Divers textes de qualités inégales, du plus basique à l’enchantement qui laisse sur le cul, le tout avec une charge autobiographique évidente. Chroniques délivrées par une personne aimant les mots attentive à ce qui l’entoure, ces errances sont plaisantes mais passables concernant un style souvent basique.
De quoi parle Errances, et comment ?
D’abord, qui est ce bon Michel Maruenda ? La photo du quatrième de couv’ montre un homme à l’allure sympathique, la soixantaine bien portante et le regard serein vers un soleil encore haut placé dans le ciel azur vierge de toute trace de l’Homme si ce n’est quelques traînées d’oiseaux orgueilleux défiant la gravité (voilà, je me mets à imiter son style). Plus sérieusement, Mich’ est un grand-père épanoui après une longue carrière (poste à l’international compris) dans une grosse boîte de l’énergie qui a une tour à la Défense – si ça peut vous aider.
Il ne s’agit pas vraiment d’un essai, plutôt de menues réflexions agrémentées de passages plus « littéraires » sur différents sujets ainsi classés : actualités (au travers un prisme parfois décalé), monde du travail (réaliste sur sa dureté, voire cynique ), petits textes épars (sorte de fourre-tout), rêveries (les jeux de mots y abondent), enfin un peu de moi. D’ailleurs, cette dernière catégorie, nettement plus personnelle, laisse entrevoir énormément du personnage, ce qui peut gêner le lecteur qui ne s’attendait guère à autant d’intimité et pourrait se sentir mal à l’aise – disons que les amis et la famille semblent plutôt les légitimes récipiendaires de tels paragraphes.
En fin de compte, ces cinquante chroniques, commencées vers 2009 pour se terminer cinq années plus tard, sont autant de témoignages privilégiés d’un nouveau siècle appréhendé par une personne alerte qui voit bien quand le monde marche sur la tête (des difficultés quotidiennes à la politique mondiale), mais sait être attentive à la beauté environnante quand celle-ci se présente. Il en ressort un mélange de bon sens et d’amertume mâtinée d’une certaine poésie qui, de mon côté, est hélas gâchée par des comparaisons et tournures de styles triviales et attendues. Maruenda tente de se lâcher, néanmoins il manque cette petite (en l’espèce, plutôt conséquente ici) dose supplémentaire d’imagination – sûrement l’aspect autobiographique de sa production littéraire qui l’en empêche.
Plus généralement, Le Tigre aurait pris davantage plaisir à suivre les pérégrinations intellectuels de l’auteur dans un cadre plus chronologique (des encarts dans un journal, un blog) plutôt que tout devoir avaler de la sorte. En effet, le dernier tiers en lassera plus d’un (si ce n’est avant), et pas sûr qu’en remisant Errances dans un coin pour mieux le reprendre plus tard, celui-ci prenne définitivement la poussière. Le fond est louable, hélas la forme n’est guère logique.
Ce que Le Tigre a retenu
Je suis ressorti de cet ouvrage avec un sentiment mitigé. D’une part, il y a le Michel directeur d’une grosse boîte, un mec qui semble avoir professionnellement réussi en bossant comme un âne 50 heures par semaine au moins. Un monde dont il parle peu, et lorsque c’est le cas la violence capitalistique est reine, il en est même victime en fin de carrière. D’autre part, le contraste est réel avec des passages rêveurs qui dénotent une jeunesse d’esprit, celle-là même que le félin souhaite garder afin d’éviter, notamment, de devenir un vieux con. Ces menus textes, bien que gentillets, sont susceptibles de remettre du baume au cœur en se disant que la douceur humaine n’est pas encore morte.
Au milieu de tout ceci, quelques remarques sont plus ou moins bien amenées sur des détails de la vie de tous les jours, parsemées de réflexions linguistiques et partages d’expériences d’un cadre qui est monté très haut – assez pour envisager une activité de coaching. Car Michel M. a les outils pour conseiller ses semblables et montrer qu’il est possible de faire la part des choses et oser être heureux. Certes sa retraite comblée le place dans une position confortable, mais quelques réflexes quotidiens qu’il décrit paraissent constituer de quoi mener une vie équilibrée telle qu’on aimerait tous l’avoir – se lever tôt ou avoir une vie familiale complète, ce qui passe par avoir des enfants. Chacun est susceptible de relever ici et là de quoi améliorer l’ordinaire.
…à rapprocher de :
Désolé, mais pour l’instant je ne vois rien. Sûrement en raison de l’aspect nettement personnel d’un tel recueil.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet essai en ligne ici.