VO : idem. Les récents mangas de qualité et courts (idéalement en « one shot ») sont assez rares. Kakizaki a tenté avec un beau petit pavé de 200 pages, et a plutôt bien réussi son coup : noir à souhait, varié, souvent prévisible hélas, il n’empêche que pour un format de poche il n’y a pas de quoi crier au scandale. Investissement rentable donc, mais à ne pas mettre dans toutes les mains (en particulier les plus jeunes).
Il était une fois…
Un jeune couple avait de quoi être heureux. Ayant un petit garçon, le père est écrivain sur une pente ascendante, la femme est à peu près heureuse. Hélas des difficultés apparaissent, jusqu’au drame par excellence. A partir de là le couple vacille, et pour le mari profondément atteint il n’y a pas d’autres options que de tuer sa femme…
Critique de Hideout
Un sujet rarement traité, hélas l’ensemble du roman reste assez décevant. Le Tigre parle bien ici de roman : couverture, nombre de pages, qualité de la narration et du dessin, tout concourt à avoir l’impression de tenir en main plus qu’un manga. Mais l’histoire reste un peu prévisible, surtout la fin qui laisse un peu sur sa faim.
L’histoire est simple, à savoir un homme qui vient progressivement dingue de douleur. L’introduction du scénario, sous forme de pseudo journal intime de la part du fou en devenir, est bien pensée et la présence de nombreux flashbacks constituant la trame reste correctement gérée.
Ouvrage typique du manga sombre et glauque, ce sera une petite pépite pour certains, un énième ouvrage d’épouvante pour d’autres (qui en ont déjà vu).
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le désespoir sous toutes ses formes. C’est la descente aux enfers d’un homme, d’une famille qui est montrée : monde professionnel, personnel, tout part en sucette et se brise sans espoir de rémission. Ambiance très noire, l’auteur ici rajoute quelques couches : la belle famille du mari qui le rejette, la femme qui le méprise, le tournant psychotique progressif du narrateur arrive tout naturellement.
Hideout renoue avec le roman d’épouvante, ce qui n’est pas aisé pour un illustré nippon (dixit Mr. Manatane). Pour l’auteur qui veut faire trembler son monde, il convient de mettre en valeur des peurs que je qualifierai de « primaires » : peur du noir, peur de la difformité (si si, imaginez un enfant avec des yeux globuleux et un sourire édenté béat). Suggérer au lieu de montrer tout immédiatement, monter progressivement en puissance, c’est un art qu’on peut dire noble. Kakizaki, avec un dessin en noir et blanc en bonne harmonie avec un texte assez sobre, se permet même de rajouter une peur : celle de tout père de voir son enfant en bas âge partir avant lui.
…à rapprocher de :
– Dans l’épouvante avec en sus une telle perte, on n’est pas loin de Simetierre, de Stephen King.
– Les personnages et leur représentation dans cette œuvre (notamment la femme qui devient assez difficile à vivre) ne sont pas sans rappeler Monster, série de 18 mangas.
– Du très sombre et dérangeant, mais en VF, il y a Baron samedi, de Dog Baker. Un must.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce manga sur Amazon ici.
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