Acheté presque par hasard, et je l’ai (non sans surprise) rapidement dévoré. Une touche de poésie, un peu de musique, quelques litrons de sang, des protagonistes bizarres et quelques péripéties tenant en haleine avant un dénouement réjouissant quoique abrupt. Indéniablement, un auteur à conseiller en général.
Il était une fois…
Mister pensait passer une quinzaine de jours pépère à tapoter son piano face à la vieille clientèle d’un casino à Evian, en plus ça paye bien. Un séjour tranquille. Vraiment ? Hélas quelques meurtres viennent déranger la belle ville endormie, sans compter que le neveu du Président de la République fait partie des victimes. Et oui, les rives du Lac Léman ne sont plus aussi paisibles qu’auparavant, et notre pianiste se retrouve malgré lui au milieu d’une faune aussi impitoyable que cocasse.
Critique du Lac des singes
Le lac des singes fut le premier titre que j’ai lu de la part de cet écrivain français. Lac comme Léman, singes comme la basse nature humaine enfouie en nous tous (c’est presque une insulte envers cette espèce). Et mes souvenirs sont bons. Très bons même, Tigre a été agréablement surpris par cet auteur qui ne semble pas faire les gros titres.
Une série de meurtres s’abat à la frontière de la Suisse, et notre héros jazzman (Mister de son blaze) va être le spectateur, puis l’acteur de l’évolution de l’enquête. Car il sera en proche relation avec du beau linge, que ce soit le commissaire de police du coin (avec qui il écoute d’inquiétants enregistrements de ce qui pourrait être le tueur), le mystérieux taxi ou encore les artistes bigarrés (notamment le magicien) du casino.
Sur fond de changement sociétaux dus à l’apparition des bandits manchots, Marcus Malte est parvenu à retranscrire une atmosphère noire et d’une finesse assez rare chez les auteurs français. Je reproche à ces derniers de faire souvent trop « polar de genre » et exagérément descriptif, or j’ai supporté le style de ce roman de bout en bout.
Écriture agréable, légère, non dénuée de poésie, tout cela au service d’une intrigue bien menée. Même si j’ai cru sentir que la fin a été rapidement expédiée, seulement une fois l’identité du tueur (et d’autres méchants) connue, nul besoin de s’appesantir. Et oui, ça donne furieusement envie de lire les autres de Marcus M. Je vais tenter de rétablir cela
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’auteur doit être féru de musique dans la mesure où le talent et les interventions artistiques de Mister sont magnifiquement réalistes. Il ressort de ces chapitres une ambiance particulière, à mi-chemin entre l’art de vivre à la française et le polar de société d’un Jonquet. En sus, l’alternance entre l’histoire principale et le témoignage oral (en italique) d’un protagoniste apporte une dernière touche presque envoutante.
Cette œuvre est l’occasion de faire dans le dramatique, en particulier les destins brisés à cause de ces casinos. Outre le changement de paradigme qu’entraîne l’arrivée de nouveaux touristes attirés par la roulette et le blackjack, certains « locaux » ont souffert plus que d’autres à cause de ces casinos. Paradoxalement, c’est lorsqu’ils gagnaient le jackpot que tout partait en sucette : imaginez, un ouvrier ou technicien qui touche des sommes astronomiques, ça le dépasse. Il ne sait plus quoi faire et souvent la famille explose. Et ça laisse des traces…
…à rapprocher de :
– De Malte, hélas Le Tigre n’a pas encore lu le reste. Il paraît que Garden of Love est noir à souhait. Quoiqu’il en soit, Les harmoniques fut une délicieuse surprise. Tout comme Carnage, constellation. Quant à La part des chiens (déception)
– Les polars emplis de bonne musique de Jazz ou de whiskies de qualité, c’est aussi la saga de John Rain de Barry Eisler.
– Sinon, sur ce que peut provoquer comme dégâts une bonne fortune chez des gens modestes, il y a le très léger (quoique sur la fin…) La liste de mes envies, du benoît Grégoire Delacourt.
Enfin, si votre librairies est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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