qui doit jouir 10 fois (de façon différente) avec autant d’hommes pour contrecarrer un sort ; l’autre qui fait l’amour, en plein apesanteur, avec le fils de la déesse du vent ; etc.
…à rapprocher de :
– Un autre italien, le fameux Milo Manara, s’est plus concentré dans l’érotisme que le fantastique, hélas avec Le parfum de l’invisible cette dernière partie oblitère l’autre.
– Puisque je parle d’Hokusai et de certaines toiles (pas de lui si j’ai bonne mémoire), un magaka japonais s’est occupé de sa biographie de manière plus que correcte.
Enfin, si votre librairie underground est fermée, vous pouvez trouver ce recueil en ligne ici.
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