Citation : « aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste » (Charles Baudelaire, tout simplement). Environ 7 histoires courtes qui se suivent grossièrement, et cherchent à illustrer la condition d’un couple pas comme les autres. Hélas, tout ceci sent mauvais la sueur et le labeur des années 80, la déception est totale face à cette chose pondue par Veyron.
Il était une fois…
Claire Hette-Michard (putain, rien que ce nom aurait dû m’alerter) est une femme d’affaires resplendissante (sauf lorsqu’esquissée de profil) dont le mari est attaché à la fonction de père au foyer – qui, entre deux monologues, cherche un emploi ou tente de tromper son épouse.
[ça va, on ne remarque pas trop quand je n’ai pas grand-chose à dire sur l’ouvrage ?]
Critique d’Executive Woman
Des saynètes de qualité médiocre avec lesquelles nul moyen de savoir où l’auteur veut en venir : cette bande dessinée ne présente strictement aucun intérêt. Sauf que comme je l’ai lue jusqu’à la lie, je me dois d’en parler. Enfin presque : « Cultiver son jardin », septième histoire, qui bascule dans un grand n’importe quoi avec un monologue à l’intention des Américains, n’a été que très partiellement terminée.
Difficile de dire ce que le lecteur va lire, car il s’agit d’un mash-up mal foutu d’historiettes de boulevard où interviennent tour à tour nos deux protagonistes, des collègues de travail, des inconnus de passage ou encore la maîtresse d’école du chiard. Tout n’est pas à jeter, par exemple la gueule des personnages qui tient globalement la route par rapport aux dialogues émis.
Sinon, question dessin, c’est fade. Aucun érotisme (alors que je m’y attendais plus ou moins légitimement), à peine les nanas à oilp suscitant un vague intérêt. A signaler la mise en couleurs d’une certaine Christine Couturier, mais alors de quelles couleurs parle-t-on ? De la palette de couleurs 8 kilobits, à peine 10 teintes (en comptant les primaires) vite oubliées ?
Les images et les dialogues, voilà le diptyque gagnant de ce que je nomme la « malédiction des années 80 », ou la résilience artistique néo-mitterrandienne (sans prise de risque) qui obère toute fantaisie, se contentant de mal parler du quotidien. Comble du mauvais goût, il y a le sempiternel gosse avec une répartie d’adulte, comme si le petit con, dont les parents sont sur le point de divorcer, avait tout compris à la vie. Mais oui.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Il reste toutefois possible de tirer une constante de Executive woman : le quasi mal-être de l’homme qui ne travaille pas, cantonné dans un rôle qu’il n’arrive ni à définir, ni à correctement remplir. Face à cette symbolique émasculation, l’époux continue à se comporter comme le dernier des salauds, espérant ainsi qu’une de ses couilles pousse plus vite que celles de son épouse. Le plus triste restant son incapacité à être un père aimé, l’enfant préférant visiblement sa maman.
Ce qui m’a surpris est la misogynie ambiante qui fait dire, par exemple, que gagner moins que sa femme vous octroie le statut d’untermensch de troisième zone. En fait, n’étant guère habitué aux œuvres de Martin Veyron, je ne sais pas dans quelle mesure il condamne (ou adhère) les comportements des individus décrits. D’un côté, l’auteur a l’air assez connu et drôle dans son genre, y’a moyen que ce soit du gros second degré qui tâche. Mais de l’autre, lorsque l’Echo des Savanes participe à ce genre d’édition, je me méfie un peu plus que d’habitude.
En fait, sans doute que cet objet graphique non identifié est l’équivalent des blagues potaches nullissimes de certains comiques du XXIème siècle et illustrées à la va-vite : quelque chose de passable à un moment bien déterminé, acceptable pendant un intervalle extrêmement court, puis destiné ensuite à allumer le feu de cheminée d’une maison de campagne.
…à rapprocher de :
– Ce genre de bouses publiées pendant que je ne savais pas encore lire (heureusement pour eux) me rappelle, non sans effroi, la BD Tous les chemins mènent au rhum, de Collaro. Dans tous les cas, y’a strictement rien à en tirer.
Tout n’est pas a jeter dans L’Echo des Savanes, mais il faut bien admettre qu’ils ont regulierement eu au catalogue des BD dont le scenario franchement faible etait a peine compense par des filles peu vetues. Ca faisait scandale dans les annees 70/80 chez les adeptes de Boule Et Bill et de Tintin mais aujourd’hui, apres 40 ans qu’on nous fait le coup, ca vieillit et ca n’a plus aucune saveur… On a plus l’impression de s’etre fait couillone.
Bon par contre, je n’ai pas compris ce que venais foutre le neo-mitterandisme ici, et encore moins en quoi il est « neo » pour une BD publiee sous son premier septennat.
Pardon de répondre si tard cher ami. Le néo-mitterandisme est un terme qui sonne bien, et ici ça correspond à une forme de liberté artistique qui se contente de médiocre, un truc typiquement français invendable ailleurs et qui ne dépasse pas 1 an d’espérance de vie – me demande encore comment ai pu me procurer cette BD.
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