Deux amis. Un architecte, un libraire qui ne sert à rien. Deux êtres perdus dans ce nouveau monde qu’est le célibat forcé, deux hommes qui vont ravir le lecteur par leurs aventures. Tout ça dans un Londres ravissant où la culture et l’amour ont pleinement leur place. Quel plaisir. Je plaisante. J’ai beau avoir tout essayé, je n’ai pu dépasser le premier quart. Et je m’en fous.
Il était une fois…
Voici la présentation de l’éditeur, histoire de ricaner un peu :
« Quand deux pères trentenaires réinventent la vie en s’installant sous un même toit, ils s’imposent deux règles, pas de baby-sitter et pas de présence féminine dans la maison… Dans le village français, au cœur de Londres, une histoire d’amitié, des histoires d’amour, les destins croisés des personnages d’une comédie drôle et tendre ».
C’est faux !
Critique de Mes amis Mes amours
Voici le sixième roman du bon Levy, et sans doute (c’est relatif) un de ses pires que j’ai pour l’instant lu. Sans déconner, j’y suis allé avec les meilleures intentions du monde, en me disant que le monsieur musclerait un peu plus son jeu après un début poussif. Que dalle, le cinquième chapitre refermé (soit un quart de cette daube – appelons un chat un chat – littéraire), à peine si les deux papas se sont enfin installés sous le même toit.
Au stade de ma lecture, y’en a un des deux qui rejoins son pote dans la capitale londonienne et, tel un insupportable bobo, reprend une librairie française dans LE quartier le plus chiant de Londres – celui où sévissent les french expatriés. Ils sont divorcés à des degrés plus ou moins traumatisants, et les compères sont sur le point d’emménager ensemble avec leurs gosses respectifs. Je ne sais pas si à partir de là le roman gagne en intérêt, n’hésitez pas à me dire que je me suis lourdement trompé en remisant cette chose dans mon armoire.
Chose éminemment bizarre chez un auteur de cet acabit, j’avoue (non sans honte) avoir été perdu avec les personnages de l’histoire. Car ceux-ci sont aussi vivants que dans un musée de cire parisien (ou londonien, puisque c’est là que se joue le roman), impossible de mettre un visage ou un comportement chez Antoine, Mathias (les deux papas) ou Valentine, Emily et compagnie. Plus d’une fois je me demandais qui était qui, et apprendre au détour d’une ligne que Louis couche avec Antoine ne m’aurait pas plus alerté que cela pendant dix pages – ça devrait pourtant, car l’un est le fiston de l’autre.
Mais, plus important, c’est le style de Levy qui m’a ici dissuadé de continuer. Descriptions attendues et d’une niaiserie rarement atteinte (faites comme moi, essayez de deviner les adjectifs et comparaisons douteuses en fin de phrase, vous toucherez juste une fois sur deux) ; dialogues plus ennuyeux que la messe du dimanche (mais vides de sens) ; name droping (marques des bagnoles, noms de rues, etc.) qui agace plus que ça ne rend l’univers immersif, n’en jetez plus. Et je ne vous parle pas de l’intrigue, qui, si celle-ci existe, se met en place à une allure de sénateur sous bêtabloquants.
Le Tigre, qui a lu de très correctes nullités dans sa modeste carrière, ne vous cache pas que celle-ci n’est pas loin de figurer sur le podium. Un concentré de tout ce qui me déplaît. Et, à moins d’un retournement de situation dont je sais l’écrivain à succès ne pas être capable, finir ces 400 pages aurait relevé des plus vicieuses tortures interdites depuis que l’électricité a été inventée.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Ne comptez pas sur moi pour faire de la philo dans cette partie, il y aura autant de paragraphes que de noms communs au titre du roman :
Mes amis, qu’est-ce donc ? Ton ex-femme te lâche, et plus tu fais des efforts et des mamours, plus cette petite ingrate s’éloigne – c’est un peu normal, faut être réaliste et accepter qu’elle couche ailleurs. Mais, ah ça oui, il n’en est pas de même des amis, toujours prêts à te soutenir et à te donner un nouveau but, à t’offrir l’occasion de te dépasser afin de, en partie, oublier la mère de tes enfants. Du moins ça semblait parti pour. Franchement, ce monde de bisounours m’a empli le bide, à peine cent pages lues j’ai cru être en mesure de vomir de la barbe à papa.
Mes amours, keskecé ? Aucune idée, car je ne suis pas arrivé à ce niveau, mais j’ai cru déceler deux marottes chères à ce bon Marc. Déjà, un des héros est un architecte de talent (du moins il en a l’air), du coup il n’est pas difficile de repérer le clin d’œil à peine appuyé de Levy à ses confrères de la profession. Ensuite, il y a le monde de l’édition, en particulier le noble métier de libraire qui s’installe, avec trois rangées de bouquins en guise de stock, dans soixante mètres carrés où, le lecteur le suppute, se pressera le tout Londres francophone – bande de blaires.
…à rapprocher de :
– Le Tigre est un animal curieux, et a lu quelques Marc Levy pour savoir ce qu’il en est. Du moins quelques uns : Et si c’était vrai…, Où es-tu ?, Sept jours pour une éternité…, etc.
– A tout hasard, j’ai tenté d’imaginer à quoi pourraient ressembler ses prochains romans (en lien ici).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette chose en ligne ici.
Ping : Marc Levy – Et si c’était vrai… | Quand Le Tigre Lit
Marc Levy vient de sortir un nouveau livre: Merci pour ce moment.
Si ce n’est pas véritablement lui il devrait attaquer pour plagiat.
Vivement une chronique chez le Tigre !
Désolé, je passerai mon tour. Rapport qualité/prix qui tend vers zéro, ce sera sans moi.
Ah ! “Réinventer la vie”, un chouette programme ! C’est à partir du moment où on essaie de « croiser les destins » que ça se complique… Pour moi, j’en suis fière, jamais encore lu un seul de ces bouquins…
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Ping : Marc Levy – Sept jours pour une éternité… | Quand Le Tigre Lit