Une autobiographie assez récente sur un personnage exceptionnel de la police, voilà qui manquait à la bibliothèque du Tigre. Instructif sans être flamboyant, on est très loin d’un polar. Le quotidien policier vu de l’intérieur est bien rendu, entre précision et amour du métier. Pour l’impétrant aux métiers de la justice et de la sécurité : à lire, tout simplement.
De quoi parle Flic, tout simplement, et comment ?
D’abord, pourquoi avoir lu un tel essai d’ailleurs ? Lassen Sie mich erklären : Le Tigre adore passer toute sorte de concours, dont celui de commissaire (je n’en dirai pas plus). Or une fois admissible il y a des oraux, et le président du jury n’est autre que Mme Monteil. Alors tant qu’à être en mesure de glisser de subliminales remarques pendant un oral, c’est bon à prendre.
Ensuite, qui est donc Martine ? Une des premières femmes ayant réussi le concours de commissaire de police, à diriger des brigades souvent réservées aux hommes (stups, mœurs, BRB en particulier), puis préfet de la zone de défense de Paris. Parcours quasiment parfait d’une femme déterminée et forcément talentueuse dans son domaine.
Ainsi, la « super flic », exposant rapidement les raisons de son entrée dans le corps de commandement de la police, poursuivra par sa brillante évolution dans le métier et les nombreuses affaires qu’elle et son équipe ont eu à affronter. Solitude, solidarité, mais aussi guerre entre services, tout cela colle assez bien avec l’idée qu’on pourrait légitimement avoir du métier.
Enfin, le style. Que j’ai trouvé assez impersonnel et fort poussé sur la description. On sent aisément que dame Monteil est peu à l’aise dans le rôle d’écrivain. Disons que ses proches ont du, à plusieurs reprises, lui conseiller de sortir une autobiographie. Et ceux-ci ont eu raison, parce que derrière une modestie non calculée il est plaisant de lire un essai sur un monde viril et souvent brutal écrit par une femme intelligente.
De bons moments de lecture donc, avec de temps à autre une « touche » humaine bienvenue (même si l’ensemble est plutôt froid) chez un corps de fonctionnaires souvent mal considéré par la population. Car au-delà des affaires policières racontées, le lecteur apprendra quelques techniques managériales en milieu policier très utiles.
Ce que Le Tigre a retenu
Le dur métier de flic. On ne peut imaginer les horreurs qu’un policier peut rencontrer. Dans notre cas, il y a un tueur en série, des cadavres putrescents un peu partout (soit on fume comme un pompier autour du corps, soit un mouchoir parfumé sous le pif pour écarter l’odeur), l’accident de Lady Diana, mais surtout l’attentat du RER de 1995. Et là c’est un peu duraille ce qu’a vécu l’auteur, qui était aux premières loges.
Ce qui m’a également frappé, ce sont les grands de ce monde (du moins les gens très aisés) qui se font plaisir ici et là. Ayant œuvré aux stups et aux mœurs, la commissaire a rencontré des individus pas comme les autres (Le Tigre pense à Sagan). Stars prises dans un coup de filet anti drogues ; ou femmes de la haute demandant à ce que leurs noms n’apparaissent pas lors de perquisitions dans de riches lieux échangistes (leur mari ne doit pas savoir qu’elles se livrent à des « heures sup »). L’auteur garde la tête froide et jamais ne se laisse impressionner par ces extraordinaires configurations.
…à rapprocher de :
– Un autre témoignage d’un métier à risque, on pense de suite à Pierre Martinet et son DGSE Service action : un Agent sort de l’ombre. Sauf que Pierrot a pris bien plus de risques à l’écrire.
– Sur la BRB, un essai graphique se doit d’être lu : Enquêtes générales, de Pellicer & Titwane.
– Métier méconnu mais qui vaut le détour dans un essai, ce sont les Chroniques d’un médecin légiste, de Sapanet.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet essai via Amazon ici.
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