VO : Identity Crisis. Bel ouvrage de qualité (le fond comme la forme) publié par Urban Comics, le sentiment est toutefois mitigé : si l’histoire est réellement prenante comme un pétillant polar, le nombre de protagonistes et leur environnement s’adressent aux fins connaisseurs de la Ligue de Justice. Ce dont Le Tigre n’est pas.
Il était une fois…
Tout va pour le pire dans la Ligue de Justice de l’Amérique (la JLA, pour les intimes). Sue Dibny, la sympathique épouse d’Extensiman, vient d’être assassinée. Comment le meurtrier a-t-il pu passer la bonne douzaine de barrières de sécurité provenant d’autant d’univers qu’imaginées par les plus solides héros de notre monde ? Chacun y va de sa petite enquête, et les super-vilains sont, chacun leurs tours, mis hors de cause. Et si ce crime, qui a choqué tout le monde, n’est que le début d’autres exactions ? Et si, pire que tout, les recherches de nos héros vont les amener à débusquer quelques squelettes dans leurs placards qu’on imagine bien rangés ?
Critique de Justice League : Crise d’identité
Comics que j’ai acquis parce que le Batman est forcément dans le lot, cet ouvrage constitue un one-shot aussi plaisant à parcourir qu’un bon roman policier. Chapeau bas à Brad Meltzer qui a été capable d’imaginer quelque chose d’abordable (quoique…) et plutôt prenant.
La JLA, ce sont quelques super-héros de DC Comics qui se sont regroupés au sein d’une ligue pour mieux efficacement combattre les criminels qui, comme eux, font péter paillettes et autres items fantastiques. Leur tâche prend une tournure plus personnelle lorsque ce sont les proches (famille, épouses) qui sont la cible d’on ne sait qui. Parallèlement, quelques révélations assombrissent le ciel de nos protagonistes lorsqu’ils se remémorent la manière dont parfois ils ont pu traiter quelques vilains.
Cependant, apprécier le scénario dans son ensemble nécessite la mobilisation d’insondables connaissances sur le passé et l’historiographie générale des membres de la JLA. Alors à part Bruce Wayne et Dick Grayson (Robin), voire Green Harrow (et pas Lantern), Le Tigre a survolé quelques passages sans comprendre toute la finesse des références. En outre, les quarante dernières pages reproduisent trois anciens chapitres qui fleurent bon les années 70 et que j’ai rapidement zappés.
Sur le dessin, c’est moderne et plus que correct. La planche de l’enterrement de Sue, notamment, est une pure pépite. Couleurs vives et dessin des visages intéressant (le Chevalier noir qui a peur, Extensiman qui tantôt se décompose ou tantôt est dans une belle colère,…), il faut enfin saluer les monologues de chacun, reconnaissables à des bulles dont la coloration correspond à chaque héros.
Pour conclure, une valeur sûre qui a l’intelligence de présenter nos surhommes sous un nouveau jour, même s’il faut savoir de qui on parle avant d’ouvrir les premières pages. Comme souvent chez Urban Comics, il convient de signaler les bonus après l’histoire : pedigree de chacun, inspirations (acteurs particulièrement) quant aux dessins des héros, remarques sur les thèmes abordés (cf. partie suivante).
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La mort. Crise d’identité fait la part belle à la mort. Chacun a son rapport aux funérailles, comme le taciturne Bruce Wayne qui préfère enquêter plutôt qu’assister à l’enterrement. Avec les décès de certains proches de nos membres émérites, on commence à comprendre la connerie sous-jacente à dévoiler son identité. Crise, donc, lorsque l’identité d’un héros est connue et que des individus mal lunés souhaitent taper là où ça fait mal. Mettre KO debout une personne difficilement atteignable, tout groupe criminel (mafias, gangs, etc.) connaît la parade. Mais surtout mort de certains idéaux qui caractérisent, fort légitimement pourtant, l’appartenance au groupe qu’est la Ligue.
En effet, la crise d’identité à proprement parler concerne avant tout quelques comportement passablement répréhensibles de nos amis. Tigre va éviter de spoiler, disons qu’une héroïne aux pouvoirs surprenants va s’amuser à baiser le cerveau d’un des méchants, une forme de « lobomotisation » relativement dégueulasse. [attention SPOIL finalement]. Forcément un des membres la prend en flag’, et là il est décidé par les autres sur place d’aller encore plus loin dans la déconne en faisant de même pour l’inopportun (rien de méchant, juste supprimer 10 minutes de souvenir). La cerise sur le gâteau, évidemment, sera la découverte du meurtrier, qui n’a rien de méchant au premier abord. [Fin SPOIL].
…à rapprocher de :
– L’autre comics (pour l’instant) sur la LJA sur ce blog est L’autre Terre. Passable, ici nos héros rencontrent leurs doubles maléfiques.
– Sur un héros en plein doute, dont l’univers est superbement repensé, Le Tigre peut vous conseiller All-Star Superman, de Grant Morrison.
– Le Robin (qui est le troisième, si me trompe pas) perd « enfin » ses vieux, ce qui le met au niveau de Batman et Nightwing. Champagne ! Pour en savoir plus sur les différents Robins, Un deuil dans la famille a bien aidé Le Tigre.
– Question Batman, l’univers de Terre-Un est superbement repris par Johns & Frank dans Batman : Terre-Un (premier tome ici).
Enfin, si votre librairie à comics est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
Ping : Morrison & Quitely – All-Star Superman | Quand Le Tigre Lit
Ping : Morrison & Quitely – Justice League : L’autre Terre | Quand Le Tigre Lit
Ping : Johns & Frank – Batman : Terre-Un, Tome 1 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Starlin & Aparo – Batman : Un deuil dans la famille | Quand Le Tigre Lit