Premier polar de G. Dantec, une grande découverte qui m’a permis de lire d’autre œuvres plus polémiques de cet auteur si original. Road movie européen avec un jeune roublard et une petite fille traquée par des tueurs, violence et poursuites au menu. Long mais sans réels temps morts.
Il était une fois…
La sirène rouge, c’est Alice, 12 ans, dont la maman produit de temps à autre des snuff movies. La jeune fille, n’écoutant que son courage, va balancer sa mère aux flics (à Amsterdam). Mise sous protection des policiers, elle va quand même se carapater et se cacher dans la voiture d’Hugo Toorop, personnage qui a tout d’un mercenaire. Ce dernier acceptera d’aider la petite en l’amenant au Portugal où vivrait le père d’Alice, supposé mort et néanmoins qui lui envoie des lettres. La traque commence pour nos deux protagonistes.
Critique de La sirène rouge
Ce titre, Le Tigre l’a lu étant jeune et n’a point été déçu. Je ne sais s’il en serait différemment aujourd’hui, en tout cas pour celui qui veut se faire une cure de Maurice G.D., commencer par La sirène rouge semble nécessaire : on peut mesurer l’évolution de l’auteur (du policier au cyberpunk) et se familiariser avec Toorop (érateur ?), le héros qui reviendra par la suite.
Hugo Toorop, parlons-en. Jeune homme vigoureux qui s’est battu dans les Balkans et fait partie d’un club d’individus luttant contre les totalitarismes, n’hésitant pas à utiliser des drogues pour rester des jours éveillés, excessivement prudent (ça confine à la paranoïa),… Vous l’aurez reconnu, c’est un peu l’image que le père Dantec aime à présenter de lui-même.
Sur le style, on se surprend à lire assez vite les 600 pages. Chapitrage court, police d’écriture loin d’être petite, scènes d’action (et de réflexion) qui passent bien, on oublierait presque que c’est un auteur francophone qui a écrit ce polar. Le phrasé reste sec et compréhensible, très différent de ce qu’écrit Momo dans les romans qui suivent.
Quant au final, celui-ci vaut à lui seul la lecture du roman. Thriller bien sympathique, premier excellent contact avec cet auteur. Même si je préfère ses envolées plus lyrico-philosophiques qu’on découvre dans Grande Jonction ou Artefact (histoire de justifier la note). A ce titre Le Tigre prévient : Dantec, c’est comme le schweeps : on adore ou on déteste. Et il ne faut pas rester sur la première impression…
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le road movie à l’européenne. Point commun avec Kerouac, ce sont les drogues prises par le héros pour tenir des jours sans sommeil et trimbaler Alice de Paris au Portugal. Et ce dans l’espoir de trouver un père dont on ne sait ce qu’il est devenu. Qui dit road movie dit motels d’autoroutes (où ont lieu de terribles fusillades), stations services pour grailler quelques calories, tout cela sous le sceau de la crainte d’être découvert. Téléphones, cartes de crédit, « urban war », Toorop reprend vite ses réflexes de mercenaire invisible.
La « malédiction Dantec ». Pas vraiment un thème abordé dans l’œuvre, mais c’est plus fort que moi. Je m’explique. Ce titre a fait l’objet d’une adaptation cinématographique au titre éponyme. Et ce film est un désastre. Pensez-vous que ça refroidirait Dantec ? Pensez-vous ! Il récidive avec Babylon A.D. Belle affiche, bons acteurs (et encore…), mais encore quelque chose de honteux. Alors soit ses romans ne sont pas adaptables au grand écran, soit Kasowitz s’est (comme souvent hélas) copieusement foiré sur Babylon.
…à rapprocher de :
– La suite (pas vraiment les mêmes protagonistes, et on est dans un futur proche), Les Racines du mal, fait de plus en plus la part belle à l’anticipation sociale et la philosophie.
– Même auteur, même plaisir, hélas même merde au cinéma : Babylon Babies.
– Dantec a produit une autre saga qui a plus d’envergure : Liber Mundi : Villa Vortex, Metacotex, et un dernier dont j’ai oublié le nom.
– Snuff, de Palahniuk. Titre certes à la base de l’intrigue de la Sirène rouge, mais rien à voir. Du tout.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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