VO : Travesuras de la niña mala. Sûrement le roman le plus marquant, selon Le Tigre bien sûr, de Vargas Llosa. Histoire d’amour fortement contrariée, le lecteur s’apprête à suivre un pauvre gars trop gentil éperdument amoureux d’une mangeuse d’hommes. Ça se lit vite et bien, et les personnages sont tellement improbables qu’on peut même sourire.
Il était une fois…
Début des années 50, Pérou, dans un quartier riche. Le très jeune Ricardo tombe éperdument amoureux de celle qu’on surnomme « la petite Chilienne ». Sa passion débordante ne s’arrêtera jamais, et il poursuivra pendant une bonne partie de sa vie. La trouvera, la reperdra, et ce dans les plus belles villes du monde.
Critique de Tours et détours de la vilaine fille
En une phrase : terrible roman d’amour très bien mené dans d’innombrables lieux de rencontre. L’auteur a écrit quelque chose de dur (le narrateur en prend plein la figure) non sans que le style soit d’une fluidité bienvenue.
La mauvaise fille (la nina mala je crois dans la langue de Mario), c’est la vraie femme fatale : complexe d’infériorité développé pendant l’enfance qui la pousse à aller toujours plus haut, elle ignore superbement le héros qui ressent pour elle quelque chose de trop grand, à la limite de la dévotion. Curieusement, si ce personnage est exagéré, on peut reconnaître dans ce roman la femme insaisissable, inconstante, bref insupportable.
Ses tours et détours, ce sont les nombreuses villes où Lily (son prénom il me semble) va s’installer avec autant de maris pas tous finement choisis. Cinq villes d’ailleurs : Lima d’abord, puis en vrac Tokyo, Londres, Paris, Madrid et Tokyo. Le narrateur la trouvera (parfois par hasard) et tentera de la tirer de situations délicates où elle semble pourtant se complaire. Au delà de ces villes, c’est également des époques différentes qui sont retranscrites plutôt fidèlement.
Le style est rapide, léger et très facile à lire. Si le début semble un peu poussif (la jeunesse du narrateur), le roman prend vite de la vitesse pour notre plus grand plaisir. Plus de 400 pages, ça ne semble pas si long au final.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour vache. En tout cas je le formulerais ainsi. On ne sait pas vraiment si la mauvaise fille éprouve quelque chose pour le narrateur. Le Tigre paraphraserait bien Gainsbourg et son « je t’aime moi non plus » si ce n’est que les reins de Lily, ce n’est pas le héros qui glisse entre ces derniers. Un peu malsaine, n’hésitant pas à s’asservir pour encore plus blesser, d’un égoïsme qui n’a d’égal que sa beauté, la nina mala fait surtout froid dans le dos.
Par conséquent, on plaint le héros qui s’est entiché d’un cas pareil. Le lecteur veut l’aider au début, et applaudit son inusable combativité pour la retrouver et l’aimer encore plus. Ensuite Le Tigre se demande si celui-ci ne serait pas un brin maso, eu égard les saloper méchancetés qu’il subit. Enfin, on peut passer à la frustration en se disant que c’est tout simplement un looser, un antihéros de seconde zone incapable de se poser deux minutes et réfléchir à ce qu’il poursuit comme chimère.
La souffrance dans l’amour comme leitmotiv, heureusement que le narrateur ne s’apitoie pas sur son sort. En effet, en dépit des passages difficiles et de terribles déconvenues, l’optimisme subsiste toujours. La joie de vivre malgré tout, sympathique.
…à rapprocher de :
– Le héros qui poursuit sa quête envers et contre tout et à qui on aimerait bien dire de tourner la page, c’est aussi celui du roman J’étais derrière toi, de Nicolas Fargues. Moins bon bien sûr.
– Sur Llosa, il y a Éloge de la marâtre, plus court et sans doute meilleur.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Ping : Roberto Bolano – Les détectives sauvages | Quand Le Tigre Lit
Ping : Delphine de Vigan – Un soir de décembre | Quand Le Tigre Lit
Ping : Witold Gombrowicz – Ferdydurke | Quand Le Tigre Lit
Ping : Mario Vargas Llosa – Qui a tué Palomino Molero ? | Quand le tigre lit